Quatre dialogues sur la peinture/Texte entier

Traduction par Léo Rouanet.
Librairie Honoré Champion (p. 1-239).

QUATRE DIALOGUES

SUR

LA PEINTURE


DE


FRANCISCO DE HOLLANDA

PORTUGAIS


Mis en français
par Léo ROUANET


Portrait de Michel-Ange et frontispice d’après les dessins originaux de Francisco de Hollanda.



H.C



PARIS
LIBRAIRIE HONORÉ CHAMPION, ÉDITEUR
5, QUAI MALAQUAIS, 5

MCMXI

IL A ÉTÉ TIRÉ DE LA PRÉSENTE ÉDITION :

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QUATRE
DIALOGUES SUR LA PEINTURE
DU MÊME AUTEUR

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QUATRE DIALOGUES SUR LA PEINTURE


DE


FRANCISCO DE HOLLANDA


PORTUGAIS


Mis en français par Léo Rouanet


Portrait de Michel-Ange et frontispice d’après les dessins originaux de Francisco de Hollanda.



H.C



Paris


Librairie Honoré Champion, éditeur


5, quai de Malaquais, 5


MCMXI


À
Élémir BOURGES

À
Armand POINT


FRANCISCO DE HOLLANDA


ET LES

DIALOGUES SUR LA PEINTURE


C’est par des poèmes d’architecture que le Portugal, près d’un siècle avant la publication des Lusiades, se mit à célébrer la gloire de ses découvertes d’outre-mer.

Par delà l’horizon, par delà les océans, tous les esprits étaient tendus vers ces terres quasi-fabuleuses d’où revinrent hier, d’où reviendraient demain les caravelles. À Lisbonne, il n’était de regards que pour les vaisseaux au mouillage ; on n’entendait sur les bords de la baie que termes nautiques et récits merveilleux ; les imaginations frémissaient de fièvre et d’espoir. Du plus grand au plus humble chacun n’avait qu’une pensée, et ce fut cette pensée, cette ambition d’héroïques aventures, que les architectes cherchèrent à perpétuer sur les pierres des monuments.

À ce peuple de navigateurs ils parlèrent par images empruntées à la navigation.

Surmontées de la sphère armillaire, les colonnes se tordirent comme des câbles ; les pinacles pointèrent comme des mâts ; les agrès des navires se contournèrent en entrelacs aux façades des édifices, s’appliquèrent aux voûtes en nervures. Et, mises en valeur par le prestige de l’art, ces images, banales à force d’être familières, étonnaient maintenant par leur originalité, par leur signification inattendue. Bientôt les compagnons de Gama apportèrent de l’Inde des éléments nouveaux d’ornementation. Les échauguettes de la tour de Belem ont dû se refléter dans les eaux du Gange bien avant de se mirer dans celles du Tage ; tel portique des capellas imperfeitas, à Batalha, semble avoir servi de cadre aux pages d’un calligraphe hindoustani ou persan.

De ces éléments exotiques, alliés aux symboles de l’activité maritime, un style était né, voisin encore que tout à fait distinct du plateresque espagnol, style de transition, mais éminemment national, et dont l’élégance quelque peu redondante sut exprimer à merveille l’âme portugaise de ce temps.

C’est sous le règne d’Emmanuel le Fortuné (1495-1521) que ce style acquit toute la perfection dont il était susceptible, aussi l’a-t-on appelé style manuelin. L’église de Belem en est le type le plus caractérisé. Elle fut construite, au retour de Vasco de Gama (1499), sur l’emplacement d’un modeste ermitage où les explorateurs avaient passé en prières la veillée qui précéda leur départ. Des monuments analogues ne tardèrent pas à s’élever de divers côtés en Portugal. Mais la destinée du style manuelin devait être aussi éphémère que brillante ; une nouvelle formule d’art, celle de la Renaissance, était déjà en honneur lorsqu’on termina, en 1551, les travaux de Belem.

Le règne d’Emmanuel se signale donc par une période d’effervescence artistique d’autant plus féconde qu’elle fut de courte durée.

Comme il advint souvent en ces provinces lointaines où les hommes de talent n’étaient qu’en petit nombre, on fit appel à des artistes étrangers ; peut-être aussi vinrent-ils d’eux-mêmes, se promettant gloire et profit. C’étaient tous gens du Nord, car le Portugal, où les influences italiennes n’avaient guère pénétré, restait fidèle à la tradition flamande. Aux ornemanistes et imagiers des peintres se joignirent, supposant bien que, les églises une fois bâties, leur habileté trouverait à s’employer.

De ce groupe faisait sans doute partie un certain Antoine, miniaturiste ou enlumineur, dont le nom patronymique ne nous a pas été conservé, mais que ses contemporains, suivant un usage fréquent, appelèrent du nom de son pays d’origine Antonio de Hollanda. La date de son arrivée est incertaine. Nous savons toutefois que son fils Francisco avait de vingt à vingt et un ans en 1538 et qu’il était né en Portugal ; on peut donc affirmer qu’Antonio y résidait vers 1517 ou 1518.

La fortune lui fut favorable, et tout prouve la faveur dont il jouit sous plusieurs rois. Il enlumine un livre d’heures pour la veuve de Jean II, Éléonore de Bragance. Emmanuel le nomme son héraut d’armes et lui commande la peinture de missels et d’antiphonaires. Jean III, pour lequel il avait, entre autres travaux, fait le dessin d’un sceptre, lui assure en 1527 une pension annuelle de 10.000 réis. Charles Quint le mande à Tolède pour qu’il peigne son portrait, et déclare quelques années plus tard préférer ledit portrait à un de ceux qu’avait fait de lui Titien. Mais c’est en vain que l’empereur cherche par ses promesses à retenir Antonio auprès de lui ; l’enlumineur aime mieux finir ses jours, fût-ce plus modestement, dans sa patrie d’élection.

On le retrouve, en effet, à Évora, occupé entre 1534 et 1539 à historier des livres de chœur pour le monastère de Thomar. La lettre de son fils à Michel-Ange, que nous donnons plus loin, atteste qu’il vivait encore en 1553.

Né en 1517 ou 1518, Francisco de Hollanda dut commencer de bonne heure son éducation artistique. Il apprit, sous la direction de son père, à dessiner, à enluminer et à modeler en argile. À l’âge où les apprentis en sont encore à leurs premiers tâtonnements, il peignait sur vélin des compositions importantes[1], et se vantait même d’avoir découvert un procédé nouveau dont l’idée lui fut suggérée, peut-on croire, par les gravures en criblé.

Sa jeunesse se passa à la cour, auprès des princes royaux, fils d’Emmanuel et frères de Jean III alors régnant. Il est d’abord attaché à la maison de l’infant Dom Fernando, lequel avait réuni une bibliothèque d’œuvres de choix, tant manuscrites qu’imprimées, et s’intéressait particulièrement à l’étude de la généalogie et de l’histoire. Plus tard, il va en qualité de valet de chambre rejoindre à Évora l’infant Dom Affonso, évêque de cette ville. Ce tout jeune prélat, érudit et humaniste, partageait son temps entre ses devoirs religieux et son amour des lettres et sciences. Il s’était entouré d’hommes éminents, mathématiciens, hellénistes, poètes, dont le plus célèbre, le dominicain André de Resende, avait été son précepteur. Le goût de toute culture intellectuelle était si développé à Évora qu’une Académie y fut fondée. Sur les bancs de la petite université ouverte dans une salle de son palais, l’évêque lui-même venait s’asseoir. Dans sa maison de campagne de Valverde il recueillait, comme en un musée, les inscriptions romaines nombreuses en ces parages.

On imagine avec quel enthousiasme Francisco de Hollanda, élevé dans ce milieu d’érudition et de discipline littéraire, sentit s’éveiller les facultés de son esprit. Sa curiosité juvénile eut ce bonheur, rare dans un pays voué à l’action et au négoce, de trouver à portée des livres à lire, des savants à interroger. C’est par une grâce spéciale que, au fond de ce petit Portugal perdu à l’extrémité de l’Europe, le grand souffle de la Renaissance put pénétrer jusqu’à lui. Il devint bon latiniste ; probablement même apprit-il un peu de grec[2]. J’aime à croire que son principal éducateur fut cet André de Resende qui écrivit des poésies latines, des traités de grammaire, et qui recensa les monuments antiques de la Lusitanie[3]. Ces monuments, il lui enseigna à les reconstituer par la pensée, à en aimer la simplicité, la noblesse, la symétrie, à en déchiffrer les inscriptions.

Bien des fois, dans Évora même, le maître et l’élève, non sans quelque dédain pour la vieille cathédrale gothique, ont dû, au sortir du palais épiscopal, s’arrêter devant le temple de Diane, en faire le tour pour admirer l’élégance de ses proportions, la grâce de ses colonnes corinthiennes. Et, dans les rêves de l’enfant, comme autrefois dans ceux des Barbares, Rome se dressait sacrée et redoutable, métropole de toute civilisation, source de tous les arts, magnifiée moins encore par les fastes de son Église que par ses souvenirs païens.

Comment n’aurait-il pas eu l’ambition d’en contempler un jour les merveilles ?

Mais le moyen d’entreprendre sans ressources assurées un tel voyage, long et dispendieux ? Il eût fallu, pour se le permettre, obtenir du roi son agrément, et, qui plus est, un viatique. C’est à quoi s’employa l’infant Dom Luiz, d’accord, je suppose, avec son frère Dom Affonso et la petite cour d’Évora. On fit valoir que, jeune, lettré délicat, déjà expérimenté dans le dessin et la peinture, Francisco saurait mieux que tout autre étudier en Italie, pour les divulguer à son retour, les règles de l’art antique et les théories nouvelles, dont on n’avait en Portugal qu’une connaissance des plus vagues.

Jean III se laissa convaincre, et c’est à titre d’envoyé officiel, ou à peu près, que son protégé se met en route. La mission dont il était chargé l’accréditait à Rome et lui garantissait en tous lieux un accueil favorable.

Étant parti de Lisbonne vers la fin de l’été 1537, il suit — premier sujet d’étude et d’étonnement — les voies romaines, qui le conduisent en Castille, et de là, par tronçons, jusqu’au but de son voyage. Il s’arrête à Valladolid pour saluer l’impératrice Isabelle, fille d’Emmanuel et sœur de Jean III, qui accoucha en cette ville, le 19 octobre, d’un prince auquel on donna au baptême le nom de Juan. Charles Quint n’assistait pas à la naissance de son fils, qui mourut d’ailleurs l’année suivante ; il était alors aux cortes de Monzon, en Aragon, d’où il passa en Catalogne.

De Valladolid, Francisco se dirige vers Barcelone. Son père lui avait écrit de ne pas pousser plus loin qu’il n’eût baisé la main de l’Empereur. Mais il en fut empêché en premier lieu par la mort de Béatriz[4], duchesse de Savoie, survenue le 3 janvier 1538 ; puis, par l’arrivée de l’infant Dom Luiz. Son séjour à Barcelone se prolongea donc quelque temps, et il en profita pour visiter en pèlerin et en artiste le sanctuaire de Montserrat. Il peut enfin se présenter devant Charles Quint, mais non pas faire son portrait, comme l’Impératrice le lui avait demandé à Valladolid. Il est néanmoins accueilli « avec des compliments tels qu’en aurait pu attendre un ambassadeur ».

Le César préparait en ce temps-là l’entrevue de Nice, où il devait quelques mois plus tard (18 juin 1538) signer une trêve de neuf ans avec François Ier de France, sous les auspices du pape Paul III. Il quitta Barcelone vers les derniers jours d’avril, emmenant avec lui sur les galères d’André Doria une nombreuse suite de gentilshommes espagnols. Francisco de Hollanda aurait eu toutes les facilités de continuer par mer son voyage en cette noble compagnie ; il aima mieux prendre les devants et examiner à loisir les curiosités du Languedoc et de la Provence.

Ce qui l’attirait par-dessus tout, c’était les vieilles colonies romaines, riches encore en vestiges du passé : Narbonne, Nîmes, Fréjus, et, au milieu d’elles, Avignon, plein des souvenirs de Pétrarque et de la cour pontificale. À chaque étape, il foulait un sol plus latin, plus semblable au sol même de l’Italie par ses lignes harmonieuses, par ses arbres, par ses fleurs, par le doux langage de ses habitants. C’est ainsi qu’il arrive à Nice, où le retiennent de nouveau ses devoirs de courtisan et la magnificence étalée par les maisons du Pape, de l’Empereur et du Roi.

Enfin, le voilà libre, quitte de toute obligation, de toute vaine cérémonie, n’ayant plus souci que de l’art. Il se hâte, par Gênes et Florence, vers la Ville Éternelle, où nous le retrouvons à l’automne de 1538.

On est en droit de s’étonner que Francisco ait mis neuf mois environ pour aller de Lisbonne à Nice, et quatre mois seulement pour arriver de là jusqu’à Rome. Car, si la distance à parcourir était de beaucoup plus courte dans cette dernière partie du voyage, combien, en revanche, ne rencontra-t-il pas de chefs-d’œuvre dignes de fixer son attention et de retarder sa marche ? Il faut donc tenir compte, pour expliquer sa lenteur première, des séjours plus ou moins prolongés qu’il fit successivement à Valladolid, à Barcelone et en Savoie. Or, s’il s’arrêta par trois fois en chemin, ce fut autant pour son agrément et pour son utilité que par un sentiment de révérence envers de puissants protecteurs.

Élevé à la cour, il se plaisait par instinct en la société des grands ; mais il n’était pas non plus sans comprendre quels avantages il pourrait tirer, en Italie, de la bienveillance que lui témoignaient l’Impératrice et Charles Quint. Cette bienveillance des souverains lui gagna d’emblée celle des gentilshommes espagnols et portugais ; et c’est grâce à eux qu’il fut admis, avant de quitter Nice, à lier connaissance avec les seigneurs de la suite de Paul III. Aussi son nom n’était-il pas inconnu à Rome lorsqu’il y mit pied à terre.

Son premier soin fut, j’imagine, de se présenter devant l’ambassadeur de Portugal, Dom Pedro de Mascarenhas, qu’il avait peut-être rencontré à Nice, car ce diplomate, très estimé à la cour impériale, avait déjà suivi Charles Quint à Bruxelles, à Louvain, en Allemagne, et jusque dans son expédition contre les Turcs en 1529. Envoyé à Rome en remplacement de Dom Pedro de Souza de Tavora, il y était arrivé dans les derniers mois de 1538, presque en même temps que Francisco de Hollanda.

C’est par Mascarenhas que le jeune enlumineur entra en relation avec l’ambassadeur de Sienne, Lattanzio Tolomei.

Descendants de la noble famille siennoise de ce nom, Lattanzio et son cousin Claudio, le célèbre humaniste, étaient renommés parmi les beaux esprits de l’époque. L’Arioste, au chant XLVI de l’Orlando furioso, les cite l’un et l’autre au nombre des chevaliers illustres qui l’attendent sur la jetée pour fêter son retour au port[5]. Tous deux faisaient partie d’un groupe de lettrés et d’artistes qui se réunissaient chez le cardinal Farnèse. Lattanzio qui, de plus, était collectionneur et archéologue, avait formé un riche cabinet d’œuvres d’art, ce qui devait suffire à attirer Francisco chez lui tous les dimanches. Voilà donc le valet de chambre de l’infant Dom Affonso introduit de plain-pied dans la meilleure société de Rome. Pourtant ses visées étaient plus hautes encore. Il n’ambitionnait rien moins que l’amitié, où, à défaut d’un honneur si rare, le commerce d’idées, de celui qui domina au-dessus de son siècle comme il n’a cessé de dominer au-dessus de l’âge moderne, de celui qui mérita le nom de divin, de ce sublime Michel-Ange qu’on prétendait être d’un abord si rude et d’une si farouche humeur. Et, ce bonheur, il fut donné au petit miniaturiste d’en jouir, comme s’il devait épuiser en Italie toutes les joies pour n’emporter en son pays natal que nostalgie et regrets. Lattanzio Tolomei, en même temps qu’il le présentait à la marquise de Pescara, lui conciliait le bon vouloir du Buonarroti. Vécurent-ils ensemble aussi familièrement que Francisco se plaît à l’écrire ? N’est-il pas bien téméraire en affirmant que, une fois réunis, ils ne pouvaient se séparer ? Qu’importe ? Quelque fatuité est permise à qui approcha de si près un tel homme. Or, on ne saurait mettre en doute que Francisco de Hollanda assista à Rome, au mois d’octobre 1538, à des entretiens sur la peinture entre Michel-Ange et Vittoria Colonna, qui prenaient tour à tour la parole.

Nous reviendrons sur ces Dialogues, dont on lira plus loin la traduction.

Le séjour de Francisco en Italie se prolongea jusqu’en 1547. Où et comment passa-t-il ces neuf années ? On n’en sait rien au juste, si ce n’est qu’il se trouvait à Naples en février 1540. Il est à supposer qu’il ne s’arracha pas sans peine aux beautés et aux enseignements de Rome ; et, lorsqu’il s’en éloigna, ce dut être avec la certitude d’un prochain retour. Pouvait-il ne pas revenir partager la stupeur et l’admiration de tout un peuple admis, le 25 décembre 1541, à contempler la fresque du Jugement Dernier ? Peut-être même ses voyages le ramenèrent-ils plusieurs fois à Rome, car il parcourut la péninsule des Alpes à la Sicile, tant à l’intérieur que sur les côtes de la Méditerranée et de l’Adriatique.

On devine qu’une curiosité toujours en éveil, un besoin de s’instruire et de se perfectionner dans son art le poussaient de ville en ville. Il crayonnait des croquis, il prenait des mesures. À Pesaro, où il est surpris dessinant la citadelle, on l’arrête comme espion. Partout il se documentait, comme nous dirions aujourd’hui. Son cahier de dessins existe encore à la bibliothèque de L’Escurial ; lui-même avoue qu’il eût voulu « dérober sur ces légers feuillets tous les gentils chefs-d’œuvres de l’Italie ». Mais il emportait avec lui quelque chose de plus précieux encore : un goût épuré et délicat, l’intelligence de l’art et la faculté d’en raisonner, une haute opinion de la valeur morale de l’artiste, et, comme le lui dit Vittoria Colonna, « l’esprit et le savoir non d’un ultramontain, mais d’un Italien véritable ».

En effet, après avoir vécu neuf ans la vie de la Renaissance italienne, Francisco de Hollanda en était arrivé à adopter comme siens les aspirations, l’idéal, les jugements, les dogmes de l’Italie et de la Renaissance. Son activité se sent à l’étroit, réclame une expansion plus large. L’enluminure ne lui suffit plus ; ayant acquis des connaissances encyclopédiques, il brûle de s’appliquer à l’architecture, le plus vaste de tous les arts, celui duquel dépendent tous les autres. Il rêve de travaux gigantesques : construire des aqueducs, édifier des forteresses, rebâtir des villes entières ennoblies de voies majestueuses, de portiques, d’arcs de triomphe, de temples et de palais. Il voudrait doter son pays de monuments impérissables, à l’imitation de ceux des Romains.

Que trouve-t-il en Portugal ? De toute part indifférence, ou pis encore.

Plus que jamais on s’intéresse aux guerres extérieures, aux conquêtes coloniales, au commerce qui va prospérant. Les grands seigneurs, malgré leur vanité, malgré leur amour du luxe, se piquent de dédaigner les artistes et les arts. Cependant la famille royale continue à Francisco ses faveurs. L’infant Dom Luiz l’emmène en pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. On le paie généreusement. Mais à quoi emploie-t-on son habileté impatiente de faire ses preuves ? À peindre sur parchemin quelques portraits, à dessiner des moules à hosties, des mitres, des ornements sacerdotaux. Première déception. Une autre, plus amère sans doute, lui était réservée. Cet art de la Renaissance pour l’amour duquel il avait entrepris son long voyage, que ses compatriotes connaissaient à peine par-ouï-dire au moment de son départ et qu’il espérait, lui, leur révéler, il le retrouve en honneur et en vogue, sur le point de supplanter le style manuelin, déjà presque complètement abandonné.

S’il en est heureux pour la gloire du Portugal, combien ne regrette-t-il pas, pour sa propre gloire, d’être resté étranger à cette évolution dont il avait été le précurseur ! « Qu’il me soit permis, écrit-il, de dire que je fus le premier en ce royaume, étant au service de l’infant Dom Fernando et du cardinal Dom Affonso, à célébrer et à proclamer la perfection de l’art antique, lequel était alors pour tout le monde, ou peu s’en faut, un objet de raillerie. Et si j’eus le désir d’aller voir Rome, c’est parce que j’étais convaincu de cette perfection. Mais, à mon retour, je ne reconnaissais plus ce pays, car il ne s’y trouvait peintre ou tailleur de pierres qui ne plaçât au-dessus de tout l’antique, ou, comme ils disent, la manière d’Italie. Et tous considéraient si bien cette idée comme leur appartenant en propre que de moi on n’avait gardé nul souvenir. Toutefois, je me réjouis de ce changement à cause de l’amour que je porte à ma patrie et à mon art. »

Cependant Francisco de Hollanda ne perdit pas courage tout d’abord. Pouvait-il, sans essayer de se faire entendre, renoncer à ce rôle d’éducateur auquel il se croyait destiné et qu’il s’était promis comme récompense de ses travaux ? Tous ces gens, qui faisaient sonner si haut des théories pour eux nouvelles, que savaient-ils au juste de ces théories ? Quelques notions incertaines et confuses, apprises de seconde main. Lui, au contraire, les avait recueillies à la source même, discutées, approfondies ; s’il ne lui était pas donné de les appliquer, rien du moins ne l’empêchait d’en formuler les lois, d’en développer les règles par la parole ou par la plume. A peine arrivé, il se mit à l’œuvre. Le 18 octobre 1548, il terminait, à Lisbonne, son premier traité, intitulé Da pintura antiga (De la peinture antique). Il est divisé en deux parties : l’une de considérations théoriques et de préceptes techniques ; l’autre entièrement consacrée aux Dialogues.

Un nouvel ouvrage suivit immédiatement, qui porte pour date le 3 janvier 1549, et pour titre Do tirar polo natural (De l’art de tirer au naturel).

On ignore quel fut le succès de ces livres, mais il faut croire que le Portugal les accueillit avec froideur, puisqu’ils n’ont jamais été imprimés. La preuve que Francisco de Hollanda supporta avec peine cette indifférence, c’est qu’il resta plus de vingt ans sans écrire[6]. Son découragement commence à se faire jour dans une lettre qu’il adresse à Michel-Ange en 1553. Elle nous apprend que Francisco, depuis son retour, n’avait plus de relations avec ses amis de Rome, car il s’informe de la santé de Lattanzio Tolomei, lequel était mort au mois de mars 1548. L’original de cette lettre est écrit en italien ; en voici la traduction :

« Très magnifique Seigneur,

« Le plus grand don que Dieu nous accorde en cette vie[7], il est contraire à la raison de le perdre ; mais, après lui avoir rendu pour ce don d’ineffables grâces, il convient de le recouvrer en s’informant de ceux qui vivent honorés, comme c’est le cas de Votre Seigneurie. Et, encore que les continuelles peines et désagréments du passé m’aient enlevé toute souvenance et étude, ils n’ont pu toutefois m’ôter la bonne mémoire de Votre Seigneurie, ni m’empêcher de demander toujours des nouvelles de votre santé et de votre vie, lesquelles me sont aussi chères qu’à n’importe lequel de vos plus chers amis. Et, quelque bonheur que le souverain Dieu envoie à Votre Seigneurie, j’estime que, en cela encore, il me fait à moi une grâce infinie et dont je lui suis obligé.

« Aussi, pour ne pas laisser perdre cette amitié, ai-je voulu vous écrire cette lettre afin que vous me fassiez savoir comment vous vous trouvez présentement, en ces jours heureux de votre vieillesse, esquels vous pratiquez, je pense, par l’exemple de votre héroïque vertu, des œuvres non moins dignes de louange que celles, que font, en l’art de la peinture, vos mains dignes de louanges immortelles. ET, étant donné le grand amour que j’ai toujours eu pour les choses rares. Particulièrement pour celles de votre seigneurie, du temps que j’étais à Rome, je vous prie de me faire la grâce de m’envoyer quelque dessin de votre main en mémoire, de vos dites œuvres, ne fût-ce qu’une ligne ou profil comme fit Apelle dans l’antiquité, afin que j’aie une signe certain de la santé de Votre Seigneurie, en même temps qu’un souvenir durable de votre amitié.

« Je prie Votre Seigneurie de me répondre et de me faire savoir si messer Lattanzio Tolomei, mon grand patron et votre ami très cher, est encore vivant. Dieu souverain et immortel conserve Votre Seigneurie de nombreuses année, et, après le cours de cette triste vie, lui donne au ciel sa paix parfaite. Mon père, antonio de Hollanda, se recommande ainsi que moi à Votre Seigneurie.

« De Lisbonne, ce XV Août de 1553.

« Votre FRANCISCO DE HOLLANDA. »
On ne sait que fort peu de choses sur l’âge mûr

de Francisco. Un portrait de la reine Catherine, qu’il peint en 1554, lui est payé 800 réis. Immédiatement après, il perd ses protecteurs les plus puissants : à la fin de 1555, l’infant Dom Luiz, qui lui lègue une pension, et, le 11 janvier 1557, le roi Jean III, qu’enlève une mort subite. Il voit se succéder à Lisbonne, la reine Catherine, régente du royaume de 1557 à 1562 ; puis, le cardinal Dom Henrique, fils d’Emmanuel Ier, régent à partir de 1562, pendant la courte minorité de Dom Sébastien, lequel monta sur le trône en 1568, à l’âge de quatorze ans.

La peste de 1569 chasse de la capitale Francisco de Hollanda, qui se retire dans une maison de campagne située entre Lisbonne et Cintra. Là, il s’adonne à la culture de son jardin. Il était âgé de cinquante-deux ans et avait épousé, on ignore à quelle date, une femme nommée Luiza da Cunha de Sequeira. Quoi qu’il en veuille dire, il ne trouva dans cette retraite ni le calme ni le renoncement ; l’activité de son esprit s’accommodait mal d’une vie contemplative et désœuvrée. Aussi ne tarda-t-il pas à profiter de ses loisirs pour écrire un nouvel ouvrage : Da fabrica que fallece à cidade de Lisboa (Des édifices qui font défaut à la cité de Lisbonne).

C’est dans ce livre, dédié au roi Sébastien, que l’auteur expose son vaste projet architectural d’une ville bâtie selon les lois de la beauté, de la grandeur et de l’hygiène. Mais les pages pour nous les plus dignes d’attention sont celles où l’artiste, maintenant désabusé, déplore la médiocrité d’une vie qu’il avait rêvée utile et glorieuse : « Mon enthousiasme d’autrefois s’est entièrement refroidi et perdu, par l’effet du temps et du lieu où je passe mes jours… je prends la résolution de faire connaître à Votre Altesse la raison pour laquelle je laisse s’éteindre ce peu d’intelligence de la peinture que Dieu m’a accordé et qui aurait pu devenir utile à ce royaume, si elle eût été autrement favorisée et encouragée. Je dirai aussi pour quelle raison je suis venu me faire cultivateur et vivre sur ce mont comme un homme inutile et qui n’est plus bon à rien… je suis tellement désabusé que rien au monde ne pourrait me faire quitter cette campagne où je vis, et où je suis plus satisfait de greffer une plante et de la voir croître que je ne le serais de tous les honneurs et de toutes les richesses de l’Orient… je suis méconnu et oublié dans cette campagne solitaire… Mais, afin qu’on ne croie pas que je regrette sans mesure ce que je ne désire plus aujourd’hui, c’est-à-dire la gloire que j’aurais pu espérer par la peinture, laissons tout cela de côté. »

Ces extraits font bien sentir dans quel désenchantement l’artiste passa ses dernières années. Il semble se complaire à remâcher son amertume, et peut-être n’est-ce pas sans dessein. je serais, porté à croire qu’il voulut, en ce livre, laisser comme un testament de sa vie, par lequel il confie à l’avenir le soin de lui faire réparation. On pourrait invoquer à l’appui de cette conjecture que Francisco de Hollanda manifesta, cette fois, la ferme intention de publier le traité Da fabrica. Si, comme les précédents, il n’a jamais été imprimé, les licences requises n’en furent pas moins demandées à la censure ecclésiastique, et accordées à la date du 13 avril 1576.

L’exil volontaire de Francisco en cette maison de campagne « que rien au monde n’aurait pu lui faire quitter » ne dura guère que deux ans. Le 22 janvier 1572, il a regagné Lisbonne, d’où il écrit à Philippe II d’Espagne pour lui annoncer l’envoi de deux miniatures par lui peintes et représentant La Passion et La Résurrection. Quelques mois plus tard, paraissaient Les Lusiades, magnifique chant de gloire dont s’enivra le Portugal à la veille de sa décadence.

Aussitôt après, tout s’assombrit. Et voici que, pour l’artiste vieillissant, les deuils nationaux se doublent de deuils personnels. En 1575, son maître André de Resende meurt à Évora, âgé de quatrevingts ans. En 1578, c’est la reine Catherine. Cette même année, Sébastien, le roi devenu légendaire, se fait tuer en terre d’Afrique, à la désastreuse bataille d’Alcazar-Kébir. La mort termine, dans les premiers jours de l’an 1580, le très court règne du cardinal Dom Henrique. Philippe II met la main sur le Portugal.

Francisco dut être cruellement affecté par tant de malheurs. Ses écrits font foi qu’il aimait son pays dans l’âme, malgré bien des erreurs qu’il croyait avoir à lui reprocher. On peut admettre toutefois qu’il fut de ceux qui saluèrent sans répugnance la royauté du fils de Charles-Quint, car un long dévouement l’attachait à la famille impériale. Philippe II sut reconnaître ce dévouement, et lui octroya une pension de trois muids de blé et de 100.000 réis, transmissible en cas de décès à la personne de sa veuve[8]. Cette largesse coïncide avec les derniers jours du peintre. Pénétré de sentiments religieux qu’on découvre en lui dès ses premières œuvres écrites, il donnait alors tous ses soins à la composition d’un ouvrage ascétique : De Christo homem (De Jésus-Christ homme).

Francisco de Hollanda mourut le 19 juin 1584.

M. Menéndez y Pelayo a résumé fort judicieusement en quelques phrases la déconvenue de sa vie et la place qu’il occupa dans l’histoire artistique du Portugal : « Son autorité en tant que critique et homme de goût avait été respectée de tous ; en tant qu’artiste, on eut de lui une opinion hyperbolique peut-être, puisque Resende lui décerne le nom d’Apelle lusitanien. Il semble n’avoir eu aucune raison grave de se plaindre de la vie. Cependant, il y a dans ses livres un fond d’amertume qui n’a pas pour cause une déception de vanité ou d’intérêt, mais la triste conviction que son idéal esthétique n’était pas celui de ses compatriotes, ce qui rendait inutile l’effort qu’il faisait pour le propager. Sans doute aussi ne pouvait-il faire autrement que de sentir quelle disproportion il y avait entre la grandeur de ses aspirations artistiques et le peu de moyens dont il disposait pour· les réaliser. Cultivant un genre d’art que lui-même jugeait inférieur, il n’est pas allé, comme peintre, plus loin que le dessin et l'enluminure ; comme architecte, on ne lui confia aucune œuvre, quoique ce fût la sa principale vocation. Censeur sévère de l’éclectisme et du goût corrompu qu’il voyait autour de lui, sa pure orthodoxie vitruvienne le réduisit au rôle de théoricien. Et, même’en cela, la fortune lui fut contraire, puisque aucune de ses œuvres ne put être imprimée de son vivant[9]. »

Il faut ajouter que les œuvres en question seraient probablement oubliées, en dehors du Portugal et de l’Espagne, si les Dialogues sur la peinture ne faisaient revivre la grande figure de Michel-Ange, et ne complétaient sur plusieurs points les renseignements biographiques publiés par Condivi et par Vasari. C’est sous la protection du Buonarroti que Francisco de Hollanda est parvenu à la postérité. Qui a lu ces entretiens ne l’imagine guère ailleurs que dans la petite église de Saint-Sylvestre, écoutant avec un respect avide la parole du Maître et les répliques de Vittoria Colonna, tâchant de graver en sa mémoire non seulement les idées qu’ils expriment, mais jusqu’à leurs mots, leurs locutions, leurs images familières.

Michel-Ange était alors à l'apogée de son génie et de sa gloire ; il avait exécuté la plupart de ses grands travaux : comme peintre, la voûte de la Sixtine ; comme sculpteur, le Moïse, les tombeaux des Médicis. A peine élevé au pontificat, Paul III, escorté de dix cardinaux, venait de lui rendre visite en son logis et de le nommer architecte, sculpteur et peintre du Vatican. A l'époque même où Francisco recueillait les Dialogues, Michel-Ange peignait la fresque du Jugement Dernier. Ces dimanches de Saint-Sylvestre étaient pour son énergie formidable le seul repos de toute une semaine de labeur et de solitude. Les idées qu’il y énonçait, peut-être les avait-il ruminées pendant six jours, dans le silence, sur son échafaudage, en face de son peuple d’élus, de damnés, d’anges, de démons et de saints, sous le regard de sa douce Vierge qui se blottit, sous la menace de son Christ qui foudroie. Sa pensée nous a été transmise à l’heure même où bouillonnait en elle la conception la plus colossale que peintre ait jamais osée. Vittoria Colonna devait sa célébrité tant à la noblesse de son nom qu’à la culture et à l’élévation de son esprit, et à son amour conjugal. La société dissolue de la Renaissance admirait et citait en exemple la fidélité qu’elle garda à la mémoire de son mari, Francesco d’Avalos, marquis de Pescara ; on comparaît sa chasteté à celle des matrones romaines. Agée de quarante-huit ans, elle venait de publier à Parme la première édition de ses poésies, et de quitter pour Rome Ferrare, où elle avait vécu quelque temps à la cour de son amie la duchesse Renée de Valois, femme d’Hercule Il et fille de Louis XII. La passion naissante qu’éprouvait pour elle Michel-Ange, plus que sexagénaire, ne devait pas encore être connue des indifférents ; Francisco de Hollanda n’indique pas qu’il en ait rien su, et c’est à peine si quelques passages des Dialogues la laissent soupçonner, même à des lecteurs avertis.

Malgré leurs physionomies bien caractérisées de personnages réels et ayant réellement vécu, les autres interlocuteurs ne jouent dans ces conversations qu’un rôle secondaire. Ce sont pourtant leurs demandes et leurs réponses qui amènent Michel-Ange à développer tout au long sa pensée. Il s’y prête avec une éloquence et une grandeur qu’on ne saurait assez admirer. Sans parler des préceptes qu’il formule au hasard de la causerie, et qui seront pour les artistes l’objet de méditations fructueuses, des morceaux tels que la comparaison des manières flamande et italienne, l’énumération des peintures murales qui existaient au XVIe siècle en Italie, et surtout cette solennelle apologie de la ligne ou dessin comme source et principe de tous les arts, plastiques, décoratifs ou mécaniques, de tels morceaux ont une signification capitale pour qui prétend étudier l’œuvre et le génie du Maître. Peut-être n’en trouverait-on l’équivalent que dans l’entretien qu’eurent ensemble Michel-Ange et Vasari, le jour qu’ils visitaient à cheval les sept églises pour gagner le jubilé ; entretien que Vasari se proposait de publier, et dont la trace est malheureusement perdue.

On a l’impression que Francisco de Hollanda transcrivit fidèlement les phrases prononcées devant lui. Mais on peut lui reprocher d’intervenir trop fréquemment dans les Dialogues, où il prend souvent la parole et la garde longtemps. je le soupçonne d’avoir observé dans l’église de Monte Cavallo, en présence de Michel-Ange, une attitude plus effacée et un ton plus modeste qu’il ne le laisse supposer en son livre, écrit dix ans plus tard. Ce livre, dont l’intérêt artistique me semble suffisamment démontré, a de plus une grande valeur littéraire. Francisco de Hollanda fut le plus ancien écrivain d’art en Portugal ; il y est considéré comme un des plus curieux prosateurs de la Renaissance, Ses œuvres, malgré de nombreux italianismes, se distinguent par un style primesautier, d’une saveur très personnelle, que leur éditeur, M. de Vasconcellos, qualifie en ces termes : « La langue de Hollanda n’est pas faite pour tout le monde. L’auteur n’est ni ne veut être classique. si quelqu’un trouve à reprendre à son style, il s'en excuse sur la longue absence qu’il a faite il l’étranger. Parfois il trouve difficilement l’expression de sa pensée, mais, dans le cas même où cette expression n’est pas purement portugaise, il faut louer l’originalité de la forme et la spontanéité de l’élocution. Il parle par images comme s’il donnait à ses idées une forme plastique. »

En 1563, du vivant même de l’auteur, un portugais habitant l’Espagne depuis sa jeunesse et nommé Manoel Diniz traduisit en castillan le traité Da pintura antiga. Son manuscrit, que l’on conserve à l’Académie des Beaux-Arts, à Madrid, n’a jamais été imprimé. On s’accorde à dire le plus grand bien de cette version castillane, mais je crains que peu de personnes l’aient lue d’un bout à l’autre. J’ai sous les yeux une copie de la deuxième partie, comprenant les Dialogues, et je puis affirmer que la traduction de Diniz est tout à fait insuffisante. Quant au manuscrit original de Francisco de Hollanda, on ignore ce qu’il est devenu.

A la fin du XVIIIe siècle, un érudit portugais, José Joaquim Ferreira Gordo, envoyé par son gouvernement à Madrid pour y chercher des documents relatifs à l’histoire politique et littéraire du Portugal, découvrit dans la bibliothèque d’un amateur dont il n’a pas donné le nom le manuscrit de la Pintura antiga. Depuis, ce manuscrit n’a pu être retrouvé ; mais Gordo en avait pris une copie qu’il déposa à l'Académie des Sciences de Lisbonne. C’est d’après cette copie que fut faite, en 1845, la première traduction française des Dialogues. Son auteur, M. Roquemont, « peintre de portraits », l’inséra dans Les arts en Portugal[10], livre du comte A. Raczynski, qui avait recueilli lui-même de nombreux détails biographiques sur les anciens artistes portugais, notamment sur Francisco de Hollanda. l’ouvrage de ce dernier ne fut donc imprimé que trois cents ans après avoir été écrit, dans une langue étrangère et par les soins de deux étrangers. L’importance et l’intérêt d’une pareille publication ne pouvaient passer inaperçus, aussi en trouve-t-on de longs extraits dans diverses biographies de Michel-Ange[11].

Depuis, la critique s’est montrée sévère, — bien injustement, selon moi, — pour l'éditeur et pour le traducteur. Certes, la version de Roquemont est incomplète et trop souvent infidèle ; elle manque de relief et s’inquiète peu de reproduire le mouvement et la couleur de l’original. sans doute, les matériaux rassemblés par Raczynski sont entassés pêle-mêle, sans aucun souci d’ordre ni de méthode[12]. Vaille que vaille, c’est pourtant grâce à eux, et à eux seuls, que les Dialogues ont pu être connus avant ces dernières années. Leur livre n’est pas sans défaut, j’en conviens. Acceptons-le néanmoins comme un travail de vulgarisation, fort méritoire en somme, et accordons à ces deux auteurs de bonne volonté un peu de l'indulgence dont chacun de nous a si grand besoin pour soi-même. Si les œuvres de Francisco de Hollanda n’ont pas encore été réunies en une édition de bibliothèque, un écrivain portugais de beaucoup de réputation et de talent, M. Joaquim de Vasconcellos, a publié séparément chacune d’elles dans différents recueils : périodiques, avec tous les éclaircissements nécessaires.

Da fabrica que fallece á cidade de Lisboa et Da sciencia do desenbo ont paru en 1879 à Porto (tome VI, série I de l’Archeologia artistica. On peut lire dans la Revue hebdomadaire A vida moderna (Porto, années 1890-92) les deux livres Da pintura antiga et le traité Do tirar polo natural. Une description critique du livre de dessins de L’Escurial a été donnée, sous le titre de Antiguidades da Italia por Fraucisco de Hollanda, dans l’Archeologo portuguez ; (Lisbonne, tome II, 1896). M. de Vasconcellos a ainsi payé, comme il le dit lui-même, la dette due depuis tant d’années par son pays à la mémoire de l’auteur.

Mais le savant éditeur ne s’en est pas tenu là. Il faut citer encore deux éditions des Dialogues publiées par ses soins :

La première (Quatro dialogos da pintura antiga), tirée à cent exemplaires seulement, a paru à Porto en 1896 dans le format in-folio, sans nom de libraire ni d’imprimeur.

La seconde (Francisco de Hollanda. Vier Gespräche über die Malerei gefübrt zu Rom 1538, Vienne, Carl Grœser, 1899, in-8o) contient, en regard du texte portugais, une traduction allemande. Elle est accompagnée de préfaces et de notes qui la rendent indispensable à quiconque veut étudier consciencieusement la vie, l’œuvre et le temps de Francisco de Hollanda. ]’ai beaucoup emprunté à la vaste érudition de M. de Vasconcellos.

Il serait trop long de rappeler ici les divers auteurs qui ont parlé de Francisco de Hollanda. Mais une exception doit être faire en faveur de M. Menéndez y Pelayo, qui lui a consacré des pages remarquables, tant dans sa célèbre Historia de las ideas estéticas en España que dans son Discours de réception à l’Académie des Beaux-Arts de Madrid, où l’on trouvera, traduits en castillan, de longs passages des Dialogues.

De mon propre travail, je n’ai que peu de chose à dire : qu’il soit utile à quelques-uns, voilà toute mon ambition. Le livre du comte Raczynski est devenu rare, après plus de soixante ans ; peut-être accueillera-t-on avec intérêt cette version nouvelle. Elle s’adresse à ceux qui, sur les traces de Francisco de Hollanda, sont allés demander a l’Italie le secret de son art divin, à ceux qui, sous la voûte de la Chapelle Sixtine, sont restés longtemps muets devant le Jugement Dernier.

L. R.
Séville 1907 — Paris 1910.



QUATRE


DIALOGUES SUR LA PEINTURE





PROLOGUE


Si Dieu me donnait licence de choisir, entre toutes les grâces qu’il a dispensées aux mortels, celle que aimerais le mieux posséder ou obtenir, je ne lui en demanderais nulle autre, après la foi, que la haute faculté d’exceller en la peinture ; et peut-être en cela ne voudrais-je être un homme autre que je suis. Ce dont je rends maintes grâces à Dieu immortel et souverain pour ce qu’il m’a, en ce monde vaste et confus, donné cette petite lumière qu’est mon ambition de la très haute peinture, si singulière en mérite qu’aucun autre don ne me semble plus glorieux ni plus digne de respect.

Mais il est une chose qu’on allègue à la honte de l’Espagne et du Portugal : c’est que ni en Espagne ni en Portugal on ne connaît la peinture ; qu’on n’y fait pas de bonne peinture ; et que la peinture n’y est pas en honneur. Or, étant revenu depuis peu d’Italie, d’où j’ai rapporté les yeux pleins de la hauteur de son mérite et les oreilles pleines de ses louanges, et ayant reconnu combien cette noble science est traitée différemment en cette mienne patrie, je pris une ferme résolution. Et, comme fit César en passant le Rubicon, ce qui était rigoureusement interdit aux Romains en armes, de même (s’il m’est permis de me comparer, moi chétif, a un tant illustre seigneur) je m’érige en vrai chevalier et défenseur de la haute princesse Peinture, déterminé à affronter tout péril pour défendre son nom par les armes et par les moyens dont je dispose, quelque faibles qu’ils soient.

Dès lors que la faveur de Votre Altesse m’est acquise, très haut et sérénissime Roi et Seigneur1, si parfaitement instruit ès nobles choses et sciences, je n’aurai grand’ peine à tout vaincre ; encore que mes adversaires soient tellement clairsemés que besoin ne m’était d’une aide aussi précieuse. En outre, parce que d’aucuns estiment que je rougis d’être peintre, moi qui n’ai, après ma qualité de chrétien, gloire ni vanité plus grande que mon ambition de l’être, je prétends, en ce livre, démontrer sous forme de dialogue quelle glorieuse et noble chose c’est que d’être peintre, et combien difficile ; quelle est, dans un état, l’utilité et l’importance de l’illustre et très nécessaire science de la peinture en temps de paix comme en temps de guerre ; enfin, les prix et valeur de la peinture en d’autres pays.




DIALOGUE PREMIER


Mon intention en allant en Italie, où je fus envoyé par mon Roi, n’était pas de chercher d’autre profit ni d’autre honneur que de bien faire. Je n’avais en vue nul autre intérêt, tel que les bonnes grâces du pape ou des cardinaux de sa cour.

Et pourtant, Dieu le sait et Rome le sait, si j’avais voulu demeurer en cette ville, les facilités ne m’eussent sans doute pas manqué, tant par moi-même que par la protection de personnes haut placées dans la maison du pape. Mais toutes ces pensées étaient en moi si amorties que d’autres, plus nobles et plus de mon goût, ne les laissaient même pas traverser mon imagination ; lesquelles pouvaient sur moi beaucoup plus qu’aucune convoitise de bénéfices ou d’expectatives, que j’aurais au moins pu emporter avec moi, comme font ceux qui vont à Rome. La seule chose que j’eusse toujours présente, c’était en quoi je pourrais servir par mon art le Roi, notre maître, qui m’avait envoyé en ce pays ; cherchant toujours en moi-même comment je pourrais dérober et emporter en Portugal les gentils chefs d’œuvre de l’Italie, pour le plus grand plaisir du Roi, des infants, et du sérénissime seigneur l’infant Dom Luiz2.

Je me disais : « Quelles forteresses ou cités étrangères n’ai-je pas encore en mon livre ? Quels édifices éternels, quelles pesantes statues y a-t-il encore en cette ville, que je n’aie dérobés et que je n’emporte, sans charrettes ni navires, sur de légers feuillets ? Quelle peinture en stuc ou grotesque découvre-t-on dans les excavations et les ruines tant de Rome que de Baies ou de Pouzzoles, dont le plus curieux ne se trouve esquissé sur mes cahiers3 ? »

Et je ne savais œuvre antique ou moderne de peinture, sculpture, ou architecture, du meilleur de laquelle je n’eusse pris quelque souvenir. Car il me semblait que c’étaient là les plus excellentes prébendes et expectatives que je pusse emporter avec moi, les plus glorieuses et les plus profitables pour le service de mon roi, et les plus de mon goût. Et, en cela, je ne pense pas m’être trompé, encore que d’aucuns me le disent.

En sorte que, comme c’étaient là tous mes soins et mes seules requêtes et sollicitations, je n’avais d’autre cardinal Farnèse4 à accompagner, ni d’autre Dataire à me rendre favorable que d’aller visiter un jour Don Giulio de Macédoine5, enlumineur des plus célèbres ; un autre, maître Michel-Ange ; aujourd’hui, le noble sculpteur Baccio6; demain, maître Perino7, ou Sébastien de Venise8; et, parfois, Valerio de Vicence9, ou Jacopo Mellequino10 l’architecte, ou Lattanzio Tolomei11. La connaissance et l’amitié de pareils hommes m’étaient beaucoup plus précieuses que celles de n’importe quels autres plus éminents ou plus illustres, s’il en pouvait être en ce monde. Et Rome les tient en la même estime. De leurs personnes et de leurs œuvres je recueillais pour mon art quelque fruit et enseignement, et je me récréais à deviser avec eux de maintes choses excellentes et nobles ou l’antiquité aussi bien que des temps nouveaux. Et principalement je prisais si fort maître Michel-Ange que si je le rencontrais, soit chez le pape, soit dans la rue, nous ne consentions à nous séparer que les étoiles ne nous signifiassent la retraite. Et Dom Pedro Mascarenhas12 l’ambassadeur peut être bon témoin combien c’était chose étonnante et difficile, comme aussi des mensonges13 que certain jour, à l’issue de vêpres, Michel-Ange dit à lui et au cardinal Santiquattro14, au sujet de moi et d’un mien livre où j’avais dessiné les choses de Rome et d’Italie.

En effet, je ne dirigeais mes pas et mon chemin autre part que vers le temple majestueux du Panthéon15, dont je faisais le tour pour en noter toutes les colonnes et les membres ; vers les mausolées d’Hadrien et d’Auguste, le Colisée, les thermes d’Antonin et de Dioclétien, les arcs de Titus et de Sévère, le Capitole, le théâtre de Marcellus, et vers tous les autres monuments remarquables de cette ville, dont je ne me rappelle plus les noms. Parfois aussi, on ne pouvait m’arracher des magnifiques Chambres du pape, où j’allais seulement parce qu’elles sont peintes de la noble main de Raphaël d’Urbin. Et je préférais de beaucoup les antiques hommes de pierre sculptés sur les arcs et les colonnes des vieux édifices à ceux, plus changeants, qui nous importunent de toute part. Et j’apprenais davantage d’eux et de leur muette gravité.

Or, entre temps que je passais ainsi à Rome, je dus certain dimanche, comme j’avais accoutumé ce jour-là, aller faire visite a messer Lattanzio Tolomei. C’était lui qui, avec l’aide de messer Blosio, secrétaire du pape, m’avait procuré l’amitié de Michel-Ange. Et ledit messer Lattanzio était un personnage très considérable, tant par la noblesse de son esprit et de son sang (il était neveu du cardinal de Sienne16) que par sa connaissance des lettres latines, grecques et hébraïques, et par l’autorité de son âge et de ses mœurs. Mais je trouvai avis en sa maison qu’il était, avec madame la marquise de Pescara, en l’église de Saint-Sylvestre17, à Monte Cavallo, à entendre une lecture des Épîtres de saint Paul. ]’allai donc à Saint-Sylvestre de Monte Cavallo. Madame Vittoria Colonna, marquise de Pescara et sœur de monseigneur Ascanio Colonna, est une des femmes illustres et renommées qu’il y ait en Italie et dans l’Europe entière, c’est-à-dire au monde. Chaste et encore belle, latiniste, éclairée, elle possède toutes les vertus et qualités qu’on puisse louer en une femme. Après la mort de son très noble mari, renonçant à vivre plus longtemps selon sa condition, elle adopta une vie simple et retirée. Maintenant elle n’aime plus que ]ésus-Christ et les bonnes œuvres ; elle fait beaucoup de bien aux femmes pauvres, et donne fruit de véritable catholique.

Je devais la connaissance de cette noble dame à l’amitié du même messer Lattanzio, lequel était le plus familier et le meilleur de ses amis.

Elle me lit asseoir, et lorsqu’eurent pris fin la lecture et les louanges qu’on lui donna, elle se mit a dire en dirigeant son regard vers moi et vers messer Lattanzio :

— « Si je ne me trompe, Francisco de Hollanda écouterait de meilleur gré un sermon de Michel-Ange sur la peinture que cette lecture de frère Ambrosio18. »

A cela je répondis, presque offensé :

— « Eh quoi ! madame, Votre Excellence supposerait-elle que je ne suis apte et accessible qu’à la peinture seulement ? J’aurai, j’en conviens, toujours plaisir à entendre Michel-Ange ; mais, dès qu’il s’agit des Épîtres de saint Paul, j’aime mieux entendre frère Ambrosio. »

— « Ne vous fâchez pas, maître Francisco, dit alors messer Lattanzio. Madame la marquise est loin de croire qu’un homme apte à la peinture ne le soit pas à toute chose. Nous avons pour cela, en Italie, une trop haute opinion de la peinture ! Mais peut-être a-t-elle ainsi parlé pour vous donner, outre le plaisir que vous avez déjà eu, celui de voir Michel-Ange. »

Je répondis aussitôt :

— « A ce compte, Son Excellence ne fera pour moi rien de nouveau et qu’elle n’ait accoutumé ; car elle accorde toujours plus de grâces qu’on n’oserait lui en demander. » Devinant mon intention, la marquise appela un sien serviteur, et dit en souriant : — « A qui sait se montrer reconnaissant il faut savoir donner ; d’autant plus que ma part, à moi qui donne, restera aussi grande que celle de Francisco de Hollanda, qui reçoit. — Un tel !... Va au logis de Michel-Ange, et lui dis que je suis avec messer Lattanzio dans cette chapelle fraîchement arrosée et dans cette église close et agréable. Demandelui s’il veut venir perdre en notre compagnie quelques heures du jour, afin que nous les gagnions en la sienne. Mais ne lui dis pas que Francisco de Hollanda l’Espagnol est avec nous. » Comme je louais à l’oreille de Lattanzio la délicatesse que mettait en tout la marquise, elle voulut savoir de quoi je parlais. — « Il me disait, répondit Lattanzio, combien Votre Excellence sait observer la bienséance en toute chose, et jusques en un message. Car, Michel-Ange étant à présent plus son ami que le mien, il fait, dit-il, avant de se rencontrer avec lui, tout son possible pour le fuir et pour éviter cette rencontre, parce que, une fois réunis, ils ne savent plus se séparer. »

— « Je connais trop bien maître Michel-Ange, répliqua-t-elle, pour ne pas connaître ce sentiment. Aussi ne sais-je comment nous nous y prendrons pour l’amener habilement a parler de peinture. » Frère Ambrosio de Sienne, un des prédicateurs les plus renommés du pape, ne s’en était pas encore allé.

— « ]e ne crois pas, dit-il, que Michel-Ange, s’il sait que l’Espagnol est peintre, consente en aucune manière à parler de peinture... Aussi devriez-vous vous cacher, si vous voulez l’entendre. »

— « Le Portugais que je suis, répondis-je rudement au moine, n’est peut-être pas si facile à cacher aux yeux de Michel-Ange. Tout caché que je sois, il saura mieux me connaître que Votre Révérence, devant qui je me tiens, mît-elle même des lunettes. Qu’il vienne seulement, et vous verrez qu’il me verra beaucoup moins bien si je reste là où je suis. »

A ces mots la marquise et Lattanzio se prirent à rire. Il n’en fut pas de même de moi, ni du moine, lequel entendit en outre la marquise lui affirmer qu’il trouverait en moi plus qu’un peintre.

Étant restés quelque temps sans parler, nous entendîmes heurter à la porte, et nous commençâmes tous à exprimer notre crainte que Michel-Ange ne vînt pas, puisqu’on rapportait si vite la réponse. Mais ma bonne fortune voulut que Michel-Ange, lequel logeait au pied du Monte Cavallo, se dirigeât avec son fidèle Urbino19 du côté de Saint-Sylvestre, faisant route vers les Thermes, tout en philosophant le long de la Voie Esquiline. Il se trouvait donc si proche de notre rendez-vous qu’il ne put nous échapper ; et ce n’était autre que lui qui heurtait ai la porte.

La marquise se leva pour le recevoir et se tint debout un bon moment avant de le faire asseoir entre elle et messer Lattanzio. Pour moi, je m’assis un peu à l’écart.

Après être restée quelques instants sans parler, la marquise ne voulut pas manquer plus longtemps à la coutume qu’elle avait d’ennoblir toujours ceux qui s’entretenaient avec elle et le lieu où elle se trouvait. Elle se mit donc, avec un art que je ne saurais décrire, à tenir maints propos bien dits, judicieux et courtois, sans faire la moindre allusion à la peinture, pour ne pas effaroucher le grand peintre. Je la voyais se comporter comme qui veut combattre avec ruse et circonspection une citadelle inexpugnable. Et de même, comme s’il eût été l’assiégé, nous voyions le peintre se tenir alerte et faire vigilance. Il posait ici des sentinelles ; là, faisait lever les ponts, pratiquait des mines, et ne négligeait dans ses rondes ni un mur, ni une tour.

Mais il fallut, à la fin, que victoire restât à la marquise. Et je ne sais vraiment qui pourrait lui résister.

— « Chacun le sait, disait-elle. Quiconque voudrait avec Michel-Ange en venir aux prises sur son métier, qui est la sagesse et la prudence, ne pourrait jamais qu’être vaincu. Aussi nous faut-il, messer Lattanzio, lui parler de requêtes, de brefs, ou... de peinture, pour le rendre muet et triompher de lui. »

— « Ou plutôt, dis-je alors, je ne vois rien de mieux pour mettre Michel-Ange à quia que de lui faire savoir que je suis ici, puisqu’il ne m’a pas encore aperçu. Quoique je sache déjà que le meilleur moyen de ne pas voir une personne c’est de l’avoir sous les yeux. »

Vous eussiez vu, à ces mots, avec quel étonnement Michel-Ange se tourna vers moi, et me dit :

— « Pardonnez-moi, messer Francisco. Je ne vous avais pas aperçu parce que je ne voyais que madame la marquise. Mais puisque Dieu veut que vous soyez la, venez, en compagnon, à mon aide et à mon secours. »

— « Pour ce seul mot je vous pardonnerai ce que vous venez de dire. Mais il me semble que madame la marquise (tel le soleil, dont les rayons dissolvent et durcissent à la fois) produit avec une seule lumière deux effets contraires : vous, sa vue vous a aveuglé ; et moi, c’est seulement parce que je la vois que je vous vois et vous entends. Je sais aussi combien Son Excellence peut captiver l’attention de l'homme le plus averti, sans lui laisser le temps de s’occuper de personne autre ; c’est pourquoi je prends mal parfois les conseils de certains moines. »

À ces mots, la marquise se mit a rire derechef. Alors frère Ambrosio se leva, prit congé d’elle et de nous, et s’en fut. Dorénavant il me resta fort ami.

— « Sa Sainteté, reprit la marquise, m’a accordé en grâce la permission de bâtir un nouveau monastère de femmes ici proche, sur le versant du Monte Cavallo, à l’endroit où s’élève le portique en ruine20 du haut duquel Néron contempla, dit-on, l’incendie de Rome ; et cela, afin que les traces d’un homme si criminel soient effacées sous les pas de pieuses femmes. Mais je ne sais, Michel-Ange, quelle forme ni quelles proportions donner à l’édifice. De quel côté placer la porte ? Quelque partie de l’œuvre antique pourra-t-elle s’adapter à la nouvelle ? »

— « Sans doute, madame, dit Michel-Ange. Le portique en ruine pourra servir de clocher. »

Et cette plaisanterie fut dite avec tant de sérieux et de malice que messer Lattanzio ne put s’empêcher de la rappeler21. Le grand peintre ajouta :

— « Ce monastère, il me semble que Votre Excellence le peut parfaitement bâtir. Et, en sortant d’ici, je puis très bien, si tel est votre bon plaisir, y jeter un coup d’œil pour vous donner en cela quelque idée. »

— « Je n’osais, dit-elle, vous en demander autant. Mais je sais déjà que vous observez en toute chose le précepte du Seigneur : Deposuit patentes, axaltavit humiles. Et c’est en quoi vous êtes excellent, parce que vous faites preuve d’une libéralité éclairée, et non d’une prodigalité ignorante. Aussi, à Rome, ceux qui vous connaissent vous estiment-ils plus que vos œuvres ; et ceux qui ne vous connaissent pas estiment de vous ce qui est le moindre, c’est-a-dire les œuvres sorties de vos mains. Et je ne donne certes pas moins d’éloges à votre faculté de vous retirer en vous-même pour fuir nos vaines conversations et à votre refus de peindre tous les princes qui vous en prient, qu’à votre résolution de ne peindre en toute votre vie qu’une œuvre unique, comme vous l’avez fait. »

— « Madame, dit Michel-Ange, vous voulez d’aventure m’attribuer plus de mérite que je n’en ai.

« Mais je veux, à ce propos, me plaindre à vous de bien des gens, en mon propre nom et en celui de quelques peintres de mon humeur, comme aussi au nom de messer Francisco, que voici.

« Bien des gens affirment cent mensonges, entre autres que les peintres éminents sont étranges et d’un commerce insupportable et difficile, alors qu’ils n’ont rien de contraire à la nature de l’homme. Aussi les sots, mais nullement les esprits raisonnables, les tiennent-ils pour capricieux et fantasques, er ont-ils grand peine à souffrir pareille humeur en un peintre. Il est vrai que pareille humeur en un peintre ne se trouve que là où il existe des peintres, c’est-à-dire en de rares endroits, tels que l’Italie, où les choses sont en leur perfection. Mais ils sont loin d’avoir raison les oisifs imparfaits qui, d’un travailleur parfait, exigent tant de cérémonies ; car il est peu de mortels qui fassent bien leur métier ; et nul de ceux-là ne fait le sien qui blâment ceux qui font le leur.

« Quant aux vaillants peintres22, s’ils sont insociables, ce n’est en aucune façon par orgueil, mais parce qu’ils trouvent peu d’esprits dignes de la peinture ; ou pour ne pas se corrompre dans la vaine conversation des oisifs, et pour ne pas rabaisser leur intelligence en l’arrachant aux hautes imaginations qui les tiennent dans un continuel ravissement23.

« Et j’affirme à Votre Excellence que Sa Sainteté elle-même m’ennuie et m’importune parfois quand elle me parle et s’informe avec tant d’insistance pourquoi je ne ne vais pas la voir. Et je me dis parfois que je sers mieux le pape en ne me rendant pas à son appel et en ne cherchant pas mon intérêt, que lorsque je cherche à le servir de mon mieux en ma maison. Et je lui dis que, ce faisant, je le sers bien plus comme il convient à Michel-Ange qu’en me tenant debout toute la journée devant lui, comme tant d’autres. »

— « Oh ! heureux Michel-Ange, m’écriai-je à ces mots. Un prince autre que le pape pourrait-il pardonner semblable péché ? »

— « Ces péchés-là, messer Francisco, sont précisément ceux que les rois doivent pardonner », répondit-il.

Puis, il ajouta :

— « Parfois même, vous dirai-je, ma lourde charge me donne telle licence que, étant à m’entretenir avec le pape, j’ai avec lui mon franc parler, et je mets par inadvertance sur ma tête ce chapeau de feutre. Néanmoins il ne me fait pas mettre à mort pour cela ; c’est lui, au contraire, qui me donne la vie. Et, comme je vous l’ai dit, j'ai en ce cas plus d’égards pour son service, auquel ils sont nécessaires, que pour sa personne, à laquelle ils sont superflus.

« S’il se trouvait d’aventure un homme assez aveugle pour affecter un commerce aussi peu avantageux que de vivre à l’écart et de se suffire a soi-même, au point de perdre ses amis et de s’aliéner tout le monde, il n’y aurait pas grand mal à le lui reprocher. Mais, celui qui tient cette humeur tant de la rigidité de sa discipline qui l’exige, que de ce qu’il lui est inné de faire peu de façons et d’affectations exagérées, ne serait-il pas très déraisonnable de l’empêcher de vivre a sa guise ? Et, si cet homme à la modération de ne rien exiger de vous, que prétendez-vous exiger de lui ? Pourquoi vouloir le plier à ces vaines convenances auxquelles sa quiétude ne cadre pas ? Ne savez-vous pas que certaines sciences demandent l’homme tout entier, sans lui laisser le moindre loisir pour vos oisivetés ? Lorsqu’il sera inoccupé autant que vous l’êtes, tuez-le, s’il ne fait mieux que vous votre métier et vos cérémonies. Mais vous ne connaissez cet homme et ne lui accordez vos louanges que pour vous honorer vous-mêmes ; voilà pourquoi vous êtes si heureux qu’il soit digne de s’entretenir avec un pape ou un empereur. Et, à ce propos, j'oserais soutenir qu’il ne saurait avoir grand mérite l’homme qui satisfait les ignorants et non ceux de sa profession, pas plus que celui qu’on ne taxe pas de « singulier », d’ «insociable », ou comme il vous plaira de le nommer ; car les autres esprits, domestiques et vulgaires, on les trouve sans chandelle sur les places du monde entier. »

Sur ce, Michel-Ange se fut, et, peu après, la marquise reprit :

— « Si ces amis dont vous parlez se montraient, en revanche, aussi généreux que ceux de l’antiquité, moindre serait le mal. Archésilas, étant un jour allé voir Apelle qui se trouvait malade et dans le besoin, lui fit soulever la tête sous prétexte d’arranger son oreiller, et, sous cet oreiller, il glissa une somme d’argent pour les soins qui lui étaient nécessaires. La vieille femme qui était au service du peintre ayant trouvé cette somme et s’étonnant de son importance, le malade lui dit en riant : « Ne t’étonne pas ; c’est Archésilas qui est l’auteur de ce vol. » Lattanzio, à son tour, exprima son opinion en ces termes :

— « Les vaillants dessinateurs sont tellement jaloux de certains privilèges procédant de leur art qu’ils ne consentiraient à se troquer contre aucune autre espèce d’hommes, si grands soient-ils. Mais au moins leur conseillerais-je d’échanger leur sort contre celui des heureux, si je pensais qu’ils y voulussent consentir ou qu’ils ne s’estimassent les plus heureux des mortels.

« Un esprit capable d’exceller en la peinture sait bien où tendent et en quoi consistent la vie et les joies des hommes présomptueux ; comment ils meurent sans laisser de nom et sans avoir connu les choses dignes d’être connues et estimées en ce monde ; comment, enfin, de tels hommes ne peuvent se flatter d’être nés, pour tant d’argent qu’ils aient amassé en leurs coffres. Ainsi en arrive-t-il à comprendre qu’en une belle œuvre et en un renom de vertu immortel réside la félicité de cette vie, et que tout le reste n’est guère à souhaiter.

« C’est pourquoi le peintre, en passe de pouvoir obtenir cette gloire, s’estime au-dessus de qui ne connaît et ne sut jamais désirer rien de tel ; de qui se contente d’un empire bien moindre que d’imiter par la peinture une des œuvres de Dieu ; de qui ne conquit jamais une province aussi vaste que la satisfaction de soi-même en des œuvres plus malaisées et plus hasardeuses que l’asservissement du pays entre les Colonnes d’Hercule et le Gange indien ; de qui ne mit jamais a mort cet ennemi, le plus difficile à vaincre : la conformité de l’œuvre avec le désir ou l’idéal d’un grand peintre ; de qui ne fut jamais aussi satisfait, buvant dans un vase d’or, qu’il ne l’est lui-même, buvant dans un vase d’argile.

« Et l’empereur Maximilien n’avait pas tort de dire qu’il lui était bien possible de faire un duc ou un comte, mais qu’un peintre excellent, Dieu seul le pouvait faire, quand bon lui semble. C’est la raison pour laquelle il fit grâce à l’un d’eux qui avait mérité la mort. »

— « Que me conseillez-vous, messer Lattanzio ? dit ensuite la marquise. Soumettrai-je à Michel-Ange un doute que j’ai sur la peinture ? Ne va-t-il pas à présent, pour soutenir que les manières des grands hommes sont justifiées et nullement étranges, en user envers moi avec ce même emportement qui lui est familier envers d’autres ? »

Et Lattanzio :

— « Michel-Ange, madame, peut-il faire autrement que de se contraindre en faveur de Votre Excellence, et que de laisser échapper ici ce qu’il est fort bien qu’il garde secret partout ailleurs ? »

Michel-Ange ajouta :

— « Que Votre Excellence me demande seulement une chose que je puisse lui donner, et cette chose sera sienne. »

Et elle, avec un sourire :

— « Je désire beaucoup savoir, puisque nous sommes sur ce chapitre, ce qu’est la peinture flamande et quels sont les gens qu’elle satisfait ; car elle me semble plus dévote que la manière italienne. »

— « Madame, répondit posément le peintre, la peinture flamande satisfera en général un dévot quelconque plus qu’aucune peinture d’Italie. Celle-ci ne lui fera jamais verser une seule larme ; celle de Flandre, au contraire, lui en fera verser beaucoup. Et cela ne tient pas à la vigueur et à la bonté de cette peinture, mais à la bonté du dévot en question. Elle plaira aux femmes, principalement aux plus vieilles et aux plus jeunes, comme aussi aux moines, aux nonnes, et à certains gentils hommes privés du sens musical de la véritable harmonie24.

« On peint en Flandre, à vrai dire, pour tromper la vue extérieure, soit des choses agréables à voir, soit des choses dont on ne puisse dire du mal, comme par exemple des saints et des prophètes. Cette peinture n’est que chiffons, masures, verdures de champs, ombres d’arbres, et ponts, et rivières, qu’ils nomment paysages, et maintes figures par-ci, et maintes figures par-là. Et tout cela, encore que pouvant passer pour bon à certains yeux, est fait en réalité sans raison ni art, sans symétrie ni proportions, sans discernement, ni choix, ni aisance, en un mot, sans aucune substance et sans nerf.

« Il est néanmoins d’autres pays où l’on peint plus mal qu’en Flandre. Et si je dis tant de mal de la peinture flamande, ce n’est pas qu’elle soit toute mauvaise ; c’est que les peintres de ce pays veulent faire bien tant de choses, dont une seule serait suffisamment difficile, qu’ils n’en font aucune de bien.

« Les œuvres qui se font en Italie sont presque les seules auxquelles on puisse vraiment donner le nom de peinture. C’est pourquoi nous appelons italienne la bonne peinture. Que si on en faisait de telle en un autre pays, nous lui donnerions le nom de ce pays ou de cette province. Et il n’est rien de plus noble ni de plus dévot que la bonne peinture, parce que rien n’évoque et ne suscite davantage la dévotion dans les esprits éclairés que la difficulté de la perfection qui va s’unir et se joindre à Dieu. Car la bonne peinture n’est autre chose qu’une copie des perfections de Dieu et une réminiscence de sa propre peinture ; une musique et une mélodie, en un mot, que seule l’intelligence peut percevoir non sans grande difficulté. Aussi cette peinture est-elle si rare que presque personne ne sait la faire ni ne s’y peut hausser.

« Je prétends en outre (et quiconque réfléchira à ce que j'avance en tiendra grannd compte) que, de tous les climats ou pays qu’éclairent le soleil et la lune, on ne peut bien peindre en aucun autre qu’en Italie. C’est une chose qu’on ne peut en quelque sorte faire bien qu’ici, y eût-il dans les autres contrées des esprits supérieurs aux nôtres, s’il en peut exister. Et cela, pour les raisons que je vais vous dire.

« Prenez un grand peintre d’une autre nation ; dites-lui de peindre ce qu’il voudra et ce qu’il saura le mieux faire, et qu’il le fasse. Prenez, d’autre part, un méchant élève italien ; demandez-lui de tracer une esquisse ou de peindre ce que vous voudrez, et qu'il le fasse. Vous trouverez, si vous êtes bon juge, que l'esquisse de cet apprenti contient, pour ce qui est de l'art, plus de substance que l'œuvre de ce maître ; et ce qu'il aura cherché à faire l'emportera sur tout ce que l'autre aura fait. Demandez, en revanche, à un grand maître qui ne soit pas italien, fût-ce même à Albert Dürer, homme délicat en sa manière, soit Francisco de Hollanda, contrefaire ou imiter une œuvre de peinture qui paraisse italienne ; et, si elle ne peut être des meilleures, qu'elle soit médiocre, ou même mauvaise. On reconnaîtra sur-le-champ, je vous le certifie, que ladite œuvre n'a été faite ni en Italie, ni par la main d'un Italien.

« Aussi affirmé-je que nulle nation, nul peuple (un ou deux Espagnols exceptés25), ne peut imiter ni s'approprier la manière de peindre de l'Italie (qui est celle de la Grèce antique) avec assez de perfection pour n'être

pas aussitôt et facilement reconnu comme Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/76 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/77 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/78 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/79 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/80 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/81 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/82 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/83 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/84 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/85 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/86 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/87 Page:Francisco de Holanda - 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NOTES

1. Jean III, né en 1502, régna en Portugal de 1521 à 1557.

2. Les infants D. Fernando (1507-1534), D. Affonso (1509-1540) et D. Luiz (1506-1555), fils d’Emmanuel Ier et frères de Jean III. Francisco de Hollanda avait été au service des deux premiers et devait beaucoup il la protection du troisième.

3. Ce cahier de dessins existe encore à la bibliothèque de L’Escurial. Nous en avons reproduit le frontispice, et le curieux portrait de Michel-Ange. Il contient, en outre, un médaillon du pape Paul III, des monuments de Rome, de Venise, de Naples, des statues, des ruines, des chapiteaux, etc.

4. Alexandre Farnèse (1520-1589), fils de Pier Luigi et petit-fils du pape Paul III, reçut la pourpre en 1534. Quoique Michel-Ange ait dit (Dialogue III, p. 104) qu’il « ne savait pas ce que c’était que la peinture », ce prélat, dont le nom revient souvent dans l’histoire de la Renaissance italienne, aima les arts et favorisa les artistes. Il réunissait autour de lui une petite cour de poètes et de lettrés, tels que le Molza, Annibal Caro, Paul Jove, Claudio Tolomei, tous admirateurs de Vitruve dont ils étudiaient et commentaient les œuvres. C’est à l’initiative de ce groupe que nous devons les œuvres de Vasari. Paul Jove se proposait d’écrire les vies des artistes célèbres, pour faire pendant à ses Illustrium virorum vitæ ; il demanda à messer Giorgio des notes dont il fut si satisfait qu’il l’engagea à poursuivre et à composer lui-même l’ouvrage (Vasari, Descrizione delle opere di Giorgio Vasari, XXVIII).

5. Voir plus loin, n. 82.

6. Voir plus loin, n. 55.

7. Perino del Vaga (1500-1547), peintre florentin.

8. Sébastien del Piombo (1485-1547), peintre vénitien. Il a peint, entre autres portraits, celui de Vittoria Colonna. Voir plus loin, n. 76.

9. Valerio Belli, de Vicence (1468-1546), ciseleur et graveur de médailles. Voir plus loin, n. 85.

10. Jacopo Melighino, ferrarais, fut très protégé par Paul III. Balthasar Peruzzi lui laissa en mourant une partie de ses papiers. Melighino qui, au dire de Vasari, n’avait pas plus de dessin que de jugement, travaillait en même temps qu’Antonio da Sangallo à l’église de Saint-Pierre, et n’était pas moins rétribué que lui. Lorsque Perino del Vaga, Sébastien del Piombo, Michel-Ange et Vasari présentèrent au pape leurs projets pour la fameuse corniche du Palais Farnèse, Paul III déclara, après les avoir examinés : « Tous ces dessins sont beaux, mais il nous reste à voir celui de notre Melighino. » — « Saint-Père, riposta Sangallo, le Melighino est un architecte pour rire. » — « Nous voulons, répondit le pape, qu’il soit un architecte pour de bon ; ses appointements vous le prouvent. »

11. Lattanzio Tolomei (14...-1548), dont il a été question dans la préface de ce livre, était ambassadeur à Rome de la ville de Sienne. Le Palais Tolomei, dont la construction date de 1205, existe encore en cette ville.

12. D. Pedro de Mascarenhas (voir, p. XI) fut ambassadeur de Portugal à Rome de décembre 1538 à mars 1540. Il mourut vice-roi des Indes, à Goa, le 16 juin 1555.

13. Par le mot mintiras, mensonges, Francisco de Hollanda entend des flatteries mensongères, exagérées. Il emploie plusieurs fois cette expression.

14. Il y eut deux cardinaux de ce nom, ou plutôt de ce titre : Lorenzo Pucci, que Condivi appelle ((il cardenale Santiquattro vecchio, et son neveu Antonio Pucci, dont parle ici Fr. de Hollanda. Le premier eut à s’occuper, comme exécuteur testamentaire de Jules II, du tombeau de ce pape, tombeau qui fut, on le sait, une source d’ennuis et de préoccupations pour Michel-Ange. En 1533, Lorenzo Pucci, alors évêque de Pistoie, demandait au grand artiste le plan d’un pont et d’une chapelle pour sa villa d’Igno.

15. Ora o meu proprio passo e a minha rotta não era outra senão rodear o grave templo do Pantheon... Fr. de Hollanda joue ici sur les mots passo, pas, passage, et paço, palais, et sur le mot rota, qui signifie à la fois route et rote, tribunal ecclésiastique composé de douze juges dits auditeurs de rote. Cette phrase a donc aussi le sens de : Je ne fréquentais d’autre palais, d’autre tribunal de rote que le temple du Panthéon...

16. Girolamo Ghinucci. Il fut nonce en Espagne et en Angleterre sous le règne d’Henri VIII.

17. Aujourd’hui S. Silvestro à Quirinale, dans la rue du Quirinal.

18. Fra Ambrogio da Siena s’appelait, de son nom de famille, Lancillotto Politi.

19. Son vrai nom était Bernardino dell’Amadore da Castel Durante. Après être resté vingt-six ans au service de Michel-Ange, il mourut à Rome le 3 décembre 1555. Tous les biographes du grand sculpteur ont cité l’émouvante lettre qu’il écrivit quelques mois plus tard à Vasari pour lui annoncer la mort d’Urbino.

20. La torre delle Milizie, que le peuple de Rome appelle encore la tour de Néron.

21. ...que não se pôde ter M. Lactancio que a não lembrasse. Les différents traducteurs ne sont pas d’accord sur ce passage. Manoel Diniz : « que no se pudo tener Miser Lactançio que no la tornase a acordar ». C’est le sens que j’ai adopté. Roquemont : « que messire Lactance ne peut s’empêcher d’en faire la remarque ». M. de Vasconcellos : « dass Messer Lattanzio es nicht unterlasse konnte, demselben noch mehr Nachdruck zu verleihen ».

22. Fr. de Hollanda emploie toujours ces mots, os valentes pintores, os valentes desenhadores, les vaillants peintres, les vaillants dessinateurs, pour signifier les peintres, les dessinateurs de valeur ou de talent.

23. « Michel-Ange, dans sa jeunesse, s’adonna non seulement à la sculpture et la peinture, mais encore à tous les arts qui s’y rattachent ; et cela avec tant d’application qu’il resta un certain temps étranger, ou peu s’en faut, au commerce des hommes et qu’il n’en fréquentait que très peu. De là vient que les uns le tinrent pour orgueilleux, d’autres pour bizarre et fantasque. Or, il n’avait ni l’un ni l’autre de ces défauts, mais l’amour de la perfection et la pratique continuelle des beaux-arts le faisaient vivre solitaire. L’art lui suffisait et faisait tellement ses délices que, loin de lui donner contentement, la société des hommes lui déplaisait, comme le détournant de ses méditations. Et, comme disait le grand Scipion, il n’était jamais moins seul que quand il était seul. » Condivi.

« Que nul ne s’étonne si Michel-Ange faisait ses délices de la solitude, étant amoureux de son art, qui réclame tout entier l’homme et sa pensée. Quiconque, en effet, veut s’appliquer à l’étude de l’art n’est jamais seul et sans pensée, et doit nécessairement fuir la société. Et ceux qui attribuent sa conduite à une humeur étrange ou fantasque sont dans leur tort. Car qui veut faire de belles œuvres doit éloigner de soi tous soucis et toutes importunités. Le talent a besoin de réflexion, de solitude, d’indépendance, et non de vagabondage d’esprit. » Vasari.

24.… a alguns fidalgos desmusicos da verdadeira harmonia. On retrouve cette expression p. 47,104 et 107.

25. M. de Vasconcellos suppose que les peintres ainsi désignés doivent être Alonso Berruguete, qui fut élève de Michel-Ange, et Pedro Machuca.

26. Fr. de Hollanda a laissé une liste des artistes « qui ont mérité d’être appelés aigles ». Elle comprend une cinquantaine de noms. Entre autres, parmi les peintres, Michel-Ange, Léonard de Vinci, Raphaël, Titien, Perino del Vaga, Polydore de Caravage, Sébastien del Piombo, Jules Romain, le Parmesan, Giotto, Mantegna, Pordenone, Perruguete, Machuca, Jean d’Udine, Quentin Metsys ; parmi les enlumineurs, Antonio de Hollanda et Giulio Clovio ; parmi les sculpteurs, Michel-Ange, Baccio Bandinelli, le Mosca, Donatello, Nino di Andrea Pisano, Jean de Nola, Torrigiano ; parmi les architectes, Bramante, Balthasar Peruzzi, Antonio da Sangallo, jacopo Melighino et Francisco de Hollanda, « le dernier des architectes » ; parmi les graveurs d’estampes, Albert Dürer, Marc-Antoine, Mantegna et Lucas de Leyde ; parmi les graveurs de médailles, Valerio de Vicence, Benvenuto Cellini, Caradosso, Moderno.

27, « Nous n’avons pas des esprits tellement obtus, et le soleil n’attelle pas ses coursiers si loin de la ville des Lysiens. » Ènéide, I, 567-8. Fr. de Hollanda a substitué le mot Lysia. À Tyria qui se trouve dans Virgile. 28. « Param bam » dixe M. Angela. Roqiiemont traduit : « Votre roi et vos princes font bien ». C’est n’avoir pas compris combier cette boutade est dans le caractère et les habitudes de Michel-Ange. Lorsqu’on lui montra la salle de la Chancellerie, où Vasari avait peint des faits de la vie de Paul III, on lui dit que cet immense travail avait été exécuté en cent jours seulement. « E’si comnsœ » (ça se voit), répondit-il sur le imême ton.

29. S. Silvestro in Capite, église construite par le pape Paul I°t (757-767) pour y conserver la relique de saint jiean dont parle Fr. de Hollanda. 30. Il est probable que Michel-Ange fait allusion aux fresques de Lorenzetti. Il y a aussi, dans le palais - communal.de Sienne, de remarquables- peintures de Simone Martini, de Taddeo di Bartolo, de Guido da Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/248 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/249 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/250 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/251 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/252 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/253 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/254 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/255 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/256 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/257 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/258 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/259 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/260 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/261 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/262 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/263 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/264 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/265 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/266 Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/267 101. C'est exact pour le Portugal. Mais, en Espagne, Diego de Sagredo avait publié à Tolède, dès 1526, le livre intitulé Medidas del Romano. Peut-être même circulait-il dans la péninsule, avant 1548, des copies manuscrites des Comentarios de la pintura que escribió D. Felipe de Guevara, gentilhombre de boca del Señor Emperador Carlos Quinto, quoiqu’ils n’aient été imprimés sous ce titre qu’en 1788, par les soins de D. Antonio Ponz, l'auteur bien connu du Viage de España.


TABLE DES NOMS DE PERSONNES ET DE LIEUX

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TABLE DES MATIÈRES



Quatre dialogues sur la peinture


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  1. La salutation angélique et La Pentecôte. V. p. 145.
  2. Il écrit, avec quelque affectation, le mot ΤΕΛΟΣ à la fin des Dialogues. Dans son livre de dessins, il a pris copie de diverses inscriptions grecques.
  3. On a de lui deux ouvrages archéologiques : De antiquitatibus Lusitaniæ et Descripçaõ das antiguidades de Evora.
  4. Sœur aînée de l’impératrice Isabelle. Elle avait épousé Charles III, duc de Savoie.
  5. Con lor Lattanzio e Claudio Tolomei. Ch. XLVI, st. 12.
  6. Du moins, sans rien écrire sur l’art ; car il composa en 1569 un poème intitulé Louvores eternos (louanges éternelles) et dédié à son Ange gardien.
  7. Le don de l’amitié.
  8. Depuis son retour d’Italic, Fr. de Hollanda avait reçu de la maison royale : en 1550, gratification de 25 cruzades, de la reine Catherine ; en 1551, pension viagère de 20.000 réis, de jean III ; en 1555, pension de trois muids de blé pendant trois ans, du même jean III ; en 1556, pension de deux muids de blé, octroyée par jean III en mémoire de l’infant Dom Luiz ; la même année, pension de 10.000 réis, legs de l’infant Dom Luiz ; en 1567, prolongation pour trois nouvelles années de la pension de trois muids de blé par le roi Dom Sébastien ; en 1568, pension de 16.500 réis pendant trois ans, par le même ; en 1570, nouvelle prolongation de la pension de trois muids de blé, par le même ; en 1580, nouvelle prolongation de la même, par Philippe II ; en 1583, pension de trois muids de blé et de 100.000 réis, transmissible à sa veuve, par Philippe II.
  9. Discursos leidos ante la Real Academia de Bellas Artes de San Fernando en la recepción de D. Marcelino Menéndez y Pelayo, Madrid, 1901.
  10. Les arts en Portugal, lettres adressées à la Société Artistique et Scientifique de Berlin, et accompagnées de documens, Paris, Renouard, 1846, in-8o.
  11. A. Lannau-Rolland, Michel-Ange poète, Paris, Didier, 1860. Charles Clément, Michel-Ange, Léonard de Vinci, Raphaël, Paris, Hetzel, 1867. Charles Blanc, Histoire des peintres de toutes les écoles. École florentine. Michel-Ange, Paris, 1876.
  12. Son second ouvrage Dictionnaire historico-artistique du Portugal, Paris, Renouard, 1847, reproduit avec plus d’ordre la plupart de ces documents.