Quand les violons sont partisLibrairie Léon Vanier ; A. Messein, SuccrPoésies complètes d’Édouard Dubus (p. 40-41).
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BALS

Pour Maurice Clouet-Dufée.

Flûtes et violons soupirant leurs accords,
Le bal frissonne et tourne et miroite aux bougies ;
Les yeux des belles font rêver des élégies ;
La fièvre rôde autour des âmes et des corps.

Une petite main gantée en la main prise,
Le rythme ensorceleur des valses, les parfums,
L’énigme à deviner en leurs souris si fins,
La folle-du-logis, elle aussi, tout les grise.

Elles s’attardent fort au bras des cavaliers,
Le sol est jonché des roses de leurs poitrines,
Les pétales foulés en gouttes purpurines
Saignent en la blancheur de leurs petits souliers.


— Nos belles, voulez-vous, à la place des roses,
Sur vos cœurs attacher nos cœurs ? Elles ont ri,
Et les cavaliers sont partis, le sein meurtri,
Perdus en l’infini des chimères moroses.

— Qui délire ce soir aux parfums affolants
Des lis fleuris en leurs corsages de dentelles ?
Les belles qui nous ont pris nos cœurs où sont-elles ?
Sur quel rythme endiablé s’envolent leurs volants ?

Les belles sont encore au bal ; de leurs poitrines
Tombent les cœurs ravis naguère aux cavaliers ;
Elles valsent toujours, et leurs petits souliers
Glissent éclaboussés de gouttes purpurines.