Quand les violons sont partis/Féerie
Quand les violons sont partis, Librairie Léon Vanier ; A. Messein, Succr, , Poésies complètes d’Édouard Dubus (p. 39).
FÉERIE
Pour Rachilde.
Des calices de lis chers aux vers luisants
Constellaient, telles de géantes opales,
Les bosquets parfumés de guirlandes, pâles
Comme la mer ondulant sur les brisants.
Une blanche fée, aux œillades câlines,
Devinant les petits Amours aux aguets,
Apparut ; des liserons et des muguets
Grelottaient sur la neige de ses malines.
Elle envoya des baisers vers les buissons,
Et, sans plus de bruit qu’un feu follet qui vole,
Loin, bien loin s’en fut : une brise frivole
L’enveloppant de caressantes chansons.
La nuit, du nuage flottant de ses voiles,
Tomba ; les petits Amours, lèvres en fleur,
L’appelèrent longtemps… Un vent de malheur
Emporta leur voix sanglotante aux étoiles.