Quand les violons sont partis/Soir de fête

Quand les violons sont partisLibrairie Léon Vanier ; A. Messein, SuccrPoésies complètes d’Édouard Dubus (p. 42).
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SOIR DE FÊTE

Les oiseaux bleus, qui s’envolèrent ce matin,
Avec un chant d’où ruisselaient des paradis,
Sont-ils blessés par la brûlure des midis
Qu’ils reviennent vers nous d’un coup d’aile incertain ?

Les roses du chemin, que nous cueillons tous deux,
Sont plus pâles et plus rares à chaque pas ;
De leurs pétales défaillants ne sens-tu pas
S’exhaler vers ton âme un rêve hasardeux ?

Dans les buissons, qui nous déchirent les genoux,
Les fleurs ont un regard ironique et fatal,
Cependant qu’un ciel bas, aux éclats de métal,
Silencieusement s’appesantit sur nous.

Ne vois-tu pas une agonie au firmament ?
Les lueurs qui tremblaient dans la brume du soir
Se meurent, et voilà, sans étoiles d’espoir,
La nuit où le vent pleure inconsolablement.