Poissons d’eau douce du Canada/Bars blanc

C. O. Beauchemin & Fils (p. 142-143).


LE BARS BLANC. — The White Bass (Roccus chrysops).

LE BARS BLANC

Roccus Chrysops. — The White Bass.


Ce poisson, autrefois très nombreux dans nos grands lacs d’Ontario, a perdu toute importance commerciale et finira par disparaître complètement, comme le salmo salar est disparu, comme s’en vont l’esturgeon et le doré par suite d’une pêche à tout prendre, tant au filet qu’à la seine. C’est un beau poisson d’eau douce, allié au bars, arrivant au poids de une à trois livres. Si les pêcheurs à la ligne le regrettent pour sa vaillance, les pêcheurs par état se réjouissent de sa disparition, parce qu’il était un terrible destructeur d’œufs de poisson blanc.

Ce serrannidé d’eau douce doit son nom et sa classification à Ratinesque : et c’est le professeur Gill qui en a donné la description suivante :

« Dos argenté, teinté d’or au-dessous de la ligne latérale, avec des rougeurs au-dessus ; flancs assombris longitudinalement par cinq ou six lignes brunes au-dessus de la ligne latérale, dont une d’elles est traversée par cette dernière ligne et par un nombre variable de pareilles ombres au-dessous de la ligne latérale, transposées d’un sujet à un autre et fort capricieusement distribuées. La ligne dorsale fortement recourbée : l’axe du corps au-dessous du milieu de sa hauteur ; tête conique, légèrement déprimée aux joues, bouche petite, presque horizontale ; yeux grands, mesurant de bien près, en diamètre, la longueur du museau. » Familier de la région des grands lacs, de la vallée du Mississipi et des territoires du nord, le bars blanc de taille moyenne offre un beau coup de ligne au pêcheur amateur. Il ne donne pas la fortune, mais il procure le plaisir. Sa pêche est très recherchée par les sportsmen qui fréquentent le lac Pepin.

Il n’y a aucun doute que le bars blanc est le poisson connu en France où il a été acclimaté et propagé de 1877 à 1879, par M. Cabronnier, sous le nom de bars blanc du Canada. Il nous quitte pour aller vivre là-bas ; puisse-t-il y perdre les défauts que nous lui reprochons et conserver les qualités que nous lui reconnaissons. On n’est pas plus brillant, mais aussi on n’est pas plus brigand.