Poëmes en prose (Louis de Lyvron)/La Chanson d’Arthur/VIII

Alphonse Lemerre (p. 79-80).
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viii



Le barde gaulois est sur un tertre vert, au milieu de la plaine, entre les deux armées ; – son cheval a volé plus vite que l’aigle des rivages.

Le barde est sur le tertre vert, une vierge est près de lui, sur un étalon blanc. Elle est couronnée de violettes, la vierge des batailles ; elle a de grands yeux caressants, la vierge à la lourde épée ; couchée sur son cheval blanc, elle ressemble à une goutte de lait sur un sain de marbre, la Walkyrie aux mains rouges.

Elle chante, la fille du soleil, et sa voix est douce à l’oreille des guerriers comme le pétillement de la bière dans une coupe neuve. Elle dit :

« Rochers, argentez vos cimes ! ajoncs, balancez sur vos branches vertes vos papillons d’or ! les épées vont ouvrir la porte du palais des braves. La table est servir ! les cornes sont pleines ! les épées vont ouvrir aux âmes des hommes les portes du ciel ! »

La Walkyrie étend la main, et, au premier rang, les chevaux tombent le front brisé.