Poésies (Quarré)/À Mme Jules Pautet




À Mme JULES PAUTET,


Sur son Album.




À Mme JULES PAUTET.



D’un époux adoré, femme aimable et chérie,
Te montrant tour-à-tour ou l’amante ou la sœur,
Camille, ange au doux nom, qui pour charmer sa vie
Répands avec amour les trésors de ton cœur ;

Comme un écho lointain dont la voix monotone
Ne peut redire, hélas ! que des sons empruntés,

Tandis que tout soupire, ou murmure, ou bourdonne,
Ou chante à ses côtés ;

Je ne puis rien t’offrir qu’un imparfait hommage,
Moi qui n’ai pas encore, étrangère à ton seuil,
De l’hospitalité, dans ton heureux ménage,
Reçu le doux accueil.

Mais ce n’est pas en vain que la voix m’y convie ;
Je viendrai quelque jour m’asseoir à ton foyer,
Où l’esprit, la bonté, ces parfums qu’on envie,
Charment le cours du temps et le font oublier.

Je viendrai prendre aussi ma part de la tendresse
Que ta vertu touchante inspire à tous les cœurs,
Et, comme un don chéri qu’engage une promesse,
De ta pure amitié réclamer les douceurs.

Alors sans doute, alors, sur ma lyre attendrie
Les chants naîtront d’eux-même aux accords de ta voix.
Le bonheur de t’aimer, à défaut du génie,
Fera frémir encor sa corde sous mes doigts.

Jusque-là cependant, loin de rester muette,
Elle redit, tout bas, les concerts d’alentour ;
Car, pour toi recueillis, les sons qu’elle répète
Sont des vœux de bonheur et des accens d’amour.