Poésie (Rilke, trad. Betz)/Nouvelles poésies/L’escalier de l’Orangerie
L’ESCALIER DE L’ORANGERIE Versailles
Comme des rois qui ne font plus qu’aller
presque sans but, finalement par habitude,
entre deux haies de révérences pour se montrer
de temps en temps dans leur manteau de solitude :
ainsi monte, seul entre les piliers
des balustrades qui s’effacent dès le départ,
lentement, par la grâce de Dieu, l’escalier,
va vers le ciel et ne mène nulle part ;
comme s’il avait ordonné à son escorte
de rester en arrière, — aussi nul n’ose même
le suivre, fût-ce de très loin. Pas un ne porte
sa lourde traîne.