Poèmes incongrus/L’Expulsion des Princes

Pour les autres éditions de ce texte, voir L’Expulsion.

Poèmes Incongrus : suite aux Poèmes mobilesLéon Vanier, bibliopole (p. 13-15).

L’EXPULSION


On n’en finira donc jamais
Avec tous ces n. de D. de princes ?
Faudrait qu’on les expulserait,
Et l’sang du peup’ il crie vingince !
Pourquoi qu’ils ont des trains royaux ?
Qu’ils éclabouss’ avec leur luxe
Les conseillers municipaux
Qui peut pas s’payer des bell’ frusques ?

D’abord les d’Orléans pourquoi
Qu’ils marient pas ses filles en France
Avec un bon vieux zig’ comme moi
Au lieur du citoyen Bragance ?
Ousqu’elle est leur fraternité ?
C’est des mufl’ sans délicatesse.
On leur donne l’hospitalité,
Qu’ils nous f… au moins leurs gonzesses !


Bragance on l’connaît c’t’oiseau-là,
Faut-il qu’son orgueil soye profonde !
Pour s’ét’f… un nom comm’ça.
Peut donc pas s’appeler comm’tout l’monde ?
Pourquoi qu’il nag’ dans les millions
Quand nous aut’ nous sont dans la dèche ?
Faut qu’on l’expulse aussi… mais non,
Il est en Espagne, y a pas mèche !

Ensuite, y a les Napoléons
Qui fait des rêves despotiques.
Il coll’ des affich’ aux maisons
Pour embêter la République.
Plonplon, si tu réclam’ encor,
On va t’fair’ passer la frontière,
Faut pas rater non plus Victor,
Il est plus canaill’ que son père !

Moi, j’vas vous dire la vérité :
Les princ’ il est capitalisse,
Et l’travailleur est exploité
C’est ça la mort du socialisse !
Ah ! si on écoutait Basly,
On confisquerait leur galette,
Avec quoi qu’l’anarchisse aussi
Il pourrait s’flanquer des noc’ chouettes !


Les princ’ c’est pas tout : plus de curés,
Plus de gendarmes ni d’mlélétaires !
Plus d’richards à lambris dorés,
Qui boit la sueur des prolétaires !
Qu’on expulse aussi Léon Say
Pour que l’mineur il s’affranchisse,
Enfin que tout l’monde soye expulsé,
Il rest’ra plus qu’les anarchisses !