Poèmes antiques et modernes/Madame de Soubise
MADAME DE SOUBISE
Sous-titre : A, Conte du xvie siècle.
I
« Arquebusiers ! chargez ma coulevrine ! Il est trop tard ; le bourdon Notre-Dame II« Donnez une épée, Et mes pistolets, IIILe Baron parle ainsi par la fenêtre ; IVUne haquenée V» Vous descendez des hauts barons, ma mie ; VI» La voyez-vous croître VIILe vieux Baron, en signant sa poitrine. VIII— « Huguenot profane, IXMarie ordonne à tout son équipage XMurs de Saint-Eustache ! XIDieu fasse grâce à l’année où nous sommes ! XIIUn moine qui masque XIII« Place ! dit-il ; tenons notre promesse Chacun son lot, le dedans me regarde ; XIV— « Je viens sans mon père, XVLe blessé dit : « Il n’est plus temps, madame ; XVI« Je sens fuir mon âme ! XVIICe fut ainsi qu’Anne devint duchesse : |
- ↑ La vraye et entière histoire des trovbles et gverres civiles avenuës de notre temps pour le faict de la religion tant en France, Allemaigne que pays-bas, recueillie de plusieurs discours Français et Latins et réduite en dixneuf livres, par I. Le Frère, de Laval ; de nouveau reveuë, corrigée et augmentée en plusieurs endroits par le mesme autheur. Seconde édition. Paris, 1574, in-8o. — Le passage qui sert d’épigraphe au poème se trouve au livre XIX, f° 519 v°. La suite ne fournit sur la Saint-Barthélémy, dont le récit est très succinctement traité, aucun détail qui ait passé dans la pièce d’A. de Vigny. La première édition ne contenait que 18 livres ; une troisième (Paris, 1584), qui en comprend 38, donne un tableau beaucoup plus complet du massacre ; mais on n’y retrouve plus la phrase citée par Vigny. Quelques pages du livre XX semblent pourtant contenir toute la substance historique qui, plus ou moins accommodée, a passé dans l’œuvre du poète : De Leyran, sujet au Roy de Navarre, eschappé d’un nombre de coups qui lui faisoient rendre le sang de tous costez, gagne la chambre de la Roine de Navarre, qu’il vit ouverte fort à propos : où il trouva son salut dans la douceur des dames. Le baron du Pont, en Bretagne, surnommé de Soubize pour l’alliance prise avec Damoiselle Catherine de Parthenay, seule héritière de Soubize, avoit jà esté renversé corps sans âme par un autre corps de garde, comme il vouloit aller trouver l’Amiral (p. 558). — Entre les Seigneurs François qui furent remarquez avoir garanti la vie à plus de confederez, les Ducs de Guyse, d’Aumale, Biron, Bellieure, et Walsingham, ambassadeur anglais, les obligèrent plus ; le Roy mesme sauva la vie à plusieurs autres, qui l’asseurèrent d’aller à la Messe et quitter leur religion (p. 559). — S’il n’a pas puisé ces détails dans l’ouvrage de Jean Le Frère, Vigny a pu tout aussi bien les glaner dans les Mémoires du temps (Lestoile, Brantôme, Marguerite de Valois), à moins qu’il ne les ait trouvés réunis dans l’Histoire de la Saint-Barthélemy de J.-V. Audin, Paris, 1826, notamment p. 264 et 268. Ce qui est certain, c’est qu’il n’y a pas eu en 1572 de gentilhomme qui, de son chef, fût duc de Soubise ni qui se soit converti au catholicisme in extremis ; que Catherine de Parthenay, qui avait hérité de son père la seigneurie de Soubise, était une fervente calviniste, qui devint par un second mariage avec René de Rohan, la mère des deux chefs du parti protestant sous Louis XIII. Henri de Rohan et Benjamin de Soubise.
- ↑ Var : A-C2, Jusqu’au pavé
- ↑ Var : A-C3, le pain et le vin.
- ↑ Saint Paul, Ephès., II, 19-22 : Vous n’êtes donc plus des étrangers qui sont hors de leur pays et de leur maison ; mais vous êtes citoyens de la même cité que les saints, et domestiques de la maison de Dieu, puisque vous êtes édifiés sur le fondement des Apôtres et des Prophètes, et unis en Jésus-Christ qui est lui-même la principale pierre de l’angle, sur lequel tout l’édifice étant posé s’élève et s’accroît dans ses proportions et sa symétrie, pour être un saint temple consacré au Seigneur ; et vous-mêmes aussi, ô Gentils, vous entrez dans la structure de cet édifice, pour devenir la maison de Dieu par le Saint Esprit.