Poèmes (Canora, 1905)/Sérénité matinale

(p. 67).

II

SÉRÉNITÉ MATINALE


 
L’air est frais, le soleil luit dans le ciel bleu-pâle,
La campagne est silencieuse. Seul, lointain,
Un laboureur répète un antique refrain
Qui, des sillons fumants, comme un parfum s’exhale.

L’homme suit les chevaux, et son bras vigoureux
Presse le soc tranchant qui fait crier la terre,
Son cœur simple et naïf méprise la chimère
Pourvu qu’il ait du pain, toujours, il est heureux.

Combien de laboureurs ont chanté dans ces plaines
Avec le sol des champs aujourd’hui confondus ?…
Et le poète rêve à ceux qui ne sont plus
Et le vent fait neiger les feuilles des grands chênes.