Poèmes (Canora, 1905)/Rêves dorés

(p. 28-29).


IV

RÊVES DORÉS


Je l’adorais jadis et je ne voyais qu’elle,
Je m’enivrais, au bal, de son rire joyeux,
À mon âme d’enfant, elle semblait plus belle
Qu’une déesse blonde au front mystérieux…

Les jours se sont enfuis, emportant leur chimère,
Jamais son cœur léger n’avait compris le mien.
Hier je l’ai revue, ainsi qu’une étrangère ;
De mon amour passé, ne restait-il plus rien ?

Mais je souffrais, pourtant, j’aurais voulu lui dire :
Avez-vous oublié ? Mais non… c’était fini.
Et prêt de sangloter, j’ai lutté pour sourire,
Sentant naître en mon cœur comme un vide infini.


Voluptés, amitiés, étreintes frémissantes,
Longs regards échangés au déclin d’un beau jour,
Ô réveillerez-vous, en mon âme souffrante,
Le beau rêve étoilé de mon premier amour ?