Pleureuses/34
DEMI-RÊVE
Voici le conte qui s’achève,
Oh ! c’est que rien n’est oublié !…
Voici la fatigue qui rêve
De vieille enfance et de pitié.
Voici la fatigue qui pleure,
Qui pleure pour nous et pour toi ;
Vois-tu, la paix est la meilleure
Qui vient, tremblante encor, vers moi.
Ma pitié, c’est de l’innocence
Qui ne peut jamais consoler,
C’est la prière du silence,
Et l’amour que l’on laisse aller…
Quel parfum de mélancolie
Donne le songe du passé…
J’ai rêvé de ce que j’oublie,
Je vis de ce qu’on m’a laissé.
Ô bon passé, toi qui me charmes,
Ô vague hiver où j’ai pâli,
Revenez, les maux et les larmes,
Dans le sourire de l’oubli.
Pourquoi le passé se lamente ?…
Il m’est un neuf et doux espoir…
J’ai besoin de son ombre aimante,
Puisque dehors c’est le vrai soir.
La bonne soirée où je trône
S’attarde alors en soins confus,
Et divinise d’une aumône
Le pauvre, pauvre que je fus…