Chapitre II. — Les occlusives
§ 7. Les occlusives sont labiales, dentales ou gutturales. Elles sont par ailleurs, comme les autres consonnes du parler, vélaires ou palatales. Elles peuvent enfin être pures (buccales) ou nasales. Les occlusives pures comportent l’opposition nette de sourdes et de sonores. Il existe aussi une variété de sonores assourdies, mais qui ne donne pas lieu à des oppositions caractéristiques. Les occlusives nasales sont sonores, dans notre parler. Dans certaines positions apparaît cependant une variété partiellement assourdie (cf. § 238).
§ 8. Les occlusives pures sourdes sont des fortes de type germanique, dont l’aspiration est cependant moins considérable qu’en allemand du nord, ou même qu’en anglais (tel qu’on le parle en Angleterre, non en Irlande). Les cordes vocales écartées durant la tenue se rapprochent rapidement sitôt après l’explosion, si bien que le souffle qui suit cette explosion donne assez nettement l’impression d’un h. L’aspiration est plus nette pour la série vélaire que pour la série palatale. Une prononciation non aspirée, rappelant les occlusives sourdes françaises, peut apparaître occasionnellement, particulièrement dans la série palatalisée et à la finale après certains phonèmes (cf. § 30).
L’énergie articulatoire est considérable.
§ 9. Les occlusives pures sonores sont des douces, prononcées avec une énergie articulatoire moindre. Entièrement sonores en position intervocalique ou en contact avec des phonèmes sonores, elles sont susceptibles d’être assourdies dans leur première partie à l’initiale absolue ou après phonème sourd, dans leur deuxième partie à la finale absolue ou devant phonème sourd. En aucun cas, au reste, la confusion n’est possible avec les sourdes, fortes et aspirées.
Les phonèmes notés b̬ (b̬ʹ) et g̬ (g̬ʹ) sont des douces assourdies non aspirées.
pɑkə (paca) « paquet ». | bɑkə (bacadh) « boiter ». |
pᴀᴜl (poll) « trou ». | bᴀᴜl (ball) « membre ». |
pʲaᴜn (peann) « plume ». | bʲaᴜn (beann) « promontoire ». |
bʹi꞉nʹ (binn) « mélodieux ». | pʹi꞉nʹ (pinn) gén. de pʲaᴜn « plume ». |
tᴜꞏə (tuagh) « hache ». | dᴜꞏə (duagh) « peine ». |
gə dʹëinʹ (go deimhin) « certes ». | gə tʹëinʹ (go teinn) « douloureusement ». |
tʹαs (teas) « chaleur ». | dʹαs (deas) « joli ». |
tɑ꞉ (tá) « est ». | dɑ꞉ (dá) « si ». |
krɑ꞉ (crádh) « ennui » | grɑ꞉ (grádh) « amour » |
krʹαs (creas) « étincelle » | grʹαs (greas) « petite quantité » |
kʹe꞉ (cé) « qui ». | gʹe꞉ (gé) « oie ». |
kɑ꞉ (cá) « où ». | gɑ꞉ (gádh) « bénéfice ». |
kʷë꞉ᵊl (caol) « étroit ». | gʷë꞉ᵊl (gaol) « parenté ». |
Cette opposition joue par ailleurs un rôle important dans la morphologie du parler : par exemple ǥʷɪdʲəχ ʃeꞏ (ghoideadh sé) « il avait coutume de voler » en face de ǥʷɪtʲəχ ʃeꞏ (ghoidfeadh sé) « il volerait », ou encore, à l’initiale, ə klᴀᴜn (a clann) « ses enfants (à elle) » en face de ə glᴀᴜn (a gclann) « leurs enfants », etc.
L’opposition sonore — sonore-assourdie ne joue aucun rôle, l’apparition de ce dernier type de phonèmes étant déterminée extérieurement.
§ 11. Les occlusives nasales sont articulées avec une énergie bien moindre encore que les sonores pures. L’occlusion est souvent à peine réalisée et il s’en faudrait de très peu qu’elle cessât d’être complète. La sonorité est, en général, complète. La nasalisation commence d’ordinaire sensiblement avant l’implosion et se prolonge le plus souvent un temps appréciable après l’explosion. L’articulation est sensiblement plus énergique et la nasalisation plus forte en position initiale qu’en position médiane ou finale.
bo꞉ (bó) « vache ». | mo꞉ (mó) « plus grand ». |
bʹi꞉nʹ (binn) « mélodieux ». | mʹi꞉nʹ (mín) « doux ». |
dɑ꞉ (dá) « si ». | nɑ꞉ (ná) négation de l’impératif. |
dʹi꞉lʹ (d’fhíll) « tourna ». | nʹi꞉lʹ (níl) « n’est pas ». |
Ce genre d’opposition, assez rare dans le vocabulaire, est des plus répandus en morphologie, où jouent un rôle essentiel des alternances commes celle qui opposent : ə bo꞉ (a bó) « sa vache (à elle) » à ə mo꞉ (a mbó) « leur vache », ə gno꞉ « son affaire » à ə ŋno꞉ (a ngnó) « leur affaire ».
§ 13. Vélaires. — Les labiales vélaires sont articulées avec les lèvres légèrement avancées, quoique non arrondies. La vélarisation est des plus nettes. Devant voyelle d’avant ou mixte d’avant on entend nettement après l’explosion un glide velaire w (cf. 2e partie, chap. 1, ii). Devant voyelle d’arrière ou mixte d’arrière la qualité vélaire de l’occlusive est encore nette, mais sans glide audible.
p est une occlusive labiale sourde, forte, aspirée, vélaire ; quand p est suivi du glide w, celui-ci est sourd, du fait de l’aspiration qui suit le p.
p se rencontre en contact avec des voyelles et avec des consonnes (excepté s. Cf. § 16).
pᴀᴜl (poll) « trou » ; pɑ꞉ʃtʹɩ (páiste) « enfant » ; padʹɩrʹ (paidir) « prière » ; pɔbəl (pobal) « peuple, congrégation » ; po꞉sə (pósadh) « épouser » ; po꞉g (póg) « un baiser » ; pᴜs (pus) « moue » ; pʷᴇ̈꞉ᵊr (paor) « idiot, tête de turc » ; pʷɪ꞉hɩrʹəχt (paoithireacht) « siffler, huer » ; pʷɪhi꞉nʹ (puithín) « souffle léger » ; plᴜk (pluc) « joue gonflée » ; prɑs (pras) « vif, rapide ».
əprᴜ꞉n (aprún) « tablier » ; lᴜ꞉pəd (lúbfad) « je courberai », de lᴜ꞉bʷɩm, (lúbaim) « je courbe » ; lʹαpəχə (leabthacha) plur. de lʹαbʷɩgʹ (leabaidh) « lit » ; sg̬rʹi꞉ᵊbʷɩmʹ (sgríobaim) « j’égratigne » ; tɑpʷɩgʹ (tapaidh) « rapide » ; tʲaᴜmpəl (teampall) « église, temple ».
kɔrp (corp) « corps » ; sɔp « brin de paille ».
b s’articule comme p, mais est sonore, non aspiré, et l’énergie articulatoire est moindre. Le glide w, là où il se produit, est sonore.
b se rencontre dans les mêmes conditions que p.
bɑ̃꞉n (bán) « blanc » ; banʹɩ (bainne) « lait » ; bɑnəv (banbh) « porcelet » ; bᴀᴜl (ball) « membre » ; bʌrəb (borb) « grossier » ; bᴜn (bun) « fond » ; bʷᴇ̈꞉h (baoth) « simple d’esprit ; bʷɪ꞉ (buidhe) « jaune » ; blɑs (blas) « accent » ; bro꞉g (bróg) « soulier » ; sə bᴀᴜl (insan bpoll) « dans le trou » ; ɑ꞉r badʹɩrʹəχə (ár bpaidreacha) « nos prières ».
lʹαbə (leaba) ou lʹαbʷigʹ (leabaidh) « lit ».
ɔbən (obann) « soudain » ; rᴇ̈꞉ᵊbə (réabadh) « déchirer » ; do꞉bʷɩrʹ (d’fhóbair) « peu s’en fallut que » ; təbɑ꞉ʃtʹɩ (tubáiste) « calamité » ; ɑbʷɩrʹ (abair) « dis ».
kɑb (cab) « bouche » ; pʹrʹαb (preab) « saut, sursaut » ; gɔb (gob) « bec » ; sg̬ᴜꞏəb (sguab) « balais ».
b̬ est une forme assourdie de b, qui n’apparaît qu’après s, et, par ailleurs, dans les mêmes conditions que b.
sb̬ərɑ̃꞉n (sparán) « bourse » ; sb̬alʹpʹi꞉nʹ (spailpín) « ouvrier agricole, vagabond » ; sb̬ərɑ꞉ⁱlʹ (sparáil) « économiser » ; αsb̬ə (easba) « manque » ; ɑsb̬əg (easbog) « évèque » ; sb̬lᴀᴜŋk (splannc) « éclair » sb̬rʌχəl (sprochall) « peau pendante ».
m s’articule comme b, mais est fortement nasalisé dans toute sa la voyelle qui précède un m implosif et celle qui suit un m durée explosif sont en général plus ou moins nasalisées (cf. pour la nasalisation § 127).
L’énergie articulatoire est moindre que pour b.
Près de h, m est susceptible d’être partiellement assourdi, particulièrement dans l’élocution rapide (cf. pour la nature de cet h § 87) ; m implosif est alors demi-long.
m se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes vélaires.
mɑk (mac) « fils » ; mɑ꞉ⁱrʹi (Máire) « Marie » ; madʹɩnʹ (maidin) « matin » ; mᴀᴜl (mall) « lent » ; mɔlə (moladh) « louer » ; məlaꞏχ (mullach) « sommet » ; mᴜ꞉ⁱnʹi (múineadh) « enseigner » ; mʷᴇ̈꞉ᵊl (maol) « chauve » ; mʷɪ꞉lʹ (moill) « délai » ; mnɑ̃꞉ (mná) gén. de bʹαn (bean) « femme » ; mrαxtɩnʹtʹ (mrachtaint) « subsister » ; smɑχt (smacht) « châtiment » ; smᴜt (smut) « bout, fragment » ; ɑ꞉r mɑ꞉s (ár mbás) « notre mort » ; dᴜ꞉rtʹ ʃeꞏ gə mᴜꞏɛlʹhəχ ʃeꞏ mʹeꞏ (dubhairt sé go mbuailfeadh sé mé) « il a dit qu’il me battrait ».
ᴀɪməd (adhmad) « bois » ; bᴀᴜmbərnʹɩ (bambairne) « rustre » ; ᴜ꞉mpᴜ꞉ (iompódh) « retourner » ; krᴀᴜmhəd (cromfad) futur de krɔmʷɩmʹ (cromaim) « je courbe » ; lᴀᴜmhəd (lomfad) futur de lɔmʷɩmʹ (lomaim) « je me dépouille, je deviens chauve » ; kᴜ꞉mhə (cumtha) « bien fait » ; krᴀᴜmhə (cromtha) « courbé ».
ɑrəm (arm) « arme » ; lᴀᴜm (lom) « maigre » ; gʌrəm (gorm) « bleu » ; trᴀᴜm (trom) « lourd ».
§ 18. Labiales palatales. — Celles-ci sont articulées avec les lèvres tendues sur les dents, les coins de la bouche ramenés en arrière. La palatalisation est nette. Devant voyelle d’arrière ou mixte d’arrière, on entend après l’explosion un glide palatal j (cf. 2e partie, chap. i, ii). Devant voyelle d’avant ou mixte d’avant la palatalisation est nette, mais sans donner lieu à un glide audible.
pʹ est une occlusive labiale, sourde, forte, aspirée, palatale. Quand pʹ est suivi du glide j celui-ci est sourd, du fait de l’aspiration qui suit le pʹ.
pʹ se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes palatales (excepté ʃ. Cf. § 21).
pʹiꞏən (pian) « peine » ; pʹikʹtʲu꞉ⁱrʹ (pictiúir) « photographie » ; pʹi꞉ᵊpə (píopa) « pipe » pʹe꞉ (pé) « quiconque » ; pʹe꞉ʃtʹɩ (péiste) gén. de pʹiꞏəst (piast) « dragon » ; pʹαtə (peata) « favori, enfant gâté » ; pʲaᴜn (peann) « plume » ; pʲᴜ꞉nt (piúnt) « pinte » ; pʲλbər (piubar) « poivre » ; pʹrʹi꞉ᵊχɑ̃꞉n (príochán) « corbeau » ; pʹlʹe꞉ʃᴜ꞉r (pléisiúr) « plaisir ».
bʷɪ꞉mʹpʹe꞉ʃ (buimpéis) « bas » ; kapʹi꞉nʹ (caipín) « casquette » ; sb̬alʹpʹi꞉nʹ (spailpín) « vagabond » ; sɪpʹ (suip), gén. de sɔp (sop) « brin de paille».
bʹ s’articule comme pʹ, mais est sonore, non aspiré, et l’énergie articulatoire est moindre. Le glide j, là où il apparaît, est sonore.
bʹ apparaît dans les mêmes conditions que pʹ.
bʹir (bior) « pointe » ; bʹi꞉nʹ (binn) « mélodieux » ; bʹi꞉al (béal) « bouche » ; bʹᴇrʹimʹ (beirim) « je porte » ; bʹαn (bean) « femme » ; bʲaᴜltɩnʹɩ (bealtaine) « Mai » ; bʲo꞉ (beó) « vivant » ; bʹrʹαk (breac) « bigarré» ; bʹrʹᴇkʹfɑꞏstə (breakfast) « petit déjeuner » ; bʹlʲɑ꞉kəχ (bleácach) « individu petit, chétif » ; bʹlʹαʃtʹ (bleaist) « pitance » ; ɑ꞉r bʹαkʷɪ꞉ (ár bpeacaí) « nos péchés ».
abʹɩgʹ (abaidh) « mûr » ; ɛbʹⁱrʹɩ (oibre), gén. de ɔbʷɩrʹ (obair) « travail » ; krᴜ꞉ⁱbʹi꞉nʹ (crúibín) « pied de cochon » ; sᴜ꞉ⁱlʹ rɪbʹɩ (súil ruibe) « collet (à lapin) ».
gʷɪbʹ (guib), gén. de gɔb (gob) « bec » ; drɪbʹ (druib) « eau sale ».
b̬ʹ est une forme assourdie de bʹ qui n’apparaît qu’après s.
sb̬ʹαl (speal) « une faux » ; sb̬ʹe꞉rʹ (spéir) « ciel » ; sb̬ʹe꞉ʃ (spéis) « apparence » ; sb̬ʹe꞉ʃʲɑ꞉ltə (speisiálta) « spécial » ; sb̬ʹrʹì꞉aχ (spréach) « étincelle » ; sb̬ʹrʹo꞉tə (spreóta) « copeau » ; sb̬ʹrʹidʹ (spioraid) « esprit, énergie » ; sb̬ʹrʹe꞉ (spré) « dot, richesse ».
§ 22. mʹ (écrit m, et, à l’initiale, mb‑).
mʹ s’articule comme bʹ, mais est fortement nasalisé dans toute sa durée ; la voyelle qui précède mʹ implosif et celle qui suit mʹ explosif sont partiellement nasalisées (cf. pour la nasalisation § 127).
L’énergie articulatoire est moindre que pour bʹ.
Au voisinage de h, mʹ est susceptible d’être partiellement assourdi (cf. § 238).
mʹ se rencontre en contact avec des voyelles, des consonnes palatales, ou après s.
mʹilʹiʃ (milis) « doux » ; mʹe꞉dʹ (méid) « quantité » ; mʹᴇrʹigʹ (meirg) « rouille » ; mʹαs (meas) « estime » ; ɩ mʹαsg̬ (a measg) « parmi » ; mʹëirʹ (meidhir) « gaité » ; mʲɑ̃꞉nᴇ̈꞉s (meadhon-aos) « âge moyen » ; mʲᴜ꞉nᴜ꞉ⁱlʹ (meónamhail) « capricieux » ; ɩ mʹlʹiꞏənə (i mbliadhna) « cette année » ; smʹi꞉ʃtʹɩ (smíste) « gros morceau » ; smʹɩgʹi꞉nʹ (smigín) « menton » ; smʹì꞉ar (sméar) « baie, mûre ».
aimʹʃirʹ (aimsear) « temps, température » ; kʹɩmʲɑ꞉d (coimeád) « garder » ; ʃᴇmʹinʹtʹ (seimint) « jouer des instruments » ; tʹi꞉mʹpəl (timpeall) « autour ».
§ 23. Vélaires. — Dans l’articulation des dentales vélaires (ou, plus exactement, vélarisées) l’occlusion est formée par toute la partie frontale de la langue, appuyée contre les dents supérieures. La pointe de la langue se trouve, selon les sujets, soit contre la séparation des dents, soit plus souvent contre les dents inférieures. La partie postérieure de la langue est soulevée dans la direction de la position u. La vélarisation, quoique toujours audible, est cependant moins sensible que dans le cas des labiales vélaires ; en effet la position de l’avant de la langue rend impossible un retrait assez considérable pour permettre la production d’une demi-consonne vélaire ; aussi, même devant voyelle d’avant ou mixte d’avant ne se produit-il pas de glide w séparément perceptible.
Les lèvres se règlent quant à l’ouverture sur les phonèmes environnants, avec tendance cependant à être lâches, quoique non arrondies.
t est une occlusive dentale sourde, forte et vélarisée ; t est normalement aspiré sauf dans le cas où il est précédé de s ou χ. Dans ce cas l’on a un ‑t- non perceptiblement aspiré, et prononcé avec une énergie articulatoire moindre.
t se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes vélarisées, même avec s (contrairement à ce qui se passe pour p et k).
tɑ꞉ (tá) « (il) est » ; tɑrəv (tarbh) « taureau » ; tᴀᴜn (tonn) « vague » ; təni꞉ (tanaidhe) « mince » ; tᴀrt (tart) « soif » ; to꞉gʷɩmʹ (tógaim) « je lève » ; tᴜꞏərʹɩmʹ (tuairim) « opinion » ; tɪgʹɩmʹ (tuigim) « je comprends » ; tᴇ̈꞉ᵊs (taos) « pâte » ; tlɑ꞉h (tláth) « aimable » ; tnᴜ꞉hɩrʹɩ (tnúthaire) « vaurien » ; trʌsg̬ə (trosgadh) « jeûner » ; trɑ꞉ⁱgʹ (tráigh) « rivage » ; ən tahɩrʹ (an t‑athair) « le père » ; ᴇ̈꞉ᵊn tɪ꞉mʹ (aon tsuim) « aucune estime ».
sto̤k (stoc) « gros bétail » ; strainʹ (straidhn) « crise (de fureur) » strɑpʷɩrʹɩ (strapaire) « homme grand et robuste » ; stɪrʹɩmʹ (stuirm) « tempête ».
bᴀᴜtə (babhta) « une fois » ; kʹïtᵊrᴜ꞉ntə (ciotrúnta) « querelleur » ; nə kʹì꞉atə (na céadtha) « des centaines » ; plur. de kʹì꞉ad (céad) « cent » ; stɑtəd (stadfad), fut. de stɑdɩmʹ (stadaim) « je m’arrête » ; stɑtəhə (stadtha) « arrêté », participe du même verbe.
kɑt (cat) « chat » ; slɑt (slat) « baguette » ; fo̤lt (folt) « cheveu » (on a aussi fo̤lh, cf. § 90) ; sɑgərt (sagart) « prêtre » ; t non aspiré : blɑstə (blasta) « qui a de la saveur » ; fənaꞏχt (fanacht) « demeurer » ; lᴜχt (lucht) « gens, peuple » ; ʃαχt (seacht) « sept ».
d s’articule comme t, mais est sonore, non aspiré, et prononcé avec une énergie articulatoire moindre.
d se rencontre dans les mêmes conditions que t, excepté qu’il ne se rencontre pas après s.
dɑ̃꞉n (dán) « poème » ; dᴀᴜl (dall) « aveugle » ; dʌrən (dorn) « poing » ; do꞉χəs (dóchas) « espoir » ; dᴜv (dubh) « noir » ; dɪ꞉ (duibhe), comp. du précédent ; dᴇ̈꞉ᵊr (daor) « cher » ; dlᴜ꞉h (dlúth) « chaîne (d’un tissu) » ; drʌhɑ꞉ (drochshádh) « mauvaise situation» ; drɪ꞉, ʃaᴜndrɪ꞉ (draoi, seandraoi) « druide, sorcier » ; ɛr ə dɑləv (ar an dtalamh) « par terre ».
blɑdər (bladar) « flatter » ; fᴜꞏədəχ (fuadach) « enlever » ; ì꞉adᵊrəm (éadrom) « léger » ; ʃʲo꞉rdɑ̃꞉n (seordán) « extinction de voix » ; gədɪ꞉ (gadaidhe) « voleur».
ɑ꞉rd (árd) « haut » ; ì꞉ad (éad) « jalousie » ; nʹαd (nead) « nid » ; stɑd (stad) « arrête ! » ; ᴜ꞉d (úd) « là ».
Il n’existe pas de d assourdi, parallèle à b̬. C’est en effet t que l’on a après s.
n est un des phonèmes dont l’articulation varie le plus avec la position dans le mot, au point que l’on pourrait presque distinguer une variété N et une variété n. Comme la répartition de ces deux variétés, au reste peu tranchées, est déterminée extérieurement, il a paru inutile de les distinguer dans la transcription.
A l’initiale, ou appuyé sur une dentale précédente (s, t, ou, exceptionnellement, r) ou suivante (d, t, s, l, r) n s’articule comme d, mais est fortement nasalisé sur toute sa durée. La nasalisation commence de se produire sensiblement avant l’implosion et se prolonge sensiblement après l’explosion. L’énergie articulatoire est un peu moindre que pour d, mais l’occlusion est aussi parfaite, et se produit sur une surface, semble-t‑il, sensiblement égale.
En revanche, en dehors de ces cas, c’est-à-dire en position médiane ou finale, en contact avec des voyelles ou avec des consonnes non dentales, n est prononcé avec une tension bien moindre, l’occlusion tendant à n’être pas parfaite, et n’ayant lieu que sur une surface réduite. La partie frontale de la langue, au lieu d’être pressée énergiquement contre les dents, les touche simplement, et cela durant un temps plus court. La première variété de n apparaît, en contraste avec la. seconde, comme une demi-longue.
L’une et l’autre variété sont susceptibles d’être partiellement assourdies au voisinage de h (pour exemples, cf. § 238).
n se rencontre dans les mêmes conditions que d, et même après s.
nɑ꞉ⁱrʹɩ (náire) « honte » ; nɔlɩgʹ (nodhlaig) « Noël » ; no꞉ (nó) « ou » ; nᴜꞏə (nuadh) « nouveau » ; naλⁱdʹ (namhaid) « ennemi » ; nᴇ̈꞉ᵊv (naomh) « saint » ; nɪ꞉ᵊnɑ̃꞉n (naoidheanán) « enfant nouveau-né » ; tɑ꞉ⁱmʹ ə nɑ̃꞉n (táim i ndán) « je puis ».
snɑ꞉həd (snáthad) « aiguille » ; snɑs (snas) « élégance » ; tnɑ̃꞉hɩmʹ (tnáthaim) « je fatigue » ; bʲɑ꞉rnə (bearna) « crevasse ».
brᴀᴜndə (brannda) « eau-de-vie » ; brᴀᴜntənəs (bronntanas) « présent » ; kʲaᴜnsə (ceannsa) « poli, aimable » ; ì꞉anləhə (éanlaithe), plur. de ì꞉an (éan) « oiseau » ; sg̬ᴀᴜnrə (sgannradh) « terreur ».
ɑnəm (anam) « âme » ; ənᴀᴜl (anall) « en venant du côté opposé » ; dᴜ꞉nə (dúnadh) « fermer » ; gᴜnə (guna) « fusil » ; ənɪrʹɩgʹ (anuirigh) « l’an dernier » ; brɔnɩmʹ ou brʌnɩmʹ (bronnaim) « je fais cadeau de ».
ərɑ̃꞉n (arán) « pain » ; brõ꞉n (brón) « chagrin » ; fʲᴜ̃꞉n (fiunn) « blond » ; rᴜ̃꞉n (rún) « secret » ; sɑlən (salann) « sel ».
§ 29. Palatales. — Dans l’articulation des dentales palatales l’occlusion est formée avec la pointe et la partie frontale de la langue appuyées contre les dents supérieures et la partie inférieure des alvéoles (c’est-à-dire un peu plus haut que dans le cas des dentales vélaires). Le dos de la langue est soulevé, quant à sa partie avant, dans la direction de la position i. Il s’agit donc, non de palatales véritables, mais de sons palatalisés.
Devant voyelles d’arrière ou mixtes d’arrière on entend après l’explosion un glide palatal j.
Les lèvres se règlent quant à l’ouverture sur les phonèmes avoisinants, mais avec tendance à être tendues sur les dents, les coins de la bouche étant ramenés en arrière.
tʹ est une occlusive dentale, sourde, forte et palatalisée ; tʹ est normalement aspiré, sauf quand il est précédé de ʃ ou χ. Après lʹ, nʹ, la palatalisation est très réduite.
Là où tʹ est suivi du glide palatal j, celui-ci est assourdi par l’aspiration.
tʹ se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes palatales, ainsi qu’après r ou χ.
tʹi꞉rʹ (tír) « terre » ; tʹinʹɩ (teine) « feu » ; tʹëinʹ (teinn) « douloureux » ; tʹehə (teiche) « fuir » ; tʹαs (teas) « chaleur » ; tʲo꞉rə (teóra) « limite » ; tʲλv (tiubh) « touffu » ; ʃtʹiꞏəl (stiall) « coup » ; ʃtʲᴜ꞉rᴜ꞉ (stiúrughadh) « diriger » ; tʹrʹiꞏəl (triall) « voyage » ; tʹigʹ tʹαχ nɑ꞉ ɑ꞉ⁱtʹrʹəv (tigh, teach ná áitreabh) « aucune espèce d’habitation» ; ɩnʹ tʹimʹɩnʹi꞉ (an t‑imshníomh) « le souci » ; ɩnʹ tʹαnəvʹαn (an tseanbhean) « la vieille femme ».
bʹrʹi꞉ʃtʹɩ (bríste) « pantalon » ; kəlɑ꞉ʃtʹɩ (coláiste) « collège » ; lʹᴇtʹɩ (leite) « porridge » ; kətʹi꞉ᵊntə (coitcheannta) « usuel » ; lʹitʹɩrʹ (leitir) « lettre » ; tɑ̃꞉ⁱnʹtʹɩ (táinte) « troupeaux » ; cf. is fʲɑ꞉r ən tlɑ̃꞉ⁱnʹtʹɩ nɑ꞉ nə tɑ̃꞉ⁱnʹtʹɩ ɛr χno̤k (is fearr an tsláinte ná na táinte ar chnoc) « mieux vaut la santé que des troupeaux sur la colline » ; gʷɪtʹɩ ʃeꞏ (goidfidh sé) « il volera » de gʷɪdʹɩmʹ (goidim) « je vole » ; gʷɪtʹəhə (goidthe) « volé ».
αtʹ (ait) « bizarre » ; katʹ (cait), gén. de kɑt (cat) « chat ».
§ 31. tʹ avec palatalisation réduite ; kʹigʹɩlʹtʹ (cigilt) « chatouiller » ; fɑ꞉ⁱlʹtʹ (fagháilt) « recevoir » ; mʷɪlʹtʹ (muilt), gén. de mo̤lt (molt) « bélier» ; kʹᴇlʹtʹ (ceilt) « cacher» ; bʷɪnʹtʹ (baint) « arracher » ; fʹì꞉aχɩnʹtʹ (feuchaint) « regarder » ; rainʹtʹ (rainnt) « division ».
tʹ non aspiré : ərɪʃtʹ (arist) « de nouveau » ; jinʹɩdʹi꞉ʃtʹ (dheinidís) « ils faisaient » ; jinʹɩmʹi꞉ʃtʹ (dheinimís) « nous faisions » ; bɔχtʹ ou bo̤χtʹ (boicht), gén. de bɔχt (bocht) « pauvre ».
dʹ s’articule comme tʹ mais est sonore, non aspiré, et prononcé avec une énergie articulatoire moindre. Quand d’est suivi d’un glide j, ce glide est sonore.
dʹ se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes palatales (excepté après s) ainsi qu’après r.
dʹi꞉ᵊl (díol) « vendre» ; dʹiꞏɛ (Dia) « Dieu » ; dʹilʹəsg̬ (duilleasc) « algue comestible » ; dʹᴇrʹɩ (deire) « fin » ; dʹαrᴜ꞉d (dearmhad) « erreur » ; dʹαləv (dealbh) « forme » ; dʲo̤kʷɩrʹ (deacair) « difficile » ; dʲo꞉l (deól) « téter » ; dʲᴜ꞉ltᴜ꞉ (diúltughadh) « refuser » ; dʹlʹi꞉ (dlighe) « loi » ; dʹrʹo꞉ⁱlʹi꞉nʹ (dreóilín) « roitelet » ; ɩ dʹrʹo꞉ (i dtreó) « vers » ; dʌl ɩ dʹi꞉rʹ (dul i dtír) « débarquer » ; ə nə dʲaᴜntə (i na dteannta) « avec eux ».
ɪ꞉rdʹɩ (aoirde) « hauteur » ; bʷɪdʹe꞉ᵊl (buidéal) « bouteille » ; krʹᴇdʹɩmʹ (creidim) « je crois » ; kɑ꞉rdʹɩ (cáirde), plur. de kɑrə (cara) « ami » ; fʷɪdʹɩ (faide), comp. de fɑdə (fada) « long » ; madʹɩrʹ lʲλm-sə (maidir liom-sa) « en ce qui me concerne » ; madʹɩnʹ (maidin) « matin » ; gʷɪdʹ (goid), impér. de gʷɪdʹɩmʹ (goidim) « je vole » ; lɪdʹ (luid) « très petite quantité » ; mʹe꞉dʹ (méid) « quantité » ; srɑ꞉ⁱdʹ (sráid) « rue » ; tʹrʹi꞉dʹ (tríd) « à travers ».
nʹ s’articule comme dʹ, mais est fortement nasalisé sur toute sa durée. La tension est par ailleurs moindre que pour dʹ ; nʹ varie en tension et aussi en durée en fonction de la place dans le mot, mais ces variations, moins caractérisées que dans le cas de n, ne permettent pas de distinguer deux variétés. Chez certains sujets, toutefois, il arrive qu’à l’intervocalique l’occlusion ne soit pas parfaite.
Pour nʹ assourdi partiellement au voisinage de h, cf. § 238.
nʹ se rencontre dans les mêmes conditions que dʹ ainsi qu’après ʃ.
nʹi꞉ (ní), négation ; nʹì꞉al (néul) « nuage » ; nʹi꞉mʹ (nighim) « je lave » ; nʹαv (neamh) « ciel »; nʹαχ (neach) « personne » ; nʲo꞉səd (inneósad) « je dirai » ; ʃnʹαχtə (sneachta) « neige » ; ʃnʹi꞉ᵊv (sníomh) « filer » ; ɩ nʹαs (a ndeas) « qui vient du Sud » ; ɩnʹe꞉ (indé) « hier » ; ɩ nʹi꞉ʃgʹ (i ndísc) « tarri ».
banʹɩ (bainne) « lait » ; kʷɩnʹi꞉nʹ (coinín) « lapin » ; fʹi꞉rʹɩnʹɩ (fírinne) « vérité » ; kʹnʹαs (cneas) « peau » ; kʹinʹtʹɩ (cinte) « certain » ; wɛgʹⁱnʹəχ (uaigneach) « solitaire ».
bʹi꞉nʹ (binn) « mélodieux » ; bʹlʹiꞏɛnʹ (bliadhain) « année » ; pʹi꞉nʹ (pinn), gén. de pʲaᴜn (peann) « plume » ; inʹɩhʹɩnʹ (inchinn) « cerveau » ; dəm ɩnʲõ꞉ⁱnʹ (dom indeoin) « malgré moi».
§ 34. Vélaires. — Dans l’articulation des gutturales vélaires, l’occlusion est formée par la partie postérieure du dos de la langue, contre le voile du palais. Ces phonèmes sont donc de véritables vélaires. Devant les voyelles d’avant ou mixtes d’avant on entend, après l’explosion, un glide vélaire w, aussi net qu’après les labiales vélarisées, beaucoup plus net que dans le cas des dentales.
Les lèvres se règlent quant à l’ouverture sur les phonèmes voisins, avec cependant tendance à être lâches (non tendues sur les dents). Il faut cependant noter que les lèvres ne sont pas arrondies, et que le glide que nous notons w est de caractère purement vélaire, non labial. Les gutturales vélaires du parler ne sont à aucun degré des labio-vélaires.
§ 35. Il existe une variété de gutturales, intermédiaires entre les vélaires et les palatales, quoique plus proches des premières, articulées avec le dos de la langue contre le palais dur, mais sensiblement en arrière du point où s’articulent les gutturales palatales (approximativement franç. car). Cette série intermédiaire apparaît seulement devant rʹ, lʹ, nʹ. Etant donné qu’il ne s’agit pas de phonèmes caractéristiques, il n’a pas paru nécessaire de les distinguer dans la transcription des gutturales vélaires normales, ce qu’on aurait pu faire en notant kʺ, gʺ, g̬ʺ, ŋʺ cette série intermédiaire entre k, g, g̬, ŋ et kʹ, gʹ, g̬ʹ, ŋʹ.
k est une occlusive gutturale vélaire, sourde, forte, aspirée. Le glide w qui la suit devant voyelles d’avant ou mixtes d’avant est assourdi par l’aspiration.
k se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes vélaires, excepté après s.
Une variété de k (qu’on pourrait noter kʺ) de type intermédiaire entre k et kʹ se rencontre devant rʹ, lʹ, nʹ.
kɑrə (cara) « ami » ; kɔs, ou ko̤s (cos) « pied » ; kɔgər ou ko̤gər (cogar) « chuchotement » ; kᴜ꞉ (cú) « lévrier » ; kʷɪ꞉nʲəv (cuimhneamh) « réfléchir » ; kʷᴇ̈꞉ᵊr (caor) « baie (fruit) » ; krɑ꞉ⁱtʹɩ (cráidhte) « contrarié » ; klo꞉ (cló) « apparence » ; klᴜꞏəs (cluas) « oreille » ; knɑ̃꞉v (cnámh) « os » ; knᴜk (cnoc) « colline ».
bəkaꞏχ (bacach) « boiteux » ; bɑlkʷɩrʹɩ (balcaire) « homme trapu, rustaud » ; fo̤kəl (focal) « mot » ; glɑkʷɩmʹ (glacaim) « je prends » ; fɑ꞉kʷɩ ʃeꞏ (fágfaidh sé) « il laissera » de fɑ꞉gʷɩmʹ (fágaim) « je laisse » tᴜkʷɩ ʃeꞏ (tiocfaidh sé) « il viendra » ; fɑ꞉kə ou fɑ꞉kəhə (fágtha) « laissé » ; tɑkəhə (tagtha) « venu ».
aɪᵊrk (adharc) « corne » ; kʹαrk (cearc) « poule » ; mᴜk (muc) « cochon » ; ɔlk (olc) « mauvais ».
Aussi tɑrək (tarrang) « tirer » ; sᴜk, sᴜk (suc, suc), « appel pour les veaux » ; tʲλk, tʲλk, pour les poules.
§ 37. Exemples de kʺ :
kʺrʹe꞉ (cré) « terre » ; kʺrʹiꞏəhər (criathar) « crible » ; kʺrʹihɩmʹ (crithim) « je tremble » ; kʺlʹαs (cleas) « tour d’adresse » ; kʺlʹiʃtʹɩ (cliste) « habile » ; kʺlʹe꞉rʹəχ (cléireach) « employé » ; kʺnʹαstə (cneasta) « poli » ; kʺnʹi꞉ᵊpʷɩrʹɩ (cníopaire) « avare ».
Tous mots que nous transcrivons ordinairement avec k : krʹe꞉, etc., etc.
g s’articule comme k mais est sonore, non aspiré, et se prononce avec une tension moindre.
g se rencontre dans les mêmes conditions que k.
Une variété intermédiaire entre g et gʹ, et qu’on pourrait noter gʺ, se rencontre devant rʹ, lʹ, nʹ.
gɑlər (galar) « maladie » ; gɑ̃n (gan) « sans » ; gɑ꞉rʹi꞉ (gáiridhe) « rire » ; gɔb ou go̤b (gob) « bec » ; gʌrtʹ (guirt) « salé » ; gᴜ꞉nə (gúna) « robe » ; gʷᴇ̈꞉h (gaoth) « vent » ; gʷɪ꞉ (guidhe) « prier » ; glᴜ꞉n (glún) « genou » ; glɑs (glas) « gris-vert » ; grɑ꞉ⁱnʹ (gráin) « haine, dégoût » ; gnɑ̃꞉həχ, gnɑ̃꞉χ (gnáthach) « usuel » ; ə nɑ꞉r gʷɪnʹɩ (i n‑ár gcoinne) « contre nous » ; ɛr ə glöh (ar an gcloich) « sur la pierre » bʹì꞉arləgər (béarlagar) « parler incompréhensible » ; bəgɑ꞉ʃtʹɩ (bagáiste) « bagage ».
ɑgəs (agus) « et » ; fʹαrəgəχ (feargach) « colérique » ; lörʹɩgʹɩmʹ (loirgim) « je cherche » ; ro꞉gʷɩrʹɩ (rógaire) « coquin ».
bɔg (bog) « moux, doux » ; ɛg (ag) « à » ; kɔləg (colg) « pointe » d’où « rage » ; klɔg (clog) « pendule » ; o꞉g (óg) « jeune ».
§ 39. Exemples de gʺ :
gʺrʹaᴜn (greann) « affection » ; gʺrʹëimʹ (greim) « prise » ; gʺrʹαs (greas) « quantité, ce que l’on peut faire, prendre, etc., en une fois » ; gʺlʹe꞉ (glé) « beau, brillant » ; gʺlʹïmaꞏχ (gliomach) « langouste » ; gʺnʹe꞉ (gné) « éclat » ; gʺnʹĩ꞉ᵊv (gníomh) « action ».
Tous mots que nous transcrivons ordinairement avec g : grʹaᴜn, etc.
Pour ǥ là où l’on a d’ordinaire g, cf. § 66.
g̬ est une forme assourdie de g, qui n’apparaît qu’après s et, par ailleurs, dans les mêmes conditions que g.
sg̬ədɑ̃꞉n (scadán) « hareng » ; sg̬ʷɪ꞉lʹɩmʹ (scaoilim) « je délie » ; sg̬o꞉rnəχ (scórnach) « gorge » ; sg̬rɑ꞉bɑ̃꞉n (scrábán) « objet grossier, camelote » ; sg̬lɑ꞉vʷɪ꞉ᵊχt (sclábhuidheacht) « peiner cruellement ».
αsg̬ʷɩnʹɩ (eascaine) « juron » ; ɔsg̬ʷɩlʹtʹ (oscailt) « ouvrir » ; lɑsg̬ə (lasca) « empeigne ».
ì꞉asg̬ (éasc) « défaut » ; lʹαsg̬ (leasc) « mou, paresseux » ; plᴇ̈꞉ᵊsg̬ (plaosc) « crâne ».
ŋ s’articule comme g, mais est fortement nasalisé sur toute sa durée. La vibration nasale commence avant le début de l’implosion (particulièrement quand ŋ est implosif) et se prolonge après l’explosion (particulièrement quand ŋ est explosif). Les voyelles précédentes et suivantes sont donc partiellement nasalisées.
La tension est moindre que pour g.
ŋ se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes non palatales.
A l’initiale, ŋ ne se rencontre que comme alternance grammaticale de g. En position médiane et finale, ŋ est d’ordinaire appuyé sur une gutturale vélaire suivante, quoique la prononciation ŋ, au lieu de ŋg, plus usuel, se rencontre en position médiane.
A l’initiale devant rʹ, lʹ, nʹ, apparaît (comme alternance grammaticale de gʺ) une variété intermédiaire entre ŋ et ŋʹ, que l’on peut noter ŋʺ.
sə ŋʌrt (insan ngort) « dans le pré » ; ə ŋlɑkfɑ꞉ eꞏ (an nglacfá é ?) « est-ce que tu le prendrais » tɑ꞉ⁱmʹ bᴀᴜr ɛg ə ŋɪ̃꞉h (táim bodhar ag an ngaoith) « le vent m’assourdit ».
kʲɑ̃ŋgəl (ceangal) « lien » (aussi kʲɑ̃ŋəl) ; kᴜ꞉ŋkəs (conncas) « taquinerie » ; frᴀᴜŋkəχ (franncach) « français » ; ʃrʹaᴜŋgɑ̃꞉n (sreanngán) « brouillard épais » (aussi ʃrʹaᴜ̃ŋɑ̃꞉n) ; grᴜ̃꞉ŋgə (gronnga) « apparence congelée » (aussi grᴜ̃꞉ŋə) ; stᴀᴜ̃ŋkəhə (stanncaithe) « ratatiné » ; ᴜ̃꞉ŋgə (ionga) « ongle » (aussi ᴜ꞉ŋə).
kᴜ̃꞉ŋg (cumhang) « étroit » ; fʹrʹaᴜŋg (freanng) « crampe, courbature » ; lᴜ̃꞉ŋg (lung) « navire » ; gʲaᴜŋk (geannc) « nez en pied de marmite », d’où « grimace ».
§ 42. Exemples de ŋʺ :
ɛg ə ŋʺrʹe꞉nʹ ou ɛg ə ŋʺrʹì꞉an (ag an ngrian) « par le soleil » ; ɛs ə ŋʺrʹe꞉gʹɩʃ (as an ngréigis) « (traduire) du grec ».
ə ŋ″lʹaᴜn e꞉gʹɩnʹtʹ (i ngleann éigin) « dans une certaine vallée ».
Tous mots que nous notons ordinairement par ŋ : ɛg ə ŋrʹe꞉nʹ, etc., etc.
§ 43. Palatales. — Dans l’articulation des gutturales palatales, l’occlusion est formée par la partie antérieure du dos de la langue, contre la partie la plus élevée de la voûte palatine. Il s’agit donc ici de véritables palatales. Devant les voyelles d’arrière ou mixtes d’arrière on entend, après l’explosion, un glide palatal j. Même devant voyelle d’avant ou mixte d’avant, la mouillure est au reste nettement audible (autant que dans le cas des dentales palatalisées et plus que dans le cas des labiales palatalisées).
Les lèvres se règlent quant à l’ouverture sur les phonèmes voisins, avec tendance à être tendues sur les dents.
kʹ est une occlusive palatale, sourde, forte, aspirée. Le glide j qui la suit devant voyelles d’arrière ou mixtes d’arrière est assourdi par l’aspiration.
kʹ se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes palatales, excepté après s ou devant rʹ, lʹ, nʹ (cf. § 37).
kʹigʹɩlʹɩʃ (cigilis) « chatouillement » ; kʹi꞉nʹ (cinn), gén. et plur. de kʲaᴜn (ceann) « tête » ; kʲaᴜnsᴜ꞉ (ceannsú) « pacifier » ; kʹᴇlʹɩmʹ (ceilim) « je cache » ; kʹαrt (ceart) « droit » ; kʲo꞉l (céol) « musique » ; kʲo꞉ (ceó) « brouillard » ; kʲᴜ꞉ntəχ (cionntach) « coupable ».
ənakʹɩ (i n-aice) « près de » ; ɩkʹi (aici) « à elle » ; lʹᴇkʹəd (leigfead) « je laisserai », fut. de lʹᴇgʹɩmʹ (leigim) « je laisse » ; hikʹəχ ʃeꞏ (thuigfeadh sé) « il comprendrait » de tɪgʹɩmʹ (tuigim) « je comprends » ; tʹrʹe꞉kʹɩ (tréigthe) « passée (couleur) ».
mʹikʹ (mic), gén. de mɑk (mac) « fils » : mʷɪkʹɩ (muice), mʷɪkʹ (muic), gén. et dat. de mᴜk (muc) « porc » ; stalʹkʹ (stailc) « chose, personne immobile et comme pétrifiée ».
gʹ s’articule comme kʹ mais est sonore, non aspiré, et se prononce avec une tension moindre.
gʹ se rencontre dans les mêmes conditions que kʹ.
gʹi꞉ᵊtɑ꞉ⁱlʹ (gíotáil) « travail léger » ; gʹì꞉ag (géag) « bras » ; gʹe꞉mʹ (géim) « rugissement » ; gʹᴇtʹ (geit) « sursaut de frayeur » ; gʹïrə (giorra), comp. de gʲɑ꞉r (gearr) « rapproché » ; gʹαl (geal) « brillant » ; gʲo꞉kɑ̃꞉n (geócán) « flûte » ; gʲo꞉ⁱnʹ (geóin) « tumulte, rumeur » ; gʲλks (giucs) « mot, syllabe » ; ɛr ɩ gʲaᴜn (ar an gceann) « sur la tête » ; sɩ gʲaᴜntər so (insan gceanntar sô) « dans cette région » ; ʃαχ(t) gʹi꞉nʹ (seacht gcinn) « sept unités ».
αrʹɩgʹəd (airgead) « argent » ; e꞉gʹɩnʹtʹ (éigin) « quelque» ; o꞉ⁱgʹɩ (óige) « jeunesse ».
bɑ꞉ʃtʹɩgʹ (báistigh), dat. de bɑ꞉ʃtʹəχ (báisteach) « pluie » ; krᴜꞏɛgʹ (cruaidh) « dur » ; mʹᴇrʹɩgʹ (meirg) « rouille » ; sɪgʹ (suidh) « assieds-toi » ; ᴜ꞉nʃɩgʹ (óinsigh), datif de ᴜ꞉nʃəχ (óinseach) « folle ».
g̬ʹ est une forme assourdie de gʹ, qui n’apparaît qu’après s ou ʃ.
sg̬ʹì꞉al ou ʃg̬ʹì꞉al (scéal) « histoire » ; sg̬ʹiꞏən ou ʃg̬ʹiꞏən (scian) « couteau » ; sg̬ʲλbʷɩmʹ ou ʃg̬ʲλbʷɩmʹ (sciobaim) « je débarrasse, je balaye » ; sg̬ʲλlpə ou ʃg̬ʲλlpə (sciolpa) et sg̬ʲᴜ꞉rʃɩ (sciúirse) « morceau, fragment ».
ə naʃg̬ʹɩ (i n-aisce) « gratuitement » ; ə daʃg̬ʹɩ (i dtaisce) « de côté, en réserve » ; iʃg̬ʹɩ (uisce) « eau » ; fɑ꞉ʃg̬ʹɩmʹ (fáiscim) « je serre » ; lʹᴇʃg̬ʹɩ (leisce) « paresse ».
e꞉ʃg̬ʹ (éisc), gén. de iꞏəsg̬ (iasc) « poisson » ; tᴜꞏɛrʹɩʃg̬ʹ (tuairisc) « nouvelle ».
ŋʹ s’articule comme gʹ, mais est fortement nasalisé sur toute sa durée. La vibration nasale commence avant le début de l’implosion (surtout quand ŋʹ est implosif) et se prolonge après l’explosion (surtout quand ŋʹ est explosif). Les voyelles précédentes et suivantes sont donc en général nasalisées.
La tension est bien moindre que pour gʹ, au point que, chez certains sujets, l’occlusion a tendance à être imparfaite.
ŋʹ se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes non vélaires.
A l’initiale ŋʹ ne se rencontre que comme alternance grammaticale de gʹ. En position médiane ou finale ŋʹ est toujours appuyée sur une gutturale palatale suivante.
sɩ ŋʹi꞉rʹɩ (insan ngeimhreadh) « durant l’hiver », de gʹi꞉rʹɩ (geimhreadh) « hiver » ; ɩ ŋʹïraχt (i ngiorracht) « à proximité » ; ɩ ŋʹαlən tᴜꞏ dɔm eꞏ (an ngeallann tu dom é ?) « est-ce que tu me le promets ? ».
daŋʹgʹən (daingean) « solide » ; lɪŋʹgʹəs (luingeas) « flotte ».
kʷɪ꞉ŋʹgʹ (cuing) « obligation » ; lɪ꞉ŋʹgʹ (luing) et lɪŋʹgʹɩ (luinge), dat. et gén. de lɔŋg (long) « navire » ; mʷɪ꞉ŋʹgʹ (muing) « crinière ».