Philosophie zoologique (1809)/Première Partie/Huitième Chapitre

Première Partie, Huitième Chapitre
CHAPITRE VIII.


De l’Ordre naturel des Animaux et de la disposition qu’il faut donner à leur distribution générale pour la rendre conforme à l’ordre même de la nature.


J’AI déjà fait remarquer (chap. V) que le but essentiel d’une distribution des animaux ne doit pas se borner, de notre part, à la possession d’une liste de classes, de genres et d’espèces ; mais que cette distribution doit en même temps offrir, par sa disposition, le moyen le plus favorable à l’étude de la nature, et celui qui est le plus propre à nous faire connoître sa marche, ses moyens et ses lois.

Cependant, je ne crains pas de le dire, nos distributions générales des animaux ont reçu, jusqu’à présent, une disposition inverse de l’ordre même qu’a suivi la nature en donnant successivement l’existence à ses productions vivantes ; ainsi, en procédant, selon l’usage, du plus composé vers le plus simple, nous rendons la connoissance des progrès dans la composition de l’organisation plus difficile à saisir, et nous nous mettons dans le cas d’apercevoir moins facilement, soit les causes de ces progrès, soit celles qui les interrompent çà et là.

Lorsqu’on reconnoît qu’une chose est utile, qu’elle est même indispensable pour le but qu’on se propose, et qu’elle n’a point d’inconvénient, on doit se hâter de l’exécuter, quoiqu’elle soit contraire à l’usage.

Tel est le cas relatif à la disposition qu’il faut donner à la distribution générale des animaux.

Aussi nous allons voir qu’il n’est point du tout indifférent de commencer cette distribution générale des animaux par telle ou telle de ses extrémités, et que celle qui doit être au commencement de l’ordre ne peut être à notre choix.

L’usage qui s’est introduit, et que l’on a suivi jusqu’à ce jour, de mettre en tête du règne animal les animaux les plus parfaits, et de terminer ce règne par les plus imparfaits et les plus simples en organisation, doit son origine, d’une part, à ce penchant qui nous fait toujours donner la préférence aux objets qui nous frappent, nous plaisent ou nous intéressent le plus ; et de l’autre part, à ce que l’on a préféré de passer du plus connu en s’avançant vers ce qui l’est le moins.

Dans les temps où l’on a commencé à s’occuper de l’étude de l’histoire naturelle, ces considérations étoient, sans doute, alors très-plausibles ; mais elles doivent céder maintenant aux besoins de la science et particulièrement à ceux de faciliter nos progrès dans la connoissance de la nature.

Relativement aux animaux si nombreux et si diversifiés, que la nature est parvenue à produire, si nous ne pouvons nous flatter de connoître exactement le véritable ordre qu’elle a suivi en leur donnant successivement l’existence, celui que je vais exposer est probablement très-rapproché du sien : la raison et toutes les connoissances acquises déposent en faveur de cette probabilité.

En effet, s’il est vrai que tous les corps vivans soient des productions de la nature, on ne peut se refuser à croire qu’elle n’a pu les produire que successivement, et non tous à la fois dans un temps sans durée ; or, si elle les a formés successivement, il y a lieu de penser que c’est uniquement par les plus simples qu’elle a commencé, n’ayant produit qu’en dernier lieu les organisations les plus composées, soit du règne animal, soit du règne végétal.

Les botanistes ont les premiers donné l’exemple aux zoologistes de la véritable disposition à donner à une distribution générale pour représenter l’ordre même de la nature ; car c’est avec des plantes acotylédones ou agames qu’ils forment la première classe parmi les végétaux, c’est-à-dire, avec les plantes les plus simples en organisation, les plus imparfaites à tous égards, en un mot, avec celles qui n’ont point de cotylédons, point de sexe déterminable, point de vaisseaux dans leur tissu, et qui ne sont, en effet, composées que de tissu cellulaire plus ou moins modifié, selon diverses expansions.

Ce que les botanistes ont fait à l’égard des végétaux, nous devons enfin le faire relativement au règne animal ; non-seulement nous devons le faire, parce que c’est la nature même qui l’indique, parce que la raison le veut, mais en outre parce que l’ordre naturel des classes, d’après la complication croissante de l’organisation, est beaucoup plus facile à déterminer parmi les animaux qu’il ne l’est à l’égard des plantes.

En même temps que cet ordre représentera mieux celui de la nature, il rendra l’étude des objets beaucoup plus facile, fera mieux connoître l’organisation des animaux, les progrès de sa composition de classe en classe, et montrera mieux encore les rapports qui se trouvent entre les différens degrés de composition de l’organisation animale, et les différences extérieures que nous employons le plus souvent pour caractériser les classes, les ordres, les familles, les genres et les espèces.

J’ajoute à ces deux considérations, dont le fondement ne peut être solidemment contesté, que si la nature, qui n’a pu rendre un corps organisé toujours subsistant, n’avoit pas eu les moyens de donner à ce corps la faculté de reproduire lui-même d’autres individus qui lui ressemblent, qui le remplacent, et qui perpétuent sa race par la même voie ; elle eût été forcée de créer directement toutes les races, ou plutôt elle n’eût pu créer qu’une seule race dans chaque règne organique, celle des animaux et celle des végétaux les plus simples et les plus imparfaits.

De plus, si la nature n’avoit pu donner aux actes de l’organisation la faculté de compliquer de plus en plus l’organisation elle-même, en faisant accroître l’énergie du mouvement des fluides, et par conséquent celle du mouvement organique ; et si elle n’avoit pas conservé par les reproductions tous les progrès de composition dans l’organisation, et tous les perfectionnemens acquis, elle n’eût assurément jamais produit cette multitude infiniment variée d’animaux et de végétaux, si différens les uns des autres par l’état de leur organisation et par leurs facultés.

Enfin, elle n’a pu créer au premier abord les facultés les plus éminentes des animaux ; car elles n’ont lieu qu’à l’aide de systèmes d’organes très-compliqués : or, il lui a fallu préparer peu à peu les moyens de faire exister de pareils systèmes d’organes.

Ainsi, pour établir, à l’égard des corps vivans, l’état de choses que nous remarquons, la nature n’a donc eu à produire directement, c’est-à-dire, sans le concours d’aucun acte organique, que les corps organisés les plus simples, soit animaux, soit végétaux ; et elle les reproduit encore de la même manière, tous les jours, dans les lieux et les temps favorables : or, donnant à ces corps, qu’elle a créés elle-même, les facultés de se nourrir, de s’accroître, de se multiplier, et de conserver chaque fois les progrès acquis dans leur organisation ; enfin, transmettant ces mêmes facultés à tous les individus régénérés organiquement ; avec le temps et l’énorme diversité des circonstances toujours changeantes, les corps vivans de toutes les classes et de tous les ordres ont été, par ces moyens, successivement produits.

En considérant l’ordre naturel des animaux, la gradation très-positive qui existe dans la composition croîssante de leur organisation, et dans le nombre ainsi que dans le perfectionnement de leurs facultés, est bien éloignée d’être une vérité nouvelle, car les grecs mêmes surent l’apercevoir[1] ; mais ils ne purent en exposer les principes et les preuves, parce qu’on manquoit alors des connoissances nécessaires pour les établir.

Or, pour faciliter la connoissance des principes qui m’ont guidé dans l’exposition que je vais faire de cet ordre des animaux, et pour mieux faire sentir cette gradation qu’on observe dans la composition de leur organisation, depuis les plus imparfaits d’entre eux, qui sont en tête de la série, jusqu’aux plus parfaits qui la terminent ; j’ai partagé en six degrés, qui sont très-distincts, tous les modes d’organisation qu’on a reconnus dans toute l’étendue de l’échelle animale.

De ces six degrés d’organisation, les quatre premiers embrassent les animaux sans vertèbres, et par conséquent les dix premières classes du règne animal, selon l’ordre nouveau que nous allons suivre ; les deux derniers degrés comprennent tous les animaux vertébrés, et par conséquent les quatre (ou cinq) dernières classes des animaux.

À l’aide de ce moyen, il sera facile d’étudier et de suivre la marche de la nature dans la production des animaux qu’elle a fait exister ; de distinguer, dans toute l’étendue de l’échelle animale, les progrès acquis dans la composition de l’organisation ; et de vérifier partout, soit l’exactitude de la distribution, soit la convenance des rangs assignés, en examinant les caractères et les faits d’organisation qui ont été reconnus.

C’est ainsi que, depuis plusieurs années, j’expose dans mes leçons, au Museum, les animaux sans vertèbres, en procédant toujours du plus simple vers le plus composé.

Afin de rendre plus distincts la disposition et l’ensemble de la série générale des animaux, présentons d’abord le tableau des quatorze classes qui divisent le règne animal, en nous bornant à l’exposition très-simple de leurs caractères, et des degrés d’organisation qui les embrassent.

TABLEAU DE LA DISTRIBUTION


ET CLASSIFICATION DES ANIMAUX,


Suivant l’ordre le plus conforme à celui de la nature.


――――


* ANIMAUX SANS VERTÈBRES.


Classes.

I. LES INFUSOIRES.
 

Fissipares ou gemmipares amorphes ; à corps gélatineux, transparent, homogène, contractile et microscopique ; point de tentacules en rayons ni d’appendices rotatoires ; aucun organe spécial, pas même pour la digestion.

Ier. DEGRÉ.

Point de nerfs ; point de vaisseaux ; aucun autre organe intérieur et spécial que pour la digestion.
II. LES POLYPES.
 

Gemmipares à corps gélatineux, régénératif et n’ayant aucun autre organe intérieur qu’un canal alimentaire à une seule ouverture.

Bouche terminale, entourée de tentacules en rayons ou munie d’organes ciliés et rotatoires.

La plupart forment des animaux composés.

III. LES RADIAIRES.
 

Subovipares libres, à corps régénératif, dépourvu de tête, d’yeux, de pattes articulées, et ayant dans ses parties une disposition rayonnante. Bouche inférieure.

IIe. DEGRÉ.

Point de moelle longitudinale noueuse ; point de vaisseaux pour la circulation ; quelques organes intérieurs autres que ceux de la digestion.
IV. LES VERS.
 

Subovipares, à corps mou, régénératif, ne subissant point de métamorphose, et n’ayant jamais d’yeux, ni de pattes articulées, ni de disposition rayonnante dans ses parties intérieures.

V. LES INSECTES.
 

Ovipares, subissant des métamorphoses, et ayant, dans l’état parfait, des yeux à la tête, six pattes articulées, et des trachées qui s’étendent partout ; une seule fécondation dans le cours de la vie.

IIIe. DEGRÉ.

Des nerfs aboutissant à une moelle longitudinale noueuse ; respiration par des trachées aérifères ; circulation nulle ou imparfaite.
VI. LES ARACHNIDES.
 

Ovipares, ayant en tout temps des pattes articulées et des yeux à la tête, et ne subissant point de métamorphose. Des trachées bornées pour la respiration ; ébauche de circulation ; plusieurs fécondations dans le cours de la vie.

VII. LES CRUSTACÉS.
 

Ovipares, ayant le corps et les membres articulés, la peau crustacée, des yeux à la tête, et le plus souvent quatre antennes ; respiration par des branchies ; une moelle longitudinale noueuse.

IVe. DEGRÉ.

Des nerfs aboutissant à un cerveau ou à une moelle longitudinale noueuse ; respiration par des branchies ; des artères et des veines pour la circulation.
VIII. LES ANNELIDES.
 

Ovipares, à corps allongé et annelé ; point de pattes articulées ; rarement des yeux ; respiration par des branchies ; une moelle longitudinale noueuse.

IX. LES CIRRHIPÈDES.
 

Ovipares, ayant un manteau et des bras articulés, dont la peau est cornée ; point d’yeux ; respiration par des branchies ; moelle longitudinale noueuse.

X. LES MOLLUSQUES.
 

Ovipares, à corps mollasse, non articulé dans ses parties, et ayant un manteau variable ; respiration par des branchies diversifiées dans leur forme et leur situation ; ni moelle épinière, ni moelle longitudinale noueuse, mais des nerfs aboutissant à un cerveau.

** ANIMAUX VERTÉBRÉS.


Classes.

XI. LES POISSONS.
 

Ovipares et sans mamelles ; respiration complète et toujours par des branchies ; ébauche de deux ou quatre membres ; des nageoires pour la locomotion ; ni poils, ni plumes sur la peau.

Ve. DEGRÉ.

Des nerfs aboutissant à un cerveau qui ne remplit point la cavité du crâne ; cœur à 1 ventricule, et le sang froid.
XII. LES REPTILES.
 

Ovipares et sans mamelles ; respiration incomplète, le plus souvent par des poumons qui existent, soit en tout temps, soit dans le dernier âge ; quatre membres, ou deux, ou aucun ; ni poils, ni plumes sur la peau.

XIII. LES OISEAUX.
 

Ovipares et sans mamelles ; quatre membres articulés, dont deux sont conformés en ailes ; respiration complète par des poumons adhérens et percés ; des plumes sur la peau.

VIe. DEGRÉ.

Des nerfs aboutissant à un cerveau qui remplit la cavité du crâne ; cœur à 2 ventricule, et le sang chaud.
XIV. LES MAMMIFÈRES.
 

Vivipares et à mamelles ; quatre membres articulés ou seulement deux ; respiration complète par des poumons non percés à l’extérieur ; du poil sur quelque partie du corps.


Tel est le tableau des quatorze classes déterminées parmi les animaux connus, et disposées suivant l’ordre le plus conforme à celui de la nature. La disposition de ces classes est telle, qu’on sera toujours forcé de s’y conformer, quand même on refuseroit d’adopter les lignes de séparation qui les forment ; parce que cette disposition est fondée sur la considération de l’organisation des corps vivans dont il s’agit, et que cette considération, qui est de première importance, établit les rapports qu’ont entre eux les objets compris dans chaque coupe, et le rang de chacune de ces coupes dans toute la série.

Jamais on ne pourra trouver de motifs solides pour changer cette distribution dans son ensemble, par les raisons que je viens d’exposer ; mais on pourra lui faire subir des changemens dans ses détails, et surtout dans les coupes subordonnées aux classes, parce que les rapports entre les objets compris dans les sous-divisions sont plus difficiles à déterminer et prêtent plus à l’arbitraire.

Maintenant, pour faire mieux sentir combien cette disposition et cette distribution des animaux, sont conformes à l’ordre même de la nature, je vais exposer la série générale des animaux connus, partagée dans ses principales divisions, en procédant du plus simple vers le plus composé, d’après les motifs indiqués ci-dessus.

Mon objet, dans cette exposition, sera de mettre le lecteur à portée de reconnoître le rang, dans la série générale, qu’occupent les animaux que, dans le cours de cet ouvrage, je suis souvent dans le cas de citer, et de lui éviter la peine de recourir pour cela aux autres ouvrages de zoologie.

Je ne donnerai cependant ici qu’une simple liste des genres et seulement des principales divisions ; mais cette liste suffira pour montrer l’étendue de la série générale, sa disposition la plus conforme à l’ordre de la nature, et le placement indispensable des classes, des ordres, ainsi, peut-être, que celui des familles et des genres. On sent bien que c’est dans les bons ouvrages de zoologie que nous possédons, qu’il faut étudier les détails de tous les objets mentionnés dans cette liste, parce que je n’ai pas dû m’en occuper dans cet ouvrage.

DISTRIBUTION GÉNÉRALE DES ANIMAUX,


Formant une série conforme à l’ordre même de la nature.


――――


ANIMAUX SANS VERTÈBRES.


ILs n’ont point de colonne vertébrale, et par conséquent point de squelette ; ceux qui ont des points d’appui pour le mouvement des parties, les ont sous leurs tégumens. Ils manquent de moelle épinière, et offrent une grande diversité dans la composition de leur organisation.

Ier. DEGRÉ D’ORGANISATION.

Point de nerfs, ni de moelle longitudinale noueuse ; point de vaisseaux pour la circulation ; point d’organes respiratoires ; aucun autre organe intérieur et spécial que pour la digestion.

[Les Infusoires et les Polypes.]
LES INFUSOIRES.
(Classe Ière. du règne animal.)

Animaux fissipares, amorphes ; à corps gélatineux, transparent, homogène, contractile et microscopique ; point de tentacules en rayons, ni d’appendices rotatoires ; intérieurement, aucun organe spécial, pas même pour la digestion.

Observations.

De tous les animaux connus, les infusoires sont les plus imparfaits, les plus simples en organisation, et ceux qui possèdent le moins de facultés ; ils n’ont assurément point celle de sentir.

Infiniment petits, gélatineux, transparens, contractiles, presque homogènes, et incapables de posséder aucun organe spécial, à cause de la trop foible consistance de leurs parties, les infusoires ne sont véritablement que des ébauches de l’animalisation.

Ces frêles animaux sont les seuls qui n’aient point de digestion à exécuter pour se nourrir, et qui, en effet, ne se nourrissent que par des absorptions des pores de leur peau et par une imbibition intérieure.

Ils ressemblent en cela aux végétaux, qui ne vivent que par des absorptions, qui n’exécutent aucune digestion, et dont les mouvemens organiques ne s’opèrent que par des excitations extérieures ; mais les infusoires sont irritables, contractiles, et ils exécutent des mouvemens subits qu’ils peuvent répéter plusieurs fois de suite ; ce qui caractérise leur nature animale, et les distingue essentiellement des végétaux.

TABLEAU DES INFUSOIRES.

ORDRE Ier. INFUSOIRES NUS.

Ils sont dépourvus d’appendices extérieurs.

Monade. -
Volcoce. Bursaire.
Protée. Kolpode.
Vibrion

ORDRE IIe. INFUSOIRES APPENDICULÉS.

Ils ont des parties saillantes, comme des poils, des espèces de cornes ou une queue.

Cercaire.
Trichocerque.
Trichode.

Remarque. La monade, et particulièrement celle que l’on a nommée la monade terme, est le plus imparfait et le plus simple des animaux connus, puisque son corps, extrêmement petit, n’offre qu’un point gélatineux et transparent, mais contractile. Cet animal doit donc être celui par lequel doit commencer la série des animaux, disposée selon l’ordre de la nature.

LES POLYPES.
(Classe IIème. du règne animal.)

Animaux gemmipares, à corps gélatineux, régénératif, et n’ayant aucun autre organe intérieur qu’un canal alimentaire à une seule ouverture.

Bouche terminale, entourée de tentacules en rayons, ou munie d’organes ciliés et rotatoires.

La plupart adhèrent les uns aux autres, communiquent ensemble par leur canal alimentaire, et forment alors des animaux composés.


Observations.


On a vu dans les infusoires des animalcules infiniment petits, frêles, sans consistance, sans forme particulière à leur classe, sans organes quelconques, et par conséquent sans bouche et sans canal alimentaire distincts.

Dans les polypes, la simplicité et l’imperfection de l’organisation quoique très-éminentes encore, sont moins grandes que dans les infusoires. L’organisation a fait évidemment quelques progrès ; car déjà la nature a obtenu une forme constamment régulière pour les animaux de cette classe ; déjà tous sont munis d’un organe spécial pour la digestion, et conséquemment d’une bouche, qui est l’entrée de leur sac alimentaire.

Que l’on se représente un petit corps allongé, gélatineux, très-irritable, ayant à son extrémité supérieure une bouche garnie, soit d’organes rotatoires, soit de tentacules en rayons, laquelle sert d’entrée à un canal alimentaire qui n’a aucune autre ouverture, et l’on aura l’idée d’un polype.

Qu’à cette idée l’on joigne celle de l’adhérence de plusieurs de ces petits corps, vivant ensemble, et participant à une vie commune, on connoîtra, à leur égard, le fait le plus général et le plus remarquable qui les concerne.

Les polypes n’ayant ni nerfs pour le sentiment, ni organes particuliers pour la respiration, ni vaisseaux pour la circulation de leurs fluides, sont plus imparfaits en organisation que les animaux des classes qui vont suivre.


TABLEAU DES POLYPES.


ORDRE Ier. POLYPES ROTIFÈRES.


Ils ont à la bouche des organes ciliés et rotatoires.
Urcéolaires.
Brachions ?
Vorticelles.
ORDRE IIe. POLYPES A POLYPIER.

Ils ont autour de la bouche des tentacules en rayons, et sont fixés dans un polypier qui ne flotte point dans le sein des eaux.

*Polypier membraneux ou corné, sans écorce distincte.
Cristatelle. Cellaire.
Plumatelle. Flustre.
Tubulaire. Cellepore.
Sertulaire. Botryle.
**Polypier ayant un axe corné, recouvert d’un encroûtement.
Acétabule. Alcyon.
Coralline. Antipate.
Gorgone.
Éponge.
***Polypier ayant un axe en partie ou tout-à-fait pierreux, et recouvert d’un encroûtement corticiforme.
Isis.
Corail.
****Polypier tout-à-fait pierreux et sans encroûtement.
Tubipore. Eschare.
Lunulite. Rétépore.
Ovulite. Millepore.
Sidérolite. Agarice.
Orbulite. Pavone.
Alvéolite. Méandrine.
Ocellaire. Astrée.
Madrépore. Cyclolite.
Caryophyllie. Dactylopore.
Turbinolie. Virgulaire.
Fongie.


ORDRE IIIe. POLYPES FLOTTANS.

Polypier libre, allongé, flottant dans les eaux, et ayant un axe corné ou osseux, recouvert d’une chair commune à tous les polypes ; des tentacules en rayons autour de la bouche.

Funiculine. Enerine.
Vérétille. Ombellulaire.
Pennatule.


ORDRE IVe. POLYPES NUS.

Ils ont à la bouche des tentacules en rayons, souvent multiples, et ne forment point de polypier.

Pédicellaire. Zoanthe.
Corine. Actinie.
Hydre.


IIe. DEGRÉ D’ORGANISATION.

Point de moelle longitudinale noueuse ; point de vaisseaux pour la circulation ; quelques organes particuliers et intérieurs (soit des tubes ou des pores aspirant l’eau, soit des espèces d’ovaires) autres que ceux de la digestion.

[Les Radiaires et les Vers.]


LES RADIAIRES.
(Classe IIIe. du règne animal.)

Animaux subgemmipares, libres ou vagabonds ; à corps régénératif, ayant une disposition rayonnante dans ses parties, tant internes qu’externes, et un organe digestif composé ; bouche inférieure, simple ou multiple.

Point de tête, point d’yeux, point de pattes articulées ; quelques organes intérieurs autres que ceux de la digestion.


Observations.

Voici la troisième ligne de séparation classique qu’il a été convenable de tracer dans la distribution naturelle des animaux.

Ici, nous trouvons des formes tout-à-fait nouvelles, qui toutes néanmoins se rapportent à un mode assez généralement le même, savoir : la disposition rayonnante des parties, tant intérieures qu’extérieures.

Ce ne sont plus des animaux à corps allongé, ayant une bouche supérieure et terminale, le plus souvent fixés dans un polypier, et vivant un grand nombre ensemble, en participant chacun à une vie commune ; mais ce sont des animaux à organisation plus composée que les polypes, simples, toujours libres, ayant une conformation qui leur est particulière, et se tenant, en général, dans une position comme renversée.

Presque toutes les radiaires ont des tubes aspirant l’eau, qui paroissent être des trachées aquifères ; et dans un grand nombre, on trouve des corps particuliers qui ressemblent à des ovaires.

Par un Mémoire, dont je viens d’entendre la lecture dans l’assemblée des Professeurs du Muséum, j’apprends qu’un savant observateur, M. le docteur Spix, médecin Bavarois, a découvert dans les astéries et dans les actinies l’appareil d’un système nerveux.

M. le docteur Spix assure avoir vu dans l’astérie rouge, sous une membrane tendineuse qui, comme une tente, est suspendue sur l’estomac, un entrelacement composé de nodules et de filets blanchâtres, et, en outre, à l’origine de chaque rayon, deux nodules ou ganglions qui communiquent entre eux par un filet, desquels partent d’autres filets qui vont aux parties voisines, et entre autres deux fort longs qui se dirigent dans toute la longueur du rayon et en fournissent aux tentacules.

Selon les observations de ce savant, on voit dans chaque rayon deux nodules, un petit prolongement de l’estomac (cœcum), deux lobes hépatiques, deux ovaires et des canaux trachéaux.

Dans les actinies, M. le docteur Spix observa dans la base de ces animaux, au-dessous de l’estomac, quelques paires de nodules, disposés autour d’un centre, qui communiquent entre eux par des filets cylindriques, et qui en envoient d’autres aux parties supérieures : il y vit, en outre, quatre ovaires environnant l’estomac, de la base desquels partent des canaux qui, après leur réunion, vont s’ouvrir dans un point inférieur de la cavité alimentaire.

Il est étonnant que des appareils d’organes aussi compliqués aient échappé à tous ceux qui ont examiné l’organisation de ces animaux.

Si M. le docteur Spix ne s’est pas fait illusion sur ce qu’il a cru voir ; s’il ne s’est pas trompé en attribuant à ces organes une autre nature et d’autres fonctions que celles qui leur sont propres, ce qui est arrivé à tant de botanistes qui ont cru voir des organes mâles et des organes femelles dans presque toutes les plantes cryptogames, il en résultera :

1.o Que ce ne sera plus dans les insectes qu’il faudra fixer le commencement du système nerveux ;

2.o Que ce système devra être considéré comme ébauché dans les vers, dans les radiaires, et même dans l’actinie, dernier genre des polypes ;

3.o Que ce ne sera pas une raison pour que tous les polypes puissent posséder l’ébauche de ce système, comme il ne s’ensuit pas de ce que quelques reptiles ont des branchies, que tous les autres en soient pourvus ;

4.o Qu’enfin, le système nerveux n’en est pas moins un organe spécial, non commun à tous les corps vivans ; car, non-seulement il n’est pas le propre des végétaux, mais il n’est pas même celui de tous les animaux ; puisque, comme je l’ai fait voir, il est impossible que les infusoires en soient munis, et qu’assurément la généralité des polypes ne sauroit le posséder ; aussi le chercheroit-on en vain dans les hydres, qui appartiennent cependant au dernier ordre des polypes, celui qui avoisine le plus les radiaires, puisqu’il comprend les actinies.

Ainsi, quelque fondement que puissent avoir les faits cités ci-dessus, les considérations que je présente dans cet ouvrage sur la formation successive des différens organes spéciaux, subsistent dans leur intégrité, en quelque point de l’échelle animale que chacun de ces organes commence ; et il est toujours vrai que les facultés qu’ils donnent à l’animal ne commencent à avoir lieu qu’avec l’existence des organes qui les procurent.

TABLEAU DES RADIAIRES.
ORDRE Ier. RADIAIRES MOLLASSES.
Corps gélatineux ; peau molle, transparente, dépourvue d’épines articulées ; point d’anus.
Stéphanomie. Pyrosome.
Lucernaire. Beroë.
Physsophore. Equorée P.
Physalie. Rhizostome.
Velelle. Méduse.
Porpite.


ORDRE IIe. RADIAIRES ÉCHINODERMES.

Peau opaque, crustacée ou coriace, munie de tubercules rétractiles, ou d’épines articulées sur des tubercules, et percée de trous par séries.

*Les stellérides. La peau non irritable, mais mobile ; point d’anus.

Ophiure.
Astérie.

**Les échinides. La peau non irritable, ni mobile ; un anus.

Clypéastre. Galérite.
Cassidite. Nucléolite.
Spatangue. Oursin.
Ananchite.

***Les fistulides. Corps allongé, la peau irritable et mobile ; un anus.

Holothurie.
Siponcle.

Remarque. Les siponcles sont des animaux très-rapprochés des vers ; cependant leurs rapports reconnus avec les holothuries les ont fait placer parmi les radiaires, dont ils n’ont plus les caractères, et qu’ils doivent conséquemment terminer.

En général, dans une distribution bien naturelle, les premiers et les derniers genres des classes sont ceux en qui les caractères classiques sont les moins prononcés ; parce que se trouvant sur la limite, et les lignes de séparation étant artificielles, ces genres doivent offrir, moins que les autres, les caractères de leurs classes.


LES VERS.
(Classe IVe. du règne animal.)

Animaux subovipares, à corps mou, allongé, sans tête, sans yeux, sans pattes et sans faisceaux de cils ; dépourvus de circulation, et ayant un canal intestinal complet ou à deux ouvertures.

Bouche constituée par un ou plusieurs suçoirs.


Observations.

La forme générale des vers est bien différente de celle des radiaires, et leur bouche, partout en suçoir, n’a aucune analogie avec celle des polypes, qui n’offre simplement qu’une ouverture accompagnée de tentacules en rayons ou d’organes rotatoires.

Les vers ont, en général, le corps allongé, très-peu contractile, quoique fort mou, et leur canal intestinal n’est plus borné à une seule ouverture.

Dans les radiaires fistulides, la nature a commencé à abandonner la forme rayonnante des parties, et à donner au corps des animaux une forme allongée, la seule qui pouvoit conduire au but qu’elle se proposoit d’atteindre.

Parvenue à former les vers, elle va tendre dorénavant à établir le mode symétrique de parties paires, auquel elle n’a pu arriver qu’en établissant celui des articulations ; mais dans la classe, en quelque sorte ambiguë, des vers, elle en a à peine ébauché quelques traits.

TABLEAU DES VERS
ORDRE Ier. VERS CYLINDRIQUES.
Dragoneau. Cucullan.
Filaire. Strongle.
Proboscide. Massette.
Crinon. Caryophyllé.
Ascaride. Tentaculaire.
Fissule Échinorique.
Trichure.
ORDRE IIe. VERS VÉSICULEUX.
Bicorne.
Hydatide.
ORDRE IIIe. VERS APLATIS.
Tænia. Lingule.
Linguatule. Fasciole.


IIIe. DEGRÉ D’ORGANISATION.

Des nerfs aboutissant à une moelle longitudinale noueuse ; respiration par des trachées aérifères ; circulation nulle ou imparfaite.

[Les Insectes et les Arachnides.]
LES INSECTES.
(Classe Ve. du règne animal.)

Animaux ovipares, subissant des métamorphoses, pouvant avoir des ailes, et ayant, dans l’état parfait, six pattes articulées, deux antennes, deux yeux à réseau, et la peau cornée.

Respiration par des trachées aérifères qui s’étendent dans toutes les parties ; aucun système de circulation ; deux sexes distincts ; un seul accouplement dans le cours de la vie.

Observations.

Parvenus aux insectes, nous trouvons dans les animaux extrêmement nombreux que cette classe comprend, un ordre de choses fort différent de ceux que nous avons rencontrés dans les animaux des quatre classes précédentes ; aussi, au lieu d’une nuance dans les progrès de composition de l’organisation animale, en arrivant aux insectes, on a fait à cet égard un saut assez considérable.

Ici, pour la première fois, les animaux, considérés dans leur extérieur, nous offrent une véritable tête qui est toujours distincte ; des yeux très-remarquables, quoique encore fort imparfaits ; des pattes articulées disposées sur deux rangs ; et cette forme symétrique de parties paires et en opposition, que la nature emploîra désormais jusque dans les animaux les plus parfaits inclusivement.

En pénétrant à l’intérieur des insectes, nous voyons aussi un système nerveux complet, consistant en nerfs qui aboutissent à une moelle longitudinale noueuse ; mais quoique complet, ce système nerveux est encore fort imparfait, le foyer où se rapportent les sensations paroissant très-divisé, et les sens eux-mêmes étant en petit nombre et fort obscurs ; enfin, nous y voyons encore un véritable système musculaire, et des sexes distincts, mais qui, comme ceux des végétaux, ne peuvent fournir qu’à une seule fécondation.

À la vérité, nous ne trouvons pas encore de système de circulation, et il faudra s’élever plus haut dans la chaîne animale pour y rencontrer ce perfectionnement de l’organisation.

Le propre de tous les insectes est d’avoir des ailes dans leur état parfait ; en sorte que ceux qui en manquent, n’en sont privés que par un avortement qui est devenu habituel et constant.

Observations.

Dans le tableau que je vais présenter, les genres sont réduits à un nombre considérablement inférieur à celui des genres que l’on a formés parmi les animaux de cette classe. L’intérêt de l’étude, la simplicité et la clarté de la méthode m’ont paru exiger cette réduction, qui ne va pas au point de nuire à la connoissance des objets. Employer toutes les particularités que l’on peut saisir dans les caractères des animaux et des plantes pour multiplier les genres à l’infini, c’est, comme je l’ai déjà dit, encombrer et obscurcir la science au lieu de la servir ; c’est en rendre l’étude tellement compliquée et difficile, qu’elle ne devient alors praticable que pour ceux qui voudroient consacrer leur vie entière à connoître l’immense nomenclature et les caractères minutieux employés pour les distinctions exécutées parmi ces animaux.

TABLEAU DES INSECTES.


(A.) LES SUCEURS.

Leur bouche offre un suçoir muni ou dépourvu de gaîne.


ORDRE Ier. INSECTES APTÈRES.

Une trompe bivalve, triarticulée, renfermant un suçoir de deux soies.

Les ailes habituellement avortées dans les deux sexes ; larve apode ; nymphe immobile, dans une coque.

Puce.


ORDRE IIe. INSECTES DIPTÈRES.

Une trompe non articulée, droite ou coudée, quelquefois rétractile.

Deux ailes nues, membraneuses, veinées ; deux balanciers ; larve vermiforme, le plus souvent apode.

Hippobosque. Empis.
Oëstre. Bombile.
Asile.
Stratiome. Taon.
Syrphe. Rhagion.
Anthrace.
Mouche. Cousin.
Tipule.
Stomoxe. Simulie.
Myope. Bibion.
Conops.
ORDRE IIIe. INSECTES EMIPTÈRES.

Bec aigu, articulé, recourbé sous la poitrine, servant de gaîne à un suçoir de trois soies.

Deux ailes cachées sous des élytres membraneux ; larve hexapode ; la nymphe marche et mange.

Dorthésie. Pentatome.
Cochenille. Punaise.
Psylle. Coré.
Puceron. Réduve.
Aleyrode. Hydromètre.
Trips. Gerris.
Cigale. Nepa.
Fulgore. Notonecte.
Tettigone. Naucore.
Corise.
Scutellaire.


ORDRE IVe. INSECTES LÉPIDOPTÈRES.

Suçoir de deux pièces, dépourvu de gaîne, imitant une trompe tubuleuse, et roulé en spirale dans l’inaction.

Quatre ailes membraneuses, recouvertes d’écailles colorées et comme farineuses.

Larve munie de huit à seize pattes ; chrysalide inactive.

* Antennes subulées ou sétacées.

Ptérophore. Alucite.
Ornéode. Adèle.
Cérostome. Pyrale.
Teigne.

|- | Noctuelle. | Hépiale. |- | Phalène. | Bombice. |}

** Antennes renflées dans quelque partie de leur longueur.

Zygène. Sphinx.
Papillon. Sésie.


(B.) LES BROYEURS.

Leur bouche offre des mandibules, le plus souvent accompagnées de mâchoires.


ORDRE Ve. INSECTES HYMÉNOPTÈRES.

Des mandibules, et un suçoir de trois pièces plus ou moins prolongées, dont la base est renfermée dans une gaîne courte.

Quatre ailes nues, membraneuses, veinées, inégales ; anus des femelles armé d’un aiguillon ou muni d’une tarrière ; nymphe immobile.


* Anus des femelles armé d’un aiguillon.

Abeille. Fourmi.
Monomélite. Mutile.
Nomade. Scolie.
Eucère. Tiphie.
Andrenne. Bembece.
Crabron.
Guêpe. Sphex.
Polyste.

** Anus des femelles muni d’une tarrière.

Chryside.
Oxyure. Evanie
Fœne
Leucopsis.
Chalcis. Urocère.
Cinips. Orysse.
Diplolèpe. Tentrède.
Ichneumon. Clavellaire.


ORDRE VIe. INSECTES NÉVROPTÈRES.


Des mandibules et des mâchoires.

Quatre ailes nues, membraneuses, réticulées ; abdomen allongé, dépourvu d’aiguillon et de tarrière ; larve hexapode ; diversité dans la métamorphose.

* Nymphes inactives.

Perle. Hémerobe.
Némoure. Ascalaphe.
Frigane. Myrméléon.

** Nymphes agissantes.

Némoptère. Raphidie.
Panorpe. Éphémère.
Psoc.
Thermite. Agrion.
Æshne.
Corydale. Libellule.
Chauliode.


Ordre VIIe. insectes orthoptères.

Des mandibules, des mâchoires et des galettes recouvrant les mâchoires.

Deux ailes droites, plissées longitudinalement, et recouvertes par deux élytres presque membraneux.

Larve comme l’insecte parfait, mais n’ayant ni ailes ni élytres ; nymphe agissante.

Sauterelle. Phasme.
Achête. Spectre.
Criquet. –––
Truxale. Grillon.
––– Blatte.
Mante. Forficule.


Ordre VIIIe insectes coléoptères.

Des mandibules et des mâchoires.

Deux ailes membraneuses, pliées transversalement dans le repos et sous deux élytres durs ou coriaces et plus courts.

Larve hexapode, à tête écailleuse et sans yeux ; nymphe inactive.

* Deux ou trois articles à tous les tarses.

Psélaphe. Coccinelle.
––– Eumorphe.

** Quatre articles à tous les tarses.

Erotyle. Criocère,
Casside. Clytre.
Chrysomèle. Gribouri.
Galéruque. –––
Lepture. Micétophage.
Stencore. Trogossite.
Saperde. Cucuje.
Nécydale. –––
Callidie. Bruche.
Capricorne. Attélabe.
Prione. Brente.
Spondyle. Charanson.
––– Brachicère.
Bostrich.

*** Cinq articles aux tarses des premières paires de pates, et quatre à ceux de la troisième paire.

Opatre. Mordelle.
Ténébrion. Ripiphore.
Blaps. Pyrochre.
Pimélie. Cossyphe.
Sépidie. Notoxe.
Scaure. Lagrie.
Érodie. Cérocome.
Chiroscelis. Apale.
––– Horie.
Hélops. Mylabre.
Diapère. Cantharide.
––– Méloë.
Cistele.

*** Cinq articles à tous les tarses.

Lymexyle. Lampyre.
Téléphore. Lycus.
Malachie. Omalyse.
Mélyris. Drille
––– Clairon.
Mélasis. –––
Bupreste. Nécrophore.
Taupin. Bouclier.
––– Nitidule.
Ptilin. Ips.
Vrillette. Dermeste.
Ptine. Anthrène.
––– Byrrhe.
Staphylin. Escarbot.
Oxypore. Sphéridie.
Pédère. –––
––– Trox.
Cicindele. Cétoine.
Elaphre. Goliath.
Scarite. Hanneton.
Manticore. Léthrus.
Carabe. Géotrupe.
Dytique. Bousier.
== Scarabé.
Hydrophile. Passale.
Gyrin. Lucane.
Dryops.


LES ARACHNIDES.
(classe VIe du règne animal.)

Animaux ovipares, ayant en tout temps des pates articulées, et des yeux à la tête ; ne subissant point de métamorphose, et ne possédant jamais d’ailes ni d’élytres.

Des stigmates et des trachées bornées pour la respiration ; une ébauche de circulation ; plusieurs fécondations dans le cours de la vie.

Observations.

Les arachnides, qui, dans l’ordre que nous avons établi, viennent après les insectes, offrent des progrès manifestes dans le perfectionnement de l’organisation.

En effet, la génération sexuelle se montre chez elles, et pour la première fois, avec toutes ses facultés, puisque ces animaux s’accouplent et engendrent plusieurs fois dans le cours de leur vie ; tandis que dans les insectes, les organes sexuels, comme ceux des végétaux, ne peuvent exécuter qu’une seule fécondation ; d’ailleurs, les arachnides sont les premiers animaux dans lesquels la circulation commence à s’ébaucher ; car, selon les observations de M. Cuvier, on leur trouve un cœur d’où partent, sur les côtés, deux ou trois paires de vaisseaux.

Les arachnides vivent dans l’air, comme les insectes parvenus à l’état parfait ; mais elles ne subissent point de métamorphose, n’ont jamais d’ailes ni d’élytres, sans que ce soit le produit d’aucun avortement, et elles se tiennent, en général, cachées ou vivent solitairement, se nourrissant de proie ou du sang qu’elles sucent.

Dans les arachnides, le mode de respiration est encore le même que dans les insectes ; mais ce mode est sur le point de changer ; car les trachées des arachnides sont très-bornées, pour ainsi dire appauvries, et ne s’étendent pas dans tous les points du corps. Ces trachées sont réduites à un petit nombre de vésicules, ce que nous apprend encore M. Cuvier, (Anatom., vol. IV, p. 419) ; et après les arachnides, ce mode de respiration ne se retrouve plus dans aucun des animaux des classes qui suivent.

Cette classe d’animaux est très-suspecte : beaucoup d’entre eux sont venimeux, surtout ceux qui habitent des climats chauds.

tableau des arachnides.
Ordre Ier ARACHNIDES PALPISTES.

Point d’antennes, mais seulement des palpes ; la tête confondue avec le corselet ; huit pates.

Mygale. Trogul.
Araignée. Elays.
Phryne. Trombidion
Théliphone. –––
Scorpion. Hydrachne.
––– Bdelle.
Pince. Mitte.
Galéode. Nymphon.
Faucheur. Poicnogonon.

Ordre IIe ARACHNIDES ANTENNISTES.

Deux antennes ; la tête distincte du corselet.

Pou. –––
Ricin. Scolopendre.
––– Scutigère.
Forbicine. Iule.
Podure. –––
IVe degré d’organisation.

Des nerfs aboutissant à une moelle longitudinale noueuse ou à un cerveau sans moelle épinière ; respiration par des branchies ; des artères et des veines pour la circulation.

[Les crustacés, les annelides, les cirrhipèdes et les mollusques.]


LES CRUSTACÉES
(classe VIIe du règne animal.)

Animaux ovipares, ayant le corps et les membres articulés, la peau crustacée, plusieurs paires de mâchoires, des yeux et des antennes à la tête. Respiration par des branchies ; un cœur et des vaisseaux pour la circulation.

Observations.

De grands changemens dans l’organisation des animaux de cette classe, annoncent qu’en formant les crustacés, la nature est parvenue à faire faire à l’organisation animale des progrès considérables.

D’abord le mode de respiration y est tout-à-fait différent de celui employé dans les arachnides et dans les insectes ; et ce mode, constitué par des organes qu’on nomme branchies, va se propager jusque dans les poissons. Les trachées ne reparoîtront plus ; et les branchies elles-mêmes disparoîtront lorsque la nature aura pu former un poumon cellulaire.

Ensuite la circulation, dont on ne trouve qu’une simple ébauche dans les arachnides, est complétement établie dans les crustacés, où l’on trouve un cœur et des artères pour l’envoi du sang aux différentes parties du corps, et des veines qui ramènent ce fluide à l’organe principal de son mouvement.

On retrouve encore dans les crustacés le mode des articulations que la nature a généralement employé dans les insectes et dans les arachnides, pour faciliter le mouvement musculaire à l’aide de l’indurescence de la peau ; mais dorénavant la nature abandonnera ce moyen pour établir un système d’organisation qui ne l’exigera plus.

La plupart des crustacés vivent dans les eaux, soit douces, soit salées ou marines ; quelques-uns néanmoins se tiennent sur la terre et respirent l’air avec leurs branchies : tous ne se nourrissent que de matières animales.

Tableau des crustacés.
Ordre Ier crustacés sessiliocles.

Les yeux sessiles et immobiles.

Cloporte. Céphalocle.
Ligie. Amymone.
Aselle Daphnie.
Cyame. Lyncé.
Crevette. Osole.
Cheverolle. Limule.
Calige.
Cyclops. Polyphême.
Zoëe.


Ordre IIe crustacés pédiocles.

Deux yeux distincts, élevés sur des pédicules mobiles.

*Queue allongée, garnie de lames natatoires, ou de crochets ou de cils.

Branchiopode. Crangon.
Squille. Palinure.
Palémon. Scyllare.

Galathée. Albunée.
Ecrevisse. Hippe.
Pagure. Coriste.
Porcellane.
Ranine.

** Queue courte, nue, et appliquée contre le dessous de l’abdomen.

Pinnothère. Doripe.
Leucosie. Plagusie.
Arctopsis. Grapse.
Maia Ocypode.
Calappe.
Matute Hépate.
Orithye Dromie.
Podophtalme. Cancer.
Portune.


LES ANNELIDES.


(Classe VIIIe. du règne animal.)

Animaux ovipares, à corps allongé, mollasse, annelé transversalement, ayant rarement des yeux et une tête distincte, et dépourvu de pattes articulées.

Des artères et des veines pour la circulation ; respiration par des branchies ; une moelle longitudinale noueuse.

Observations.

On voit, dans les annelides, que la nature s’efforce d’abandonner le mode des articulations qu’elle a constamment employé dans les insectes, les arachnides et les crustacés. Leur corps allongé, mollasse, et dans la plupart simplement annelé, donne à ces animaux l’apparence d’être aussi imparfaits que les vers, avec lesquels on les avoit confondus ; mais ayant des artères et des veines, et respirant par des branchies, ces animaux, très-distingués des vers, doivent, avec les cirrhipèdes, faire le passage des crustacés aux mollusques.

Ils manquent de pates articulées[2], et la plupart ont, sur les côtés, des soies ou des faisceaux de soies qui en tiennent lieu : presque tous sont des suceurs, et ne se nourrissent que de matières fluides.

TABLEAU DES ANNELIDES
ORDRE Ier. ANNELIDES CRYPTOBRANCHES.
Planaire. Furie ?
Sangsue. Naïade.
Lernée. Lombric.
Clavale. Thalasseme.
ORDRE IIe. ANNELIDES GYMNOBRANCHES.
Arénicole. Sabellaire.
Amphinome.
Aphrodite. Serpule.
Néréide. Spirorbe.
Siliquaire.
Terebelle. Dentale.
Amphitrite.


LES CIRRHIPÈDES.
(classe IXe. du règne animal.)

Animaux ovipares et testacés, sans tête et sans yeux, ayant un manteau qui tapisse l’intérieur de la coquille, des bras articulés dont la peau est cornée, et deux paires de mâchoires à la bouche.

Respiration par des branchies ; une moelle longitudinale noueuse ; des vaisseaux pour la circulation.

Observations.

Quoiqu’on ne connaisse encore qu’un petit nombre de genres qui se rapportent à cette classe, le caractère des animaux que comprennent ces genres est si singulier, qu’il exige qu’on les distingue, comme constituant une classe particulière.

Les cirrhipèdes ayant une coquille, un manteau, et se trouvant sans tête et sans yeux, ne peuvent être des crustacés ; leurs bras articulés empêchent qu’on ne les range parmi les annelides ; et leur moelle longitudinale noueuse ne permet pas qu’on les réunisse aux mollusques.

TABLEAU DES CIRRHIPÈDES.
Tubicinelle. Balane.
Coronule. Anatife.

Remarque. on voit que les cirrhipèdes tiennent encore aux annelides par leur moelle longitudinale noueuse ; mais, dans ces animaux, la nature se prépare à former les mollusques, puisqu’ils ont déjà, comme ces derniers, un manteau qui tapisse l’intérieur de leur coquille.


LES MOLLUSQUES.
(classe Xe. du règne animal.)

Animaux ovipares, à corps mollasse, non articulé dans ses parties, et ayant un manteau variable.

Respiration par des branchies très-diversifiées ; ni moelle épinière, ni moelle longitudinale noueuse ; mais des nerfs aboutissant à un cerveau imparfait.

La plupart sont enveloppés dans une coquille ; d’autres en contiennent une plus ou moins complétement enchâssée dans leur intérieur, et d’autres encore en sont tout-à-fait dépourvus.

Observations.

Les mollusques sont les mieux organisés des animaux sans vertèbres, c’est-à-dire, ceux dont l’organisation est la plus composée et qui approche le plus de celle des poissons.

Ils constituent une classe nombreuse qui termine les animaux sans vertèbres, et qui est éminemment distinguée des autres classes, en ce que les animaux qui la composent, ayant un système nerveux, comme beaucoup d’autres, sont les seuls qui n’aient ni moelle longitudinale noueuse, ni moelle épinière.

La nature, sur le point de commencer et de former le système d’organisation des animaux vertébrés, paroît ici se préparer à ce changement. Aussi les mollusques, qui ne tiennent plus rien du mode des articulations, et de cet appui qu’une peau cornée donne aux muscles des animaux qui ont part à ce mode, sont-ils très-lents dans leurs mouvemens, et paroissent-ils, à cet égard, plus imparfaitement organisés que les insectes mêmes.

Enfin, comme les mollusques font le passage des animaux sans vertèbres aux animaux vertébrés, leur système nerveux est intermédiaire, et n’offre ni la moelle longitudinale noueuse des animaux sans vertèbres qui ont des nerfs, ni la moelle épinière des animaux vertébrés : ils sont en cela éminemment caractérisés et bien distingués des autres animaux sans vertèbres.

TABLEAU DES MOLLUSQUES.
ORDRE Ier. MOLLUSQUES ACÉPHALÉS.

Point de tête ; point d’yeux ; point d’organe de mastication ; ils produisent sans accouplement.

La plupart ont une coquille à deux valves qui s’articulent en charnière.

Les brachiopodes.
Lingule.
Térébratule.
Orbicule.
Les ostracées.
Radiolite. Huître.
Calcéole. Gryphée.
Cranie. Plicatule.
Anomie. Spondyle.
Placune. Peigne.
Vulselle.
Les byssifères.
Houlette. Moule.
Lime. Modiole ?
Pinne. Crénatule.

Perne Avicule.
Marteau.
Les camacées.
Ethérie. Corbule.
Came. Pandore.
Dicérate.
Les naïades.
Mulette.
Anodonte.
Les arcacées.
Nucule. Cucullée.
Pétoncle. Trigonie.
Arche.
Les cardiadées.
Tridacne. Isocarde.
Hippope. Bucar.
Cardite.
Les conques.
Vénéricarde. Lucine.
Vénus. Cyclade.
Cithérée. Galath
Donace. Capse.
Telline.
Les mactracées.
Erycine. Lutraire.
Onguline. Mactre.
Crassatelle.

Les myaires.
Myes.
Panorpe.
Anatine.
Les solenacées.
Glycimère. Pétricole.
Solen. Rupellaire.
Sanguinolaire. Saxicave.
Les pholadaires.
Pholade. Arrosoir.
Taret. Fistulane.
Les ascidiens.
Ascidie.
Biphore.
Mammaire.


ORDRE IIe. MOLLUSQUES CÉPHALÉS.

Une tête distincte, des yeux et deux ou quatre tentacules dans la plupart, des mâchoires ou une trompe à la bouche ; génération par accouplement.
La coquille de ceux qui en ont ne se compose jamais de deux valves articulées en charnière.

* Ptéropodes.

Deux ailes opposées et natatoires.

Hyale.
Clio.
Pneumoderme.

** Gastéropodes.

(A) Corps droit, réuni au pied dans toute ou presque toute sa longueur.

Les tritoniens.
Glaucie. Tritonie.
Éolide. Téthys.
Scyllée. Doris.
Les phyllidéens.
Pleurobranche. Patelle.
Phyllidie. Fissurelle.
Oscabrion. Émarginule.
Les laplysiens.
Laplysie. Bullée.
Dolabelle. Sigaret.
Les limaciens.
Onchide. Vitrine.
Limace. Testacelle.
Parmacelle.

(B) Corps en spirale ; point de syphon.

Les colymacées.
Hélix. Amphibulime.
Hélicine. Agathine.
Bulime. Maillot.
Les orbacées.
Cyclostome. Planorbe.
Vivipare. Ampullaire.

Les auriculacées.
Auricule. Mélanie.
Mélanopside. Lymnée.
Les néritacées.
Néritine. Nérite.
Nacelle. Natice.
Les stomatacées.
Haliotide.
Stomate.
Stomatelle.
Les turbinacées.
Phasianelle. Scalaire.
Turbo. Turritelle.
Monodonte. Vermiculaire ?
Dauphinule.
Les hétéroclites.
Volvaire.
Bulle.
Janthine.
Les calyptracées.
Crépidule. Cadran.
Calyptrée. Trochus.

(c) Corps en spirale ; un syphon.

Les canalifères.
Cérite. Turbinelle.
Pleurotome. Fasciolaire.

|- Pyrule. Fuseau. Murex. Les ailées. Rostellaire. Ptérocère. Strombe. Les purpuracées. Casque. Buccin. Harpe. Concholepas. Tonne. Monocéros. Vis. Pourpre. Eburne. Nasse. Les columellaires. Cancellaire. Mitre. Marginelle. Volute. Colombelle. Les enroulées. Ancille. Ovule. Olive. Porcelaine. Tarrière. Cone. *** CÉPHALOPODES.

(A) À test multiloculaire.

Les lenticulacées.
Miliolite. Rotalite.
Gyrogonite. Rénulite.

Discorbite.
Lenticuline.
Numulite.
Les lituolacées.
Lituolite. Orthocère.
Spirolinite. Hippurite.
Spirule. Bélemnite.
Les nautilacées.
Baculite. Ammonite.
Turrilite. Orbulite.
Ammonocératite. Nautile.

(B) À test uniloculaire.

Les argonautacées.
Argonaute.
Carinaire.

(C) Sans test.

Les sépialées.
Poulpe.
Calmar.
Sèche.
ANIMAUX VERTÉBRÉS.

Ils ont une colonne vertébrale composée d’une multitude d’os courts, articulés et à la suite les uns des autres. Cette colonne sert de soutien à leur corps, fait la base de leur squelette, fournit une gaîne à leur moelle épinière, et se termine antérieurement par une boîte osseuse qui contient leur cerveau.


Ve. DEGRÉ D’ORGANISATION.

Des nerfs aboutissant à une moelle épinière et à un cerveau qui ne remplit point la cavité du crâne. Le cœur à un ventricule, et le sang froid.

[Les Poissons et les Reptiles.]
LES POISSONS.
(Classe XIe. du règne animal.)

Animaux ovipares, vertébrés et à sang froid ; vivant dans l’eau, respirant par des branchies, couverts d’une peau, soit écailleuse, soit presque nue et visqueuse, et n’ayant pour leurs mouvemens de translation que des nageoires membraneuses, soutenues par des arêtes osseuses ou cartilagineuses.

Observations.

L’organisation des poissons est bien plus perfectionnée que celle des mollusques et des animaux des classes antérieures, puisqu’ils sont les premiers animaux qui aient une colonne vertébrale, l’ébauche d’un squelette, une moelle épinière, et un crâne renfermant le cerveau. Ce sont aussi les premiers dans lesquels le système musculaire tire ses appuis de parties intérieures.

Cependant leurs organes respiratoires sont encore analogues à ceux des mollusques, des cirrhipèdes, des annelides et des crustacés ; et comme tous les animaux des classes précédentes, ils sont encore privés de voix, et n’ont pas de paupières sur les yeux.

La forme de leur corps est appropriée à la nécessité où ils se trouvent de nager ; mais ils conservent la forme symétrique de parties paires, commencée dans les insectes ; enfin, chez eux, ainsi que dans les animaux des trois classes suivantes, le mode des articulations n’est qu’intérieur, et n’a lieu que dans les parties de leur squelette.

Nota. pour la composition des tableaux des animaux à vertèbres, j’ai fait usage de l’ouvrage de M. DUMÉRIL, intitulé Zoologie Analitique, et je ne me suis permis que quelques changemens dans la disposition des objets.

TABLEAU DES POISSONS.
ORDRE Ier. POISSONS CARTILAGINEUX.

Colonne vertébrale molle et comme cartilagineuse ; point de véritables côtes dans un grand nombre.

* Point d’opercule au-dessus des branchies, ni de membrane.

LES TRÉMATOPNÉS.

Respiration par des trous arrondis.

1. Trém. cyclostomes.
Gastérobranche.
Lamproie.
2. Trém. plagiostomes.
Torpille. Squatine.
Raie. Squale.
Rhinobate. Aodon.

** Point d’opercule au-dessus des branchies, mais une membrane.

LES CHISMOPNÉS.

Ouvertures des branchies en fente sur les côtés du cou ; quatre nageoires paires.

3…………
Baudroie. Baliste.
Lophie. Chimère.

*** Un opercule au-dessus des branchies, mais point de membrane.

LES ELEUTHÉROPOMES.
Quatre nageoires paires ; bouche sous le museau.
4…………
Polyodon.
Pégase.
Accipenser.

**** Un opercule et une membrane au-dessus des branchies.

LES TÉLÉOBRANCHES.
Branchies complètes, ayant un opercule et une membrane.
5. Téléobr. aphiostomes.
Macrorhinque.
Solénostome.
Centrisque.
6, Téléobr. plécoptères.
Cycloptère.
Lépadogastère.
7. Téléobr. ostéodermes.
Ostracion. Diodon.
Tétraodon. Sphéroïde.
Ovoïde. Syngnathe.

ORDRE IIe. POISSONS OSSEUX.
Colonne vertébrale à vertèbres osseuses, non flexibles.
* Un opercule et une membrane au-dessus des branchies.
LES HOLOBRANCHES.

HOLOBRANCHES APODES.
Point de nageoires paires inférieures.
8. Holobr. péroptères.
Cœcilie. Notoptère.
Monoptère. Ophisure.
Leptocéphale. Aptéronote.
Gymnote. Régalec.
Trichiure.
9. Holobr. pantoptères.
Murène. Anarrhique.
Ammodyte. Coméphore.
Ophidie. Stromatée.
Macrognathe. Rhombe.
Xiphias.
HOLOBRANGEES JUGULAIRES.
Nageoires paires inférieures situées sous la gorge, au-devant des thoraciques.
10. Holobr. auchénoptères.
Murénoïde. Vive.
Calliomore. Gade.
Uranoscope. Batracoïde.

Bleunie. Kurte.
Oligopode. Chrysostrome.


HOLOBRANCHES THORACIQUES.
Nageoires paires inférieures situées sous les pectorales.
11. Holobr. pétalosomes.
Lépidope. Bostrichte.
Cépole. Bostrichoïde.
Tænioïde. Gymnètre.
12. Holobr. plécopodes.
Gobie.
Gobioïde.
13. Holobr. éleuthéropodes.
Gobiomore.
Gobiomoroïde.
Echéneïde.
14. Holobr. atractosomes.
Scombre. Scombéromore.
Scombéroïde. Gastérostée.
Caranx. Centropode.
Trachinote. Centronote.
Caranxomore. Lépisacanthe.
Cæsion. Istiophore.
Cæsiomore. Pomatome.
15. Holobr. léiopomes.
Hiatule. Osphronème.
Coris. Trichopode.
Gomphose. Monodactyle.

Plectorhinque. Hologymnose.
Pogonias. Spare.
Labre. Diptérodon.
Cheiline. Cheilion.
Cheilodiptère. Mulet.
Ophicéphale.
16. Holobr. ostéostomes.
Scare.
Ostorhinque.
Leiognathe.
17. Holobr. lophionotes.
Coryphène. Tænianote.
Hémiptéronote. Centrolophe.
Coryphénoïde. Chevalier.
18. Holobr. céphalotes.
Gobiésoce. Cotte.
Aspidophore. Scorpène.
Aspidophoroïde.
19. Holobr. dactylés.
Dactyloptère. Trigle.
Prionote. Péristédion.
20. Holobr. hétérosomes.
Pleuronecte.
Achire.
21. Holobr. acanthopomes.
Lutjan. Sciène.
Centropome. Microptère.
Bodian. Holocentre.
Tænionote. Persèque.

22. Holobr. leptosomes.
Chétodon. Acanthure.
Acanthinion. Aspisure.
Chétodiptère. Acanthopode.
Pomacentre. Sélène.
Pomadasys. Argyréiose.
Pomacanthe. Zée.
Holacanthe. Gal.
Enoplose. Chrysostose.
Glyphisodon. Caprose.


HOLOBRANCHES ABDOMINAUX.

Nageoires paires inférieures placées un peu au devant de l’anus.

23. Holobr. siphonostomes.
Fistulaire.
Aulostome.
Solénostome.
24. Holobr. cylindrosomes.
Cobite. Amie.
Misgurne. Butyrin.
Anableps. Triptéronote.
Fondule. Ompolk.
Colubrine.
25. Holobr. oplophores.
Silure. Doras.
Macroptéronote. Pogonate.
Malaptérure. Cataphracte.
Pimélode. Plotose.

Agénéiose. Hypostome.
Macroramphose. Corydoras.
Centranodon. Tachysure.
Loricaire.
26. Holobr. dimérèdes.
Cirrhite. Polynème.
Cheilodactyle. Polydactyle.
27. Holobr. lépidomes.
Muge. Chanos.
Mugiloïde. Mugilomore.
28. Holobr. gymnopomes.
Argentine. Glupanodon.
Athérine. Serpe.
Hydrargyre. Méné.
Stoléphore. Dorsuaire.
Buro. Xystère.
Clupée. Cyprin.
Myste.
29. Holobr. dermoptères.
Salmone. Characin.
Osmère. Serrasalme.
Corrégone.
30. Holobr. siagonotes.
Elope. Sphyrène.
Mégalope. Lépisostée.
Esoce. Polyptère.
Synodon. Scombrésoce.

** Un opercule au-dessus des branchies, mais point de membrane.
LES STERNOPTIGES.
31................
Sternoptyx.
*** Point d’opercule au-dessus des branchies, mais une membrane.
LES CRYPTOBRANCHES.
32................
Mormyre.
Stéléphore.
**** Point d’opercule ni de membrane au-dessus des branchies ; point de nageoires paires inférieures.
LES OPHICHTES.
33................
Unibranche aperture. Murénophis.
Sphagébranche. Gymnomurène.

Remarque. Le squelette ayant commencé à se former dans les poissons, ceux qu’on nomme cartilagineux sont probablement les poissons les moins perfectionnés, et conséquemment le plus imparfait de tous doit être le gastérobranche que Linné, sous le nom de myxine, avoit regardé comme un ver. Ainsi, dans l’ordre que nous suivons, le genre gastérobranche doit être le premier des poissons, parce qu’il est le moins perfectionné.

LES REPTILES.
(Classe XIIe. du règne animal.)

Animaux ovipares, vertébrés et à sang froid ; respirant incomplétement par un poumon, au moins dans leur dernier âge ; et ayant la peau lisse ou recouverte, soit d’écailles, soit d’un test osseux.

Observations.

Des progrès dans le perfectionnement de l’organisation sont très-remarquables dans les reptiles, si l’on compare ces animaux aux poissons ; car c’est chez eux que l’on trouve, pour la première fois, le poumon, que l’on sait être l’organe respiratoire le plus parfait, puisque c’est le même que celui de l’homme ; mais il n’y est encore qu’ébauché, et même plusieurs reptiles n’en jouissent pas dans leur premier âge : à la vérité, ils ne respirent qu’incomplétement ; car il n’y a qu’une partie du sang envoyé aux parties qui passe par le poumon.

C’est aussi chez eux qu’on voit, pour la première fois, d’une manière distincte, les quatre membres qui font partie du plan des animaux vertébrés, et qui sont des appendices ou des

dépendances du squelette.

TABLEAU DES REPTILES.
ORDRE Ier. REPTILES BATRACIENS.

Le cœur à oreillette unique ; la peau nue ; deux ou quatre pates ; des branchies dans le premier âge ; point d’accouplement.

Les urodèles.
Sirène. Triton.
Protée. Salamandre.
Les anoures.
Rainette. Pipa.
Grenouille. Crapaud.


ORDRE Ile. REPTILES OPHIDIENS (ou SERPENS.)

Le cœur à oreillette unique ; le corps allongé, étroit et sans pates ni nageoires ; point de paupières.

Les homodermes.
Cécilie. Ophisaure.
Amphisbène. Orvet.
Acrochorde. Hydrophide.
Les hétérodermes.
Crotale. Erix.
Scytale. Vipère.
Boa. Couleuvre.
Erpeton. Plature.

ORDRE IIIe. REPTILES SAURIENS.

Le cœur à oreillette double ; le corps écailleux et muni de quatre pates ; des ongles aux doigts ; des dents aux mâchoires.

Les téréticaudes.
Chalcides. Agame.
Scinque. Lézard.
Gecko. Iguane.
Analis. Stellion.
Dragon. Caméléon.
Les planicaudes.
Uroplate. Lophyre.
Tupinambis. Dragone.
Basilic. Crocodile.


ORDRE IVe. REPTILES CHÉLONIENS.

Le cœur à oreillelte double ; le corps muni d’une carapace et de quatre pates ; mâchoires sans dents.

Chélonée. Emyde.
Chélys. Tortue.


VIe. DEGRÉ D’ORGANISATION.

Des nerfs aboutissant à une moelle épinière et à un cerveau qui remplit la cavité du crâne ; le cœur à deux ventricules et le sang chaud.

[Les Oiseaux et les Mammifères.]



LES OISEAUX.
(classe XIIIe. du règne animal.)

Animaux ovipares, vertébrés, et à sang chaud ; respiration complète par des poumons adhérens et percés ; quatre membres articulés, dont deux sont conformés aux ailes ; des plumes sur la peau.

Observations.

Assurément les oiseaux ont l’organisation plus perfectionnée que les reptiles et que tous les animaux des classes précédentes, puisqu’ils ont le sang chaud, le cœur à deux ventricules, et que leur cerveau remplit la cavité du crâne, caractères qu’ils ne partagent qu’avec les animaux les plus parfaits qui composent la dernière classe.

Cependant les oiseaux ne forment évidemment que l’avant-dernier échelon de l’échelle animale ; car ils sont moins parfaits que les mammifères, puisqu’ils sont encore ovipares, qu’ils manquent de mamelles, qu’ils sont dépourvus de diaphragme, de vessie, etc., et qu’ils ont des facultés moins nombreuses.

Dans le tableau qui suit, on peut remarquer que les quatre premiers ordres embrassent les oiseaux dont les petits ne peuvent ni marcher, ni se nourrir dès qu’ils sont éclos ; et qu’au contraire, les trois derniers comprennent les oiseaux dont les petits marchent et se nourrissent eux-mêmes, dès qu’ils sont sortis de l’œuf ; enfin, le septième ordre, celui des palmipèdes, me paroît offrir les oiseaux qui se rapprochent le plus par leurs rapports des premiers animaux de la classe suivante.

TABLEAU DES OISEAUX.
ORDRE Ier. LES GRIMPEURS.

Deux doigts en avant, et deux en arrière.


Grimp. lévirostres.
Perroquet. Touraco.
Cacatoës. Couroucou.
Ara. Musophage.
Barbu. Toucan.
Grimp. cunéirostres.
Pic. Ani.
Torcol. Coucou.
Jacamer.
ORDRE IIe. LES RAPACES.

Un seul doigt en arrière ; doigts antérieurs entièrement libres ; bec et ongles crochus.

Rap. nocturnes.
Chouette.
Duc.
Surnie.

Rap. nudicolles.
Sarcoramphe.
Vautour.
Rap. plumicolles.
Griffon. Buse.
Messager. Autour.
Aigle. Faucon.


ORDRE IIIe. LES PASSEREAUX.

Un seul doigt derrière ; les deux externes de devant réunis ; les tarses médiocres en hauteur.

Pass. crénirostres.
Tangara. Cotinga.
Pie-grièche. Merle.
Gobe-mouche.
Pass. dentirostres.
Calao.
Momot.
Phytotome.
Pass. plénirostres.
Mainate. Corbeau.
Paradisier. Pie.
Rollier.
Pass. conirostres.
Pique-bœuf. Bec-croisé.
Glaucope. Loxie.
Troupiale. Coliou.
Cacique. Moineau.
Etourneau. Bruant.

Pass. subulirostres
Manakin. Alouette.
Mésange. Bec-fin.
Pass. planirostres.
Martinet.
Hirondelle.
Engoulevenl.
Pass. ténuirostres.
Alcyon. Guêpier.
Todier. Colibri.
Sittelle. Grimpereau.
Orthorinque. Huppe.


ORDRE IVe. LES COLOMBINS.

Bec mou, flexible, aplati à la base ; narines couvertes d’une peau molle ; ailes propres au vol ; couvée de deux œufs.

Pigeon.


ORDRE Ve. LES GALLINACÉS.

Bec solide, corné, arrondi à la base ; couvée de plus de deux œufs.

Gall. alectrides.
Outarde. Pintade.
Paon. Hocco.
Tétras. Guan.
Faisan. Dindon.
Gall. brachyptères.
Dronte. Touyou.
Casoar. Autruche.

ORDRE VIe. LES ÉCHASSIERS.

Tarses très-longs, dénués de plumes jusqu’à la jambe ; doigts externes réunis à leur base. (Oiseaux de rivage.)

Éch. pressirostres.
Jacana. Gallinule.
Râle. Foulque.
Huîtrier.
Éch. cultrirostres.
Bec-ouvert. Grue.
Héron. Jabiru.
Cigogne. Tantale.
Éch. térétirostres.
Avocette. Vanneau.
Courlis. Pluvier.
Bécasse.
Éch. latirostres.
Savacou.
Spatule.
Phénicoptère.


ORDRE VIIe. LES PALMIPEDES.

Doigts réunis par de larges membranes ; tarses peu élevés. (Oiseaux aquatiques, nageurs.)

Palm. pennipèdes.
Anhinga. Frégate.
Phaéton. Cormoran.
Fou. Pélican.

Palm. serrirostres.
Harle.
Canard.
Flammant.
Palm. longipennes.
Mauve. Avocette.
Albatros. Sterne.
Pétrel. Rhincope.
Palm. brévipennes.
Grèbe. Pingoin.
Guillemot. Manchot.
Alque.


* LES MONOTRÈMES, Geoff


Animaux intermédiaires entre les oiseaux et les mammifères. Ces animaux sont quadrupèdes, sans mamelles, sans dents enchâssées, sans lèvres, et n’ont qu’un orifice pour les organes génitaux, les excrémens et les urines ; leur corps est couvert de poils ou de piquans.

Les ornithorinques.
Les échidnées.

Nota. J’ai déjà parlé de ces animaux dans le chap. VI, p. 145 et 146, où j’ai montré que ce ne sont ni des mammifères, ni des oiseaux, ni des reptiles.

LES MAMMIFÈRES.
(Classe XIVe. du règne animal.)

Animaux vivipares et à mamelles ; quatre membres articulés, ou seulement deux ; respiration complète par des poumons non percés à l’extérieur ; du poil sur quelques parties du corps.

Observations.

Dans l’ordre de la nature, qui procède évidemment du plus simple vers le plus composé dans ses opérations sur les corps vivans, les mammifères constituent nécessairement la dernière classe du règne animal.

Cette classe, effectivement, comprend les animaux les plus parfaits, ceux qui ont le plus de facultés, ceux qui ont le plus d’intelligence, enfin, ceux dont l’organisation est la plus composée.

Ces animaux, dont l’organisation approche le plus de celle de l’homme, offrent, par cette raison, une réunion de sens et de facultés plus parfaite que tous les autres. Ils sont les seuls qui soient vraiment vivipares, et qui aient des mamelles pour allaiter leurs petits.

Ainsi, les mammifères présentent la complication la plus grande de l’organisation animale, et le terme du perfectionnement et du nombre des facultés qu’à l’aide de cette organisation la nature ait pu donner à des corps vivans. Ils doivent donc terminer l’immense série des animaux qui existent.


TABLEAU DES MAMMIFÈRES.
ORDRE Ier. MAMMIFÈRES EXONGULÉS.

Deux membres seulement : ils sont antérieurs, courts, aplatis, propres à nager, et n’offrent ni ongles, ni cornes.

Les cétacés.
Baleine. Narval.
Baleinoptère. Anarnak.
Physale. Delphinaptère.
Cachalot. Dauphin.
Physétère. Hypérodon.


ORDRE IIer. MAMMIFÈRES AMPHIBIES.

Quatre membres : les deux antérieurs courts, en nageoires, à doigts onguiculés ; les postérieurs dirigés en arrière, ou réunis avec l’extrémité du corps, qui est en queue de poisson.

Phoque. Dugong.
Morse. Lamantin.
Observation.

Cet ordre n’est placé ici que sous le rapport de la forme générale des animaux qu’il comprend. Voyez mon observation, p. 143.

ORDRE IIIe. MAMMIFÈRES ONGULÉS.

Quatre membres qui ne sont propres qu’à marcher : leurs doigts sont enveloppés entièrement à leur extrémité par une corne qu’on nomme sabot.

Les solipèdes.
Cheval.
Les ruminans ou bisulces.
Bœuf. Cerf.
Antilope. Giraffe.
Chèvre. Chameau.
Brebis. Chèvrotain.
Les pachidermes.
Rhinocéros. Cochon.
Daman. Éléphant.
Tapir. Hippopotame.


ORDRE IVe. MAMMIFÈRES ONGUICULÉS.

Quatre membres : des ongles aplatis ou pointus à l’extrémité de leurs doigts, et qui ne les enveloppent point.

Les tardigrades.
Paresseux.
Les édentés.
Fourmiller. Oryctérope.
Pangolin. Tatou.
Les rongeurs.
Kangurou.

Lièvre. Aspalax.
Coendou. Ecureuil.
Porc-épic. Loir.
Aye-Aye. Hamster.
Phascolome. Marmotte.
Hydromys. Campagnol.
Castor. Ondatra.
Cabiai. Rat.
Les pédimanes.
Sarigue. Wombat.
Péramèle. Coescoes.
Dasyure. Phalanger.
Les plantigrades.
Taupe. Blaireau.
Musaraigne. Coati.
Ours. Hérisson.
Kinkajou. Tenrec.
Les digitigrades.
Loutre. Chat.
Mangouste. Civette.
Moufette. Hyène.
Marte. Chien.
Les chiroptères.
Galéopithèque. Noctilion.
Rhinolophe. Chauve-souris.
Phyllostome. Roussette.
Les quadrumanes.
Galago. Lori.
Tarsier. Maki.

Indri. Alouate.
Guenon. Magot.
Babouin. Pongo.
Sapajou. Orang.

Remarque. Selon l’ordre que je viens de présenter, la famille des quadrumanes comprend donc les plus parfaits des animaux connus, surtout les derniers genres de cette famille ; et en effet, le genre Orang (pithecus) termine l’ordre entier, comme la monade le commence. Quelle différence, relativement à l’organisation et aux facultés, entre les animaux de ces deux genres !

Les naturalistes qui ont considéré l’homme seulement sous le rapport de l’organisation, en ont formé avec ses six variétés connues, un genre particulier, constituant lui seul une famille à part, qu’ils ont caractérisée de la manière suivante.

LES BIMANES.

Mammifères à membres séparés, onguiculés ; à trois sortes de dents, et à pouces opposables aux mains seulement.

L’homme.xxxxxxxx
Variétés.
Le caucasique.
L’hyperboréen.
Le mongol.
L’américain.
Le malais.
L’éthiopien ou nègre.

On a donné à cette famille le nom de bimanes, parce qu’en effet les mains seules de l’homme offrent un pouce séparé et comme opposé aux doigts ; tandis que dans les quadrumanes, les mains et les pieds présentent, à l’égard du pouce, le même caractère.

Quelques Observations relatives à l’Homme.

Si l’homme n’étoit distingué des animaux que relativement à son organisation, il seroit aisé de montrer que les caractères d’organisation dont on se sert pour en former, avec ses variétés, une famille à part, sont tous le produit d’anciens changemens dans ses actions, et des habitudes qu’il a prises et qui sont devenues particulières aux individus de son espèce.

Effectivement, si une race quelconque de quadrumanes, surtout la plus perfectionnée d’entre elles, perdoit, par la nécessité des circonstances, ou par quelqu’autre cause, l’habitude de grimper sur les arbres, et d’en empoigner les branches avec les pieds, comme avec les mains, pour s’y accrocher ; et si les individus de cette race, pendant une suite de générations, étoient forcés de ne se servir de leurs pieds que pour marcher, et cessoient d’employer leurs mains comme des pieds ; il n’est pas douteux, d’après les observations exposées dans le chapitre précédent, que ces quadrumanes ne fussent à la fin transformés en bimanes, et que les pouces de leurs pieds ne cessassent d’être écartés des doigts, ces pieds ne leur servant plus qu’à marcher.

En outre, si les individus dont je parle, mus par le besoin de dominer, et de voir à la fois au loin et au large, s’efforçoient de se tenir debout, et en prenoient constamment l’habitude de génération en génération ; il n’est pas douteux encore que leurs pieds ne prissent insensiblement une conformation propre à les tenir dans une attitude redressée, que leurs jambes n’acquissent des mollets, et que ces animaux ne pussent alors marcher que péniblement sur les pieds et les mains à la fois.

Enfin, si ces mêmes individus cessoient d’employer leurs mâchoires comme des armes pour mordre, déchirer ou saisir, ou comme des tenailles pour couper l’herbe et s’en nourrir, et qu’ils ne les fissent servir qu’à la mastication ; il n’est pas douteux encore que leur angle facial ne devînt plus ouvert, que leur museau ne se raccourcît de plus en plus, et qu’à la fin étant entièrement effacé, ils n’eussent leurs dents incisives verticales.

Que l’on suppose maintenant qu’une race de quadrumanes, comme la plus perfectionnée, ayant acquis, par des habitudes constantes dans tous ses individus, la conformation que je viens de citer, et la faculté de se tenir et de marcher debout, et qu’ensuite elle soit parvenue à dominer les autres races d’animaux ; alors on concevra :

1.o Que cette race plus perfectionnée dans ses facultés, étant par-là venue à bout de maîtriser les autres, se sera emparée à la surface du globe de tous les lieux qui lui conviennent ;

2.o Qu’elle en aura chassé les autres races éminentes, et dans le cas de lui disputer les biens de la terre, et qu’elle les aura contraintes de se réfugier dans les lieux qu’elle n’occupe pas ;

3.o Que nuisant à la grande multiplication des races qui l’avoisinent par leurs rapports, et les tenant reléguées dans des bois ou autres lieux déserts, elle aura arrêté les progrès du perfectionnement de leurs facultés, tandis qu’elle-même, maîtresse de se répandre partout, de s’y multiplier sans obstacle de la part des autres, et d’y vivre par troupes nombreuses, se sera successivement créé des besoins nouveaux qui auront excité son industrie et perfectionné graduellement ses moyens et ses facultés ;

4.o Qu’enfin, cette race prééminente ayant acquis une suprématie absolue sur toutes les autres, elle sera parvenue à mettre entre elle et les animaux les plus perfectionnés, une différence, et, en quelque sorte, une distance considérable.

Ainsi, la race de quadrumanes la plus perfectionnée aura pu devenir dominante ; changer ses habitudes par suite de l’empire absolu qu’elle aura pris sur les autres et de ses nouveaux besoins ; en acquérir progressivement des modifications dans son organisation et des facultés nouvelles et nombreuses ; borner les plus perfectionnées des autres races à l’état où elles sont parvenues ; et amener entre elle et ces dernières des distinctions très-remarquables.

L’ORANG D’ANGOLA (Symia troglodytes, LIN.) est le plus perfectionné des animaux : il l’est beaucoup plus que l’orang des Indes (Symia satyrus, LIN.), que l’on a nommé orang-outang ; et, néanmoins, sous le rapport de l’organisation, ils sont, l’un et l’autre, fort inférieurs à l’homme en facultés corporelles et d’intelligence[3]. Ces animaux se tiennent debout dans bien des occasions ; mais comme ils n’ont point de cette attitude une habitude soutenue, leur organisation n’en a pas été suffisamment modifiée ; en sorte que la station pour eux est un état de gêne fort incommode.

On sait, par les relations des voyageurs, surtout à l’égard de l’orang des Indes, que lorsqu’un danger pressant l’oblige à fuir, il retombe aussitôt sur ses quatre pates. Cela décèle, nous dit-on, la véritable origine de cet animal, puisqu’il est forcé de quitter cette contenance étrangère qui en imposoit.

Sans doute cette contenance lui est étrangère, puisque, dans ses déplacemens, il en fait moins d’usage, ce qui fait que son organisation y est moins appropriée ; mais pour être devenue plus facile à l’homme, la station lui est-elle donc tout-à-fait naturelle ?

Pour l’homme qui, par ses habitudes maintenues dans les individus de son espèce depuis une grande suite de générations, ne peut que se tenir debout dans ses déplacemens, cette attitude n’en est pas moins pour lui un état fatigant, dans lequel il ne sauroit se maintenir que pendant un temps borné et à l’aide de la contraction de plusieurs de ses muscles.

Si la colonne vertébrale du corps humain formoit l’axe de ce corps, et soutenoit la tête en équilibre, ainsi que les autres parties, l’homme debout pourroit s’y trouver dans un état de repos. Or, qui ne sait qu’il n’en est pas ainsi ; que la tête ne s’articule point à son centre de gravité ; que la poitrine et le ventre, ainsi que les viscères que ces cavités renferment, pèsent presqu’entièrement sur la partie antérieure de la colonne vertébrale ; que celle-ci repose sur une base oblique, etc. ? Aussi, comme l’observe M. Richerand, est-il nécessaire que dans la station, une puissance active veille sans cesse à prévenir les chutes dans lesquelles le poids et la disposition des parties tendent à entraîner le corps.

Après avoir développé les considérations relatives à la station de l’homme, le même savant s’exprime ainsi : « Le poids relatif de la tête, des viscères thoraciques et abdominaux, tend donc à entraîner en avant la ligne, suivant laquelle toutes les parties du corps pèsent sur le plan qui le soutient ; ligne qui doit être exactement perpendiculaire à ce plan pour que la station soit parfaite ; le fait suivant vient à l’appui de cette assertion : J’ai observé que les enfans dont la tête est volumineuse, le ventre saillant et les viscères surchargés de graisse, s’accoutument difficilement à se tenir debout ; ce n’est guère qu’à la fin de leur deuxième année qu’ils osent s’abandonner à leurs propres forces ; ils restent exposés à des chutes fréquentes, et ont une tendance naturelle à reprendre l’état de quadrupède. » Physiologie, vol. II, p. 268.

Cette disposition des parties qui fait que la station de l’homme est un état d’action, et par suite fatigant, au lieu d’être un état de repos, déceleroit donc aussi en lui une origine analogue à celle des autres mammifères, si son organisation étoit prise seule en considération.

Maintenant pour suivre, dans tous ses points, la supposition présentée dès le commencement de ces observations, il convient d’y ajouter les considérations suivantes.

Les individus de la race dominante dont il a été question, s’étant emparés de tous les lieux d’habitation qui leur furent commodes, et ayant considérablement multiplié leurs besoins à mesure que les sociétés qu’ils y formoient devenoient plus nombreuses, ont dû pareillement multiplier leurs idées, et par suite ressentir le besoin de les communiquer à leurs semblables. On conçoit qu’il en sera résulté pour eux la nécessité d’augmenter et de varier en même proportion les signes propres à la communication de ces idées. Il est donc évident que les individus de cette race auront dû faire des efforts continuels, et employer tous leurs moyens dans ces efforts, pour créer, multiplier et varier suffisamment les signes que leurs idées et leurs besoins nombreux rendoient nécessaires.

Il n’en est pas ainsi des autres animaux ; car, quoique les plus parfaits d’entre eux, tels que les quadrumanes, vivent, la plupart, par troupes ; depuis l’éminente suprématie de la race citée, ils sont restés sans progrès dans le perfectionnement de leurs facultés, étant pourchassés de toutes parts et relégués dans des lieux sauvages, déserts, rarement spacieux, et où, misérables et inquiets, ils sont sans cesse contraints de fuir et de se cacher. Dans cette situation, ces animaux ne se forment plus de nouveaux besoins ; n’acquièrent plus d’idées nouvelles ; n’en ont qu’un petit nombre, et toujours les mêmes qui les occupent ; et parmi ces idées, il y en a très-peu qu’ils aient besoin de communiquer aux autres individus de leur espèce. Il ne leur faut donc que très-peu de signes différens pour se faire entendre de leurs semblables ; aussi quelques mouvemens du corps ou de certaines de ses parties, quelques sifflemens et quelques cris variés par de simples inflexions de voix leur suffisent.

Au contraire, les individus de la race dominante, déjà mentionnée, ayant eu besoin de multiplier les signes pour communiquer rapidement leurs idées devenues de plus en plus nombreuses, et ne pouvant plus se contenter, ni des signes pantomimiques, ni des inflexions possibles de leur voix, pour représenter cette multitude de signes devenus nécessaires, seront parvenus, par différens efforts, à former des sons articulés : d’abord ils n’en auront employé qu’un petit nombre, conjointement avec des inflexions de leur voix ; par la suite, ils les auront multipliés, variés et perfectionnés, selon l’accroissement de leurs besoins, et selon qu’ils se seront plus exercés à les produire. En effet, l’exercice habituel de leur gosier, de leur langue et de leurs lèvres pour articuler des sons, aura éminemment développé en eux cette faculté.

De là, pour cette race particulière, l’origine de l’admirable faculté de parler ; et comme l’éloignement des lieux où les individus qui la composent se seront répandus favorise la corruption des signes convenus pour rendre chaque idée, de là l’origine des langues, qui se seront diversifiées partout.

Ainsi, à cet égard, les besoins seuls auront tout fait : ils auront fait naître les efforts ; et les organes propres aux articulations des sons se seront développés par leur emploi habituel.

Telles seroient les réflexions que l’on pourroit faire si l’homme, considéré ici comme la race prééminente en question, n’étoit distingué des animaux que par les caractères de son organisation et si son origine n’étoit pas différente de la leur.


FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE.



  1. Voyez le Voyage du jeune Anacharsis, par J.-J. Barthelemy, tom. V, p. 353 et 354.
  2. Pour perfectionner les organes du mouvement de translation de l’animal, la nature avoit besoin de quitter le système des pates articulées qui ne sont le produit d’aucun squelette, afin d’établir celui des quatre membres dépendans d’un squelette intérieur qui est propre au corps des animaux les plus parfaits ; c’est ce qu’elle a exécuté dans les annelides et les mollusques, où elle n’a fait que préparer ses moyens pour commencer, dans les poissons, l’organisation particulière des animaux vertébrés. Ainsi, dans les annelides, elle a abandonné les pates articulées, et dans les mollusques elle a fait plus encore, elle a cessé l’emploi d’une moelle longitudinale noueuse.
  3. Voyez dans mes Recherches sur les Corps vivans, p. 136, quelques observations sur l’ORANG D’ANGOLA.