Pauvres fleurs/La double image

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Pauvres fleursDumont éditeur Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 85-86).



LA DOUBLE IMAGE.


Que fais-tu dans mon rêve
Avec tes yeux sur moi,
Quand le sommeil m’enlève
Au monde, à tout, à toi :
À toi, génie austère,
Qui brûle sans amour ;
Pourquoi loin de la terre,
Cherches-tu mon séjour ?


Qu’as-tu donc à m’apprendre,
Pour me parler si bas,
Que j’ai peine à comprendre,
Si c’est comme là-bas,
Là-bas où je redoute,
Ta pensive froideur,
Là-bas où je n’écoute
Ni ton nom ni mon cœur.

Mon rêve, où tout s’altère,
Où rien ne me défend,
Te fait doux comme un frère,
Simple comme un enfant :
Par deux pouvoirs suivie,
Duquel dois-je guérir ?
C’est une double vie,
Qui m’entraîne à mourir.