Pausanias, Elide-1, chapitre VIII

Traduction par M. Clavier.
J.-M. Eberhart (3p. 63-68).

CHAPITRE VIII


Instituteurs des Jeux Olympiques après Hercules. Leur interruption et leur rétablissement. Exercices introduits successivement.

DANS la suite des temps, environ cinquante ans après le déluge de Deucalion, Clyménus, fils de Cardys, et descendant d'Hercules Idaéen, étant venu de l'île de Crète dans la Grèce, fit célébrer des jeux à Olympie, et érigea, dit-on, un autel aux Curètes et particulièrement à Hercules l'un de ses ancêtres ; il donna à cet Hercules le surnom de Parastate. Endymion, fils d'Aéthlius, détrôna Clyménus, et proposa, ensuite à Olympie son royaume pour prix de la course à ses trois fils.


Une génération s'était à peine écoulée, quand Pélops fit célébrer des jeux en l'honneur de Jupiter Olympien avec plus de solennité que tous ceux qui l'avaient précédé. Les fils de Pélops ayant abandonné l'Élide pour se disperser en divers lieux du Péloponnèse, Amythaon fils de Créthéus, et cousin germain d'Endymion du côté de son père (car on dit qu'Aéthlius était aussi fils d'Aeolus, quoiqu'il passât pour fils de Jupiter ), fit célébrer les jeux Olympiques ; après lui Pélias et Nélée donnèrent la même fête à frais communs, ces jeux furent aussi célébrés par Augias, et ensuite par Hercules, fils d'Amphitryon, lorsqu'il eut pris Élis. Iolas y remporta le prix de la course des chars avec les chevaux d'Hercules ; car anciennement il était permis de concourir avec les chevaux des autres, et nous voyons dans Homère, qu'aux jeux qui furent célébrés pour les funérailles de Patrocle, Ménélas attela Æthé, jument d' Agamemnon, avec un de ses propres chevaux. Iolas, au reste, conduisait ordinairement le char d'Hercules ; il eut donc le prix de la course des chars, et Iasius Arcadien celui de la course à cheval. Castor, l'un des fils de Tyndarée, fut vainqueur à la course, et Pollux au pugilat; et on dit qu'Hercules lui-même remporta le prix de la course et du pancrace.

Oxylus fit aussi célébrer ces jeux; mais ils furent interrompus après lui jusqu'à Iphitus qui les rétablit comme je l'ai déjà dit. A l'époque de leur rétablissement, on ne se souvenait plus de la manière dont ils se célébraient autrefois; on s'en ressouvint peu à peu, et à mesure qu'on se rappelait quelque exercice, on rajoutait aux précédents ; en voilà la preuve : en remontant à l'époque depuis laquelle la liste des olympiades n'est plus interrompue, on voit que le prix de la course fut le premier qu'on proposa, et qu'il fut remporté par Corabus Éléen qui n'a cependant pas de statue à Olympie, mais dont le tombeau existe sur les frontières de l'Élide. Le prix du Diaulus, ou de la course du double stade, fut ajouté daim la quatorzième olympiade, il fut remporté par Hypénus de Pise, et à l'olympiade suivante, par Acanthus de Lacédémone.

On se ressouvint du pentathle et de la lutte en la dix-huitième olympiade ; le prix du premier de ces exercices fut décerné à Lampis, et celui de la lutte à Eurybate, tous deux aussi Lacédémoniens. On rétablit le prix du pugilat en la vingt-troisième olympiade : il fut remporté par Onomastus de Smyrne, ville qui était déjà dans la confédération Ionienne. A la vingt-cinquième olympiade on admit parmi les jeux la course des chars attelés de chevaux ayant acquis toute leur force, et Pagondas le Thébain y fut victorieux.

Le pancrace et la course à cheval furent mis au nombre des jeux en la trente-troisième olympiade : le cheval de Crauxidas, Crannonien, passa tous les autres ; et tous ceux qui se présentèrent pour le pancrace lent vaincus par Lygdamus le Syracusain, dont le tombeau se voit à Syracuse, près des Carrières. Ses compatriotes disent qu'il était aussi grand qu'Hercules le Thébain ; j'ignore si cela est vrai.

Quant aux combats entre les enfants, on n'en trouve aucune trace dans les anciens temps, et c'est de leur propre mouvement que les Éléens les ont institués. On établit pour les plus jeunes athlètes le prix de la course et celui de la lutte dans la trente-septième olympiade. Hipposthènes de Lacédémone fut vainqueur à la lutte, et Polynice Éléen à la course. On admit, en la quarante-unième olympiade, le pugilat des enfants; et Philétas de Sybaris vainquit tous ses antagonistes.

La soixante-cinquième vit des courses de gens armés ; exercice introduit, je crois, pour accoutumer au métier des armes. Démaratus d'Hérée surpassa en vitesse tous ceux qui couraient ainsi avec des boucliers. La Synoris, ou course de deux forts chevaux attelés à un char, fut instituée en la quatre-vingt-treizième olympiade, et le prix fut remporté par Évagoras Éléen.

On imagina dans la quatre-vingt-dix-neuvième, d'admettre aussi au concours des chars attelés de poulains, et la couronne fut décernée à Sybariades, Lacédémonien. Les chars attelés de deux poulains (synoris), et les courses de poulains portant un cavalier (célis), furent ajoutés plus tard. Bélistiché, Macédonienne du voisinage de la mer, remporta le prix de la Synoris de poulains en la cent vingt-huitième olympiade ; Tlépolème de Lycien, celui de la Célis, en la cent trente et unième. Enfin, on institua dans la cent quarante-cinquième un prix de pancracé pour les enfants ; et le vainqueur fut Phoedimus, Éolien de la ville de Troade.