Pausanias, Béotie-1, chapitre IX

Traduction par M. Clavier.
J.-M. Eberhart (5p. 59-60).

CHAPITRE IX.


Guerre des Argiens contre les Thébains. Expédition de Thersandre et des Épigones.

CETTE guerre des Argiens contre les Thébains est, à ce que je pense, la plus mémorable de toutes celles qui ont été faites par des Grecs à d'autres Grecs dans les temps nommés héroïques. En effet, les Éleusiniens lorsqu'ils firent la guerre aux autres Athéniens, et les Thébains lorsqu'ils la firent aux Minyens, n'eurent pas à chercher bien loin leurs ennemis ; une seule bataille décida du sort de la guerre ; on en vint aussitôt à des conventions et à des traités ;

mais l'armée des Argiens se porta du milieu du Péloponnèse dans le milieu de la Béotie, et Adraste avait rassemblé des secours de l'Arcadie et de la Messénie, de même que les Thébains avoient pris à leur solde des Phocéens et des Phlégyens du pays des Minyens. Le combat s'étant livré près du fleuve Isménius, les Thébains furent vaincus, et ayant pris la fuite, se réfugièrent dans leurs murs.

Comme les Péloponnésiens ne savaient pas former un siège, et qu'ils mettaient beaucoup plus de courage que d'habileté dans leurs attaques, les Thébains en tuèrent beaucoup de dessus leurs murs; ils défirent ensuite les autres, en faisant une sortie et en les attaquant avant qu'ils eussent le temps de se reconnaître ; de .sorte que toute l'armée périt à l'exception d'Adraste ; mais cette victoire leur coûta très cher, aussi nomme-t-on victoire Cadméenne, celle où les vainqueurs font eux-mêmes des pertes considérables.

Peu d'années après, ceux que les Grecs nomment les Épigones marchèrent avec Thersandre contre Thèbes ; il est certain qu'il y avait dans leur armée, non seulement des Argiens, des Messéniens et des Arcadiens, mais encore des troupes auxiliaires qu'on avait appelées de Corinthe et de Mégare. Les Thébains avaient avec eux les peuples de leur voisinage ; il y eut vers Glisante une bataille où l'on se battit avec acharnement de part et d'autre.

Les Thébains ayant été vaincus, les uns quittèrent sur-le-champ le pays avec Laodamas ; ceux qui restaient soutinrent un siège. Cette guerre a été aussi le, sujet d'un poème nommé la Thébaïde ; que Calaenus attribue à Homère. Beaucoup de gens, dont l'opinion est de quelque poids, sont du même avis, et je trouve qu'après l'Iliade et l'Odyssée, ce poème est celui qui mérite le plus d'éloges. En voilà suffisamment sur la guerre que se firent les Argiens et les Thébains au sujet des fils d'Oedipe.