Pausanias, Béotie-1, chapitre VIII

Traduction par M. Clavier.
J.-M. Eberhart (5p. 52-56).

CHAPITRE VIII.


Ruines et monuments de Potnies. Temple de Bacchus. Les sept portes de Thèbes.

APRÈS avoir traversé l'Asope, à dix stades tout au plus de la ville, vous trouvez les ruines de Potnies, parmi ces ruines, un bois consacré à Cérès et à sa fille. On nomme déesses Potniades les statues qu'on voit sur les bords du fleuve, vers Potnies ; on fait à certaines époques différentes cérémonies instituées en leur honneur, entre autres choses, on jette dans l'endroit nommé Mégara, des cochons de lait, et on prétend que ces cochons se trouvent l'année suivante à Dodone. Il est possible que quelqu'un croit cela , mais ce n'est pas moi.

On voit dans le même endroit un temple de Bacchus surnommé Aegobolus ; des gens du pays qui sacrifiaient à ce dieu, s'étant enivrés, en vinrent à un tel degré d'insolence, qu'ils tuèrent le prêtre de Bacchus. Une maladie épidémique se répandit aussitôt parmi eux , et il leur vint en même temps de Delphes, un oracle qui leur ordonna de sacrifier à Bacchus un jeune et beau garçon. On dit que peu d'années après , le dieu leur permit de lui sacrifier une chèvre à la place.

On montre aussi à Potnies un puits dont l'eau, à ce qu'on prétend, rend furieuses les juments du pays lorsqu'elles en boivent. En allant de Potnies à Thèbes, vous trouvez à droite du chemin une enceinte qui n'est pas très grande et dans laquelle sont des colonnes; on croit que c'est là que la terre s'ouvrit pour recevoir Amphiaraüs; on ajoute de plus que les oiseaux ne se reposent point sur ces colonnes, et qu'aucun animal, ni domestique ni sauvage, ne mange de l'herbe qui croît en cet endroit.

L'ancienne enceinte de Thèbes avait sept pontes qui existent encore maintenant ; voici quels sont leurs noms, et pourquoi, à ce que j'ai appris, on les leur a donnés. Les portes Électrides ont pris le leur d'Électre, sœur de Cadmus ; les Proetides de Proetus, l'un des habitants du pays ; il est difficile de connaître son origine et l'époque à laquelle il a vécu. Les Neïtes ont pris le leur, à ce qu'on dit, d'une des cordes de la lyre ; on nomme en effet Nété, la plus haute de ces cordes ; on prétend qu'Amphion l'inventa auprès de ces portes. J'ai aussi entendu dire que le fils de Zéthus, frère d'Amphion , se nommait Neïs; et que c'est de lui que ces portes ont pris leur nom.

Les portes Crénées et les portes Hypsistes sont ainsi nommées ; les premières parce que la fontaine Dircé est auprès, et les autres à cause du temple de Jupiter Hypsistus qui est dans le voisinage. Les portes Ogygiennes viennent ensuite , les portes Homoloïdes sont les dernières ; leur nom me paraît le plus moderne , de même que celui des portes Ogygiennes est le plus ancien.

Voici pourquoi on les appelle Homoloïdes ; lorsque les Thébains furent vaincus par les Argiens à Glisante, ils s'en allèrent pour la plupart avec Laodamas, fils d'Étéocle ; mais une partie d'entre. eux refusa d'aller chez les Illyriens ; ceux-là s'étant jetés dans la Thessalie, s'emparèrent de la montagne Homolé, l'une des plus fertiles et des mieux arrosées de toute la Thessalie.

Thersandre, fils de Polynice, les ayant rappelés dans leur patrie, ils donnèrent, en mémoire de la montagne Homolé, le nom d'Homoloïdes aux portes par lesquelles ils rentrèrent. En venant de Platées à Thèbes on entre par les portes d'Electrides ; on dit que Capanée, fils de Hypponoüs, fut tué par la foudre, en voulant escalader les murs de la ville de ce côté-là.