Panthéon égyptien, collection des personnages mythologiques de l'ancienne Égypte, d'après les monuments
Firmin Didot (p. 109-110).

TPÉ, TPHÉ, ou TIPHÉ.

(uranie, la déesse ciel.)
Planche 20 (A)

Les grands monuments de la Thébaïde nous offrent de nombreuses représentations de l’Uranie égyptienne ; et ces sculptures de très-grande proportion ne permettent point de méconnaître, dans la position habituelle du corps de cet être mythique, le Ciel même personnifié ; la déesse, toujours reconnaissable à sa coiffure particulière, formée de plumes ou de feuilles, est figurée sous la forme d’une femme dont le corps, placé horizontalement et allongé hors de toute proportion, embrasse un très-grand espace, circonscrit par les bras et les jambes qui retombent perpendiculairement.

Les deux côtés du Zodiaque d’Esné[1] sont cernés par deux de ces images symboliques de Tpé (le Ciel) ; elle environne les signes astronomiques sculptés au plafond d’Hermonthis[2]. Un des bas-reliefs qui ornent le plafond du portique du grand temple, à Philæ, contient deux images de Tpé, superposées et inscrites l’une dans l’autre[3]. Un des plafonds du petit appartement qui renfermait le Zodiaque circulaire de Dendéra, présente trois figures de Tpé, pareillement inscrites les unes dans les autres ; les Égyptiens exprimèrent ainsi, symboliquement, les différents cieux, les diverses régions célestes admises par leur cosmogonie. Enfin, les Signes, les Constellations et les Décans, figurés sur les deux parties du Zodiaque rectangulaire de Dendéra, sont encore compris entre les bras et les jambes de Tpé, qui porte ici la coiffure ordinaire des femmes ; mais vers les mains et les pieds de ces images de la déesse, est sculpté le signe hiéroglyphique (pl. 20 (B), no 1) qui, partout exprimant l’idée Ciel (Tpé), est ici le nom même de la déesse.

Ce signe de l’idée Ciel est très-fréquemment employé dans tous les textes en écriture sacrée ; il est constamment peint en bleu, couleur de la voûte céleste (pl. 20 (B), nos 1 et 2), et se montre même souvent parsemé d’étoiles (nos 3 et 4) ; c’est un signe figuratif : les Égyptiens comparaient le ciel au plafond d’un édifice, et ceux de la plupart des temples sont en effet peints en bleu et parsemés d’étoiles. Il est à remarquer aussi que le corps de la déesse Tpé (le Ciel personnifié), tel qu’on l’observe dans les sculptures astronomiques, est disposé de manière à rappeler la forme générale de cet hiéroglyphe ; l’imitation est plus visible encore à l’égard du signe hiératique de l’idée Ciel (pl. 20 (B), no 5).

Des monuments beaucoup plus anciens que ceux que nous venons de citer, nous offrent Tpé sous la forme no III. Cette déesse embrasse les tableaux astronomiques sculptés au plafond de l’un des tombeaux des anciens rois à Thèbes ; la déesse est nue ; le corps entier est de couleur bleue ; cinq disques sont dispersés sur son torse : ce sont cinq Planètes ; un sixième disque (la Lune), est placé vers la bouche, et un Scarabée tenant un septième disque (le Soleil), est figuré vers les parties sexuelles. Le Ciel, ou plutôt Tpé (la Ciel, comme disaient les Égyptiens), était une essence spécialement femelle, et qui ne produisait que par la force génératrice du Soleil, dont l’essence mâle est exprimée par le Scarabée.

Les images de l’Uranie égyptienne, à Philæ et à Hermonthis, portent aussi l’indication des Planètes ; sur un bas-relief de Dendéra, dessiné par M. le baron Denon[4], sept zones comprises entre les pieds et les bras de la déesse, renferment des disques placés sur des barques, emblêmes connus des astres qui ont un mouvement régulier et visible.


Notes
  1. Description de l’Égypte, Antiq., vol. I, pl. 79.
  2. Idem, vol. I, pl. 96, no 2.
  3. Idem, pl. X, no 1.
  4. Voyage dans la haute et la basse Égypte, pl. 129, no 4.

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