Panthéon égyptien, collection des personnages mythologiques de l'ancienne Égypte, d'après les monuments
Firmin Didot (p. 111-112).

TPÉ, TPHÉ, ou TIPHÉ.

(uranie, la déesse ciel.)
Planche 20 (B)

Le système mythologique des Égyptiens, quoique comprenant un nombre fort considérable de personnages susceptibles, pour la plupart, de revêtir plusieurs formes très-différentes, fut si bien ordonné, et la classification des dieux y est tellement fixe et invariable, que le petit nombre de monuments originaux renfermés dans les collections publiques et particulières, étudiés avec soin, suffit pour conduire à des résultats certains ; et leur comparaison, faite sans préjugé systématique, mène à des distinctions successives, par lesquelles on reconnaît toutes les différentes formes, le rang, le degré d’importance et les fonctions de chaque divinité égyptienne. Ce qu’un monument présente de vague et d’obscur est pleinement éclairci par un autre. S’il pouvait, par exemple, rester quelques doutes sur l’expression emblématique de la déesse figurée sur nos planches précédentes (20 et 20 (A)), ils seraient entièrement levés par un simple coup d’œil sur notre planche 20 (B).

Cette curieuse représentation de la déesse Tpé, ou le Ciel personnifié, existe parmi les peintures d’un beau manuscrit hiéroglyphique, rapporté d’Égypte par M. Thédenat, et acquis par le Cabinet du Roi,

Le corps de la déesse est disposé comme dans tous les bas-reliefs astronomiques ; mais il est, de plus, entièrement couvert d’étoiles ; sa coiffure n’a rien de particulier, et sa face est peinte en jaune, couleur affectée aux femmes dans les peintures égyptiennes ; la disposition générale du corps se rapproche bien mieux ici, que sur les bas-reliefs astronomiques, de cette forme sémi-circulaire que l’erreur de nos sens nous fait attribuer à ce que nous nommons la voûte céleste.

Deux barques symboliques parcourent le Ciel, figuré par le corps étoilé de la déesse ; l’une, placée sur les parties inférieures de ce corps, monte, en se dirigeant des pieds vers la tête, comme l’indique le sens dans lequel est tournée la face du personnage principal, assis dans la barque, ou bari sacrée. À sa tête d’épervier, surmontée du disque, ornée de l’uræus, on ne peut méconnaître ici le dieu Phré, le Soleil personnifié[1], et placé sur la barque, emblême habituel du mouvement des astres. Cette grande Divinité, qui tient sur ses genoux le signe de la vie divine, est assistée par deux personnages mythiques, Divinités Parèdres, dont il sera question ailleurs.

Phré, (le Soleil), paraît une seconde fois, dans sa barque sacrée ; mais à la partie opposée du Ciel : ici la barque descend, comme l’indique la direction de la proue, et la face du dieu tournée vers le bas.

Il est de toute évidence que ces deux barques expriment, symboliquement, la course du Soleil dans la vaste étendue des cieux ; l’une, celle qui monte, désigne le Soleil à l’orient, et versant dans l’espace, des torrents de lumière, indiquée par les points de couleur rouge qui environnent la barque et le Ciel ; l’autre, celle qui descend, nous montre cet astre quittant l’horizon, à l’instant où la lumière disparaît entièrement. Il n’est point inutile de remarquer, enfin, que le disque du Soleil levant est peint de couleur d’or, tandis qu’à l’occident il est d’un rouge foncé.

Dans le manuscrit original, cette image, si bien caractérisée, de la déesse Tpé, le Ciel, ou l’Uranie égyptienne, enveloppe une scène symbolique, que nous ferons connaître lorsque nous traiterons des divers personnages qui la composent.


Notes
  1. Voyez l’explication de la planche 24.

——— Planche 20 (B) ———