Panthéon égyptien, collection des personnages mythologiques de l'ancienne Égypte, d'après les monuments
Firmin Didot (p. 57-58).

TORÉ, THORE, ou THO.

(une des formes de phtah.)
Planche 13

Ces monuments nous montrent Phtha créateur, sous un nouvel aspect qui conserve, toutefois, le caractère distinctif des attributions de ce personnage mythique. Son corps est ici de forme humaine ; il est assis, mais la tête est remplacée par un scarabée les ailes étendues, tandis que dans la planche précédente (no 12) les ailes de l’insecte sont complètement repliées sous leurs élytres. Le dieu, placé dans une châsse ou chapelle, semblable aux petits temples monolithes qui, au fond des sanctuaires de l’Égypte, renfermaient les images symboliques des dieux, est porté sur une barque dont les extrémités recourbées sont ornées d’une fleur de lotus épanouie. Vers la proue, est un autel sur lequel pose un gâteau sacré, surmonté aussi d’une belle fleur de lotus : vers la poupe est une rame terminée par une tête d’épervier.

Divers auteurs anciens, et Iamblique entre autres, nous font connaître les motifs pour lesquels les Égyptiens représentèrent assises sur des barques la plupart de leurs grandes divinités. On les figurait assises, parce que l’intelligence divine s’étend et agit sur l’univers, et ne repose entièrement qu’en elle-même ; on les plaçait sur des barques, que ces divinités semblent diriger, pour exprimer que la providence des dieux gouverne le monde[1].

Le lotus qui décore la barque et surmonte l’autel, exprime énigmatiquement, d’après le même auteur, la supériorité de l’intelligence divine par rapport à la matière[2] ; et cela, sans doute, parce que la fleur du lotus, portée sur une longue tige, s’élève au-dessus des eaux et du limon qui couvre le lit du fleuve, à la surface duquel cette belle fleur s’épanouit.

La légende qui accompagne cette divinité est habituellement le no 2 de notre planche, qui se lit TRÉ NOUTE, le dieu Thoré. Son image est reproduite dans les grands manuscrits funéraires hiéroglyphiques et hiératiques ; et, entre autres, dans le grand papyrus du cabinet du Roi[3]. Le texte, placé au-dessous de la représentation du dieu, contient aussi le nom hiéroglyphique précité, à l’exception de la voyelle finale[4].

Vers le commencement du même manuscrit, cette divinité paraît encore, assise sur une barque[5], mais sa tête est celle d’un homme, surmontée d’un scarabée dont les ailes sont repliées. Dans le texte qui se rapporte à cette scène, le dieu est simplement appelé TE ou TO-NOUTE, le dieu Tho (no 3). Si cette orthographe n’est point une simple abréviation du nom Thoré (no 2), on pourrait reconnaître ici l’Univers personnifié, le Monde, désigné, en langue égyptienne, par le mot TO. Horapollon nous dit aussi que le scarabée fut également le symbole du monde, Κόσμος[6], qui n’était, selon la doctrine égyptienne, qu’une production du dieu Phtah.

Quoi qu’il en puisse être, ce dieu porte, soit avec le nom de Tho[7], soit avec le nom de Thoré[8], la qualification de père des Dieux (leg. no 1), titre qui appartient en effet à l’Héphaistus égyptien, le dieu Phtah, comme le prouve l’obélisque, traduit en grec par Hermapion, monument qui donne au pharaon Ramsès le titre de préféré par Héphaistus (Phtah) le père des Dieux : Ὅν καὶ Ἥφαιστος ὁ τῶν θεῶν πατὴρ προέκρινεν[9].

La légende no 4 est la transcription hiératique du nom hiéroglyphique no 3.


Notes
  1. Iamblique, Mystères des Égyptiens, sect. VII, cap. 2.
  2. Idem.
  3. Voyez la Description de l’Égypte, Antiq., vol. II, pl. 73 et 75.
  4. Idem, pl. 75, col. 36, 56 et 59.
  5. Idem, pl.75, entre les colonnes 132 et 133.
  6. Hiéroglyphiq., liv. I, §. 10.
  7. Descript. de l’Égypte, Ant. vol. II, pl. 75, col. 135.
  8. Idem, col. 127 et 128.
  9. Ammien Marcelin, liv. XVII, ch. 4.

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