Armand Colin (p. 275-316).

CHAPITRE II
ROUTES JAPONAISES
Sur le Tôkaïdô.

Au long du Pacifique, reliant les deux capitales Tôkyô et Kyôto, sur la bande étroite de terrain plat entre la base des montagnes et le rivage, s’étire durant cinq cents kilomètres le Tôkaïdô, la « route orientale de la mer ». Ligne molle traînant au bord des golfes comme un lacet mal tendu, ou coupure nette à travers les passes des monts, la large voie se reconnaît de loin ; une double rangée de cryptomerias droits et de grands pins tordus, processionnellement, des deux côtés, encadre la vieille chaussée pierreuse.

Lieu de fêtes et de plaisirs, champ de rixes et de batailles, chemin de commerce et de pèlerinage, grande artère de la ville nationale, à travers l’histoire japonaise aussi, le Tôkaïdô déroule ses « cinquante-trois étapes », qu’ont illustrées Hokusaï, Hiroshigé et les peintres d’autrefois. Pour les poètes et les auteurs de drames lyriques, de , comme pour les Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/300 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/301 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/302 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/303 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/304 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/305 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/306 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/307 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/308 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/309 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/310 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/311 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/312 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/313 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/314 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/315 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/316 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/317 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/318 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/319 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/320 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/321 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/322 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/323 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/324 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/325 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/326 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/327 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/328 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/329 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/330 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/331 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/332 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/333 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/334 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/335 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/336 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/337 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/338 Page:Aubert - Paix japonaise, 1906.djvu/339

La victoire va leur imposer un effort intense et régulier. Au vieux Japon, le sol suffisait à nourrir le peuple et l’on évaluait les fortunes par les revenus en koku de riz. Comme artisan, petit boutiquier, comme agriculteur surtout, chacun était assez indépendant dans son travail, qu’il pouvait couper de loisirs. Maintenant, l’avenir du pays, à portée de la rizière coréenne et du champ mandchou qu’il va contrôler, tient au développement de l’usine et de sa discipline collective, au passage des campagnards à l’industrie des villes, à la formation d’une classe de capitalistes. N’ayant pas les milliards russes pour payer leurs dettes et pour reforger des armes de combat, il leur faudra mener une vie d’économie et de travail réglé, pour développer leurs exportations. Ils ont la formidable tâche d’être le bras industrieux et le cerveau organisateur de l’Extrême-Orient. Chez eux, au Japon, où ils vont sans doute être obligés d’autoriser les étrangers à posséder ; en Corée, en Chine, où ils seront contraints de laisser la « porte ouverte », ils auront à lutter, non seulement contre les capitaux, mais aussi contre les méthodes européennes et américaines. Ils ne peuvent réussir qu’en se transformant. C’est l’américanisation forcée de ce peuple qui n’avait ni les qualités ni les défauts des Anglo-Saxons : c’est l’éloignement de la nature, c’est la vie d’usine, l’effort mesuré, mais régulier et intense, l’appétit de jouir, le goût d’un bien-être pesant, au lieu de la vie légère et fluide d’autrefois.