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année 1772.

Lois de Minos ; mais du moins les vers dont Valade l’avait honorée n’y sont pas. Cette pièce n’avait été faite que pour amener des notes sur les sacrifices du temps passé et du temps présent. Ces notes ne seront approuvées ni par Riballier ni par Coge pecus, mais elles sont toutes dans la plus exacte vérité ; ainsi elles peuvent faire du bien.


Le vrai seul est aimable :
Il doit régner partout.

(Boileau, ép. IX, v. 43.)

Il y a une épître dédicatoire à M. le maréchal de Richelieu, bien longue et assez singulière. Il me semble que je vous ai assez bien désigné[1] à la page 10. Puissent les alguazils de la littérature, et les commis à la douane des pensées, laisser arriver mon petit ballot en sûreté !

8796. — À M. MARMONTEL.
29 mars.

Votre ancien ami est revenu au monde, mais ce n’est pas pour longtemps. Ce qui est bien sûr, c’est qu’il vous sera tendrement attaché dans le petit nombre de minutes qu’il peut avoir encore à végéter sur ce globule.

Je vous plains, je plains le théâtre et le bon goût, puisque Mlle Clairon va en Allemagne ; mais je ne puis la blâmer de quitter le pays de la frivolité et de l’ingratitude.

J’ai mis au coche un petit ballot de rogatons[2] qu’on vient enfin d’imprimer à Genève. On y trouve des pièces assez curieuses, et entre autres le Discours de l’avocat Belleguier, qui n’aura point le prix de l’université. Vous y verrez aussi les Lois de Minos, qui n’ont été faites que pour amener des notes très-vraies et très-insolentes, très-dignes de l’avocat Belleguier, très-dignes d’être lues par vous, et qui ne seront point du tout du goût de Coge pecus et de Ribaudier.

Vous voyez bien que Valade est un fripon, et un sot fripon, puisqu’il ose dire qu’il imprima son infâme rapsodie sur une édition de Genève, et que cette édition de Genève ne paraît que depuis huit jours.

  1. Tome VII, page 171 ; le passage est rapporté dans la lettre 8855.
  2. Le volume dont Voltaire parle dans la lettre 8792.