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ANNÉE 1771.

qu’il a donnée, dans ses États, d’écrire et d’imprimer tout ce qu’on voudrait. Il est ridicule que je fasse des vers arabes à mon âge aussi vous voyez que je ne les montre qu’en tremblant.

Je me mets en prose à vos pieds, madame, tout imperceptibles qu’ils sont. Je présente mon respectueux et inviolable attachement au généreux Barmécide, ainsi qu’à madame la duchesse de la grande montagne. Au reste, les échos du mont Caucase se joignent à tous les autres échos.


Partout également on vous chante, on vous loue ;
On vous voit partout du même œil ;
Vous êtes adorée, et tout le monde avoue
Que vous avez raison d’avoir beaucoup d’orgueil.

8206. — À M. LE CARDINAL DE BERNIS.
Ferney, le 13 février.

Un garçon bleu[1], qui a de bons yeux et de bonnes oreilles, est venu dans ce pays-ci pour recueillir une petite succession ; il prétend qu’il a entendu un familier dire au maître : « Il n’y a que le cardinal de B. qui puisse vous tirer d’affaire », et que le maître a répondu par un sourire tout à fait agréable, sans dire un mot.

Je me hâte, monseigneur, de vous mander cette nouvelle. Peut-être le temps de l’accomplissement de ma prophétie approche. Pour moi, je pense comme le familier et comme le garçon bleu ; mais il se pourrait bien que vous ne voulussiez point quitter votre heureuse tranquillité pour vous mêler des querelles d’autrui. Quoi qu’il en soit, je renouvelle à Votre Éminence les assurances de mon très-tendre respect.

Le vieil Ermite du mont Jura.
8207. — À M. D’ALEMBERT.
13 février.

Je crois notre doyen[2] converti, et je me flatte qu’il ne s’opposera point à M. Gaillard.

Vous devez avoir reçu, mon cher philosophe, trois volumes[3]

  1. Probablement quelque valet de la maison du roi, dont la livrée était bleue.
  2. Le maréchal de Richelieu ; voyez lettres 8195 et 8199.
  3. Les trois premiers volumes des Questions sur l’Encyclopédie.