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Je ne connais ni Sylvain[1], ni les Trois Capucins. Je suis entièrement de votre avis sur la Religieuse[2]. C’est la seule pièce de théâtre qui nous tire de la barbarie welche ; elle est écrite comme il faut écrire.

Je tremble sur la démarche de Mlle Daudet[3]. Comment l’envoyer dans un pays si orageux, pendant une guerre ruineuse, et qui peut finir d’une manière terrible, quoiqu’elle ait heureusement commencé ? En vérité je ne sais quel parti prendre. Mon avis est qu’on attende les événements de cette campagne ; est-ce le vôtre ?

On dit qu’on ne pendra ni Billard[4] le dévot, ni Grizel[5] l’apôtre ; c’est bien dommage que ce confesseur ne soit pas martyr. J’ai quelque envie de donner à M. Garant[6] le nom de Grizant au moins.

Mais si vous avez quelqu’un à pendre, je vous donne Fréron. Lisez, je vous prie, le mémoire ci-joint que m’a envoyé son beau-frère[7]. Tâchez d’approfondir cette affaire, quand ce ne serait que pour vous amuser. On m’assure que Fréron est espion de la police, et que c’est ce qui le soutient dans le beau monde. Je me flatte que vous distribuerez des copies du petit mémoire du beau-frère. Il faut rendre justice aux gens de bien.

Nous faisons mille vœux ici pour la santé de Mme d’Argental ; vous savez si nos cœurs sont aux deux anges.

7831. À M. BERTRAND.
19 mars.

Je suis, monsieur, aussi honteux que reconnaissant ; tous les bienfaits sont de votre côté, et tous les torts sont du mien. Je vous devais depuis longtemps une réponse à une lettre charmante que vous m’aviez écrite ; mais que ne vous dois-je point pour l’article Droit canonique[8] ! Je ne sais rien de mieux pensé, de plus méthodique, de plus vrai ; vous avez un esprit juste et un

  1. Voyez lettre 7808.
  2. Mélanie.
  3. Fille de Mlle Lecouvreur ; voyez tome XXXVIII, page 113.
  4. Voyez tome VIII, page 536.
  5. Voyez ibid.
  6. L’un des personnages du Dépositaire ; voyez tome VI, page 396.
  7. Un passage de ce mémoire est tome XVII, page 215. Voyez aussi le Mémoire à la suite de la lettre 7833.
  8. C’est de Bertrand qu’est le préambule de l’article Droit canonique dans les Questions sur l’Encyclopédie ; voyez tome XVIII, page 429.