Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7833

Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 26).

Vous me demandez ce que je pense de la Religieuse, des Géorgiques, et de l’Exportation des blés.

Je dis anathème à quiconque ne pleurera pas en lisant la Religieuse ;

À quiconque ne rira pas des facéties de Galiani, lequel pourrait bien avoir raison sous le masque ;

Et à quiconque ne sera pas charmé de voir Virgile traduit mot à mot avec élégance.

Puisque je suis en train d’excommunier, et que c’est mon droit, en qualité de capucin, j’excommunie aussi les gens sans goût et sans connaissance de la campagne, qui n’aiment pas les quatre Saisons de M. de Saint-Lambert.

Bonsoir, mon cher philosophe ; je suis bien malade ; mais je prends cela de la part d’où ça vient.


Mémoire sur lequel M. Duclos est prié de dire son avis, et d’agir selon son cœur et sa prudence.

Le sieur Royou, avocat au parlement de Rennes[1], me mande de Londres, où il est réfugié, que le nommé Fréron, ayant épousé sa sœur depuis trois ans, a dissipé sa dot en débauches, et fait coucher sa femme sur la paille ; qu’il la maltraite indignement, etc.

Qu’étant venu à Paris pour y mettre ordre, Fréron l’a accusé d’un commerce secret avec M. de La Chalotais, et a obtenu une lettre de cachet contre lui ; que Fréron a conduit lui-même les archers dans son auberge, et lui a fait mettre les fers aux pieds et aux mains. N. B. Fréron tenait le bout de la chaîne.

Que, par un hasard singulier, le sieur Royou s’est échappé de sa prison ; que Fréron a servi, pendant six mois, d’espion à Rennes ; qu’il a depuis été espion de la police, et que c’est la seule chose qui l’a soutenu.

Qu’on peut s’informer de toutes les particularités de cette affaire au sieur Royou, père du déposant, lequel demeure à Quimper-Corentin ; à M. Dupont, conseiller au parlement de Rennes ; à M. Duparc, professeur royal en droit français à Rennes ; à M. Chapelier, doyen des avocats à Rennes.

La personne à qui le fugitif s’est adressé ne fera rien sans que M. Duclos ait pris des informations, qu’il ait donné son avis, et accordé sa protection au sieur Royou.

  1. Voyez tome XVII, page 215.