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dîné, avec le président, chez le procureur général, dont il fait sans doute la généalogie. Cet abbé d’Étrée a mandé à son fermier qu’il me perdrait ; il a toujours sa fouine sur le cœur. Dieu le bénisse !

J’ai actuellement les yeux dans un pitoyable état ; cela peut passer, mais les méchants ne passeront point.

Malgré mes yeux, j’ajoute que Montpéroux, résident à Genève, aurait mieux fait de me payer l’argent que je lui ai prêté que d’écrire ce qu’il a écrit à M. le duc de Praslin[1].

Sub umbra alarum tuarum[2].


5799. — À M.  LE PRESIDENT HENAULT.
Aux Délices, 20 octobre.

À la mort de M. d’Argenson je ne pouvais écrire à personne, mon cher et respectable confrère ; j’étais très-malade, ce qui m’arrive souvent ; et je suis toujours prêt à faire l’éternel voyage qu’a fait votre ami, que nous ferons tous, et qui n’est que la fin d’un rôle ou pénible, ou insipide, ou frivole, que nous jouons pour un moment sur ce petit globe. Je ne pus alors écrire ni à vous, son illustre ami, ni à MM. de Paulmy et de Voyer.

Quelque temps après, dans une lettre que je fus obligé d’écrire, tout malade que j’étais, à Mme  du Deffant[3], pour une commission qu’elle m’avait donnée, je vous adressai sept ou huit lignes un peu à la hâte, mais c’était mon cœur qui les dictait. J’étais d’ailleurs très-embarrassé de l’exécution des ordres de Mme  du Deffant. Il s’agissait de lui procurer un exemplaire d’un petit livre intitulé Dictionnaire philosophique portatif, imprimé à Liège ou à Bâle. C’est un recueil de pièces déjà connues, tirées de différents auteurs. Il y a trois ou quatre articles assez hardis, et je vous avoue que j’étais au désespoir qu’on me les imputât. Ce qui a donné lieu à cette calomnie, c’est que l’éditeur a mis dans l’ouvrage une demi-douzaine de morceaux que j’avais destinés autrefois au Dictionnaire encyclopédique, comme Amour, Amour-propre, Amour socratique, Amitiè, Gloire, etc.

Les autres articles[4] sont pris partout. Baptême est du docteur

  1. Montpéroux avait écrit que Voltaire était l’auteur du Dictionnaire philosophique portatif.
  2. Psaume xvi, verset 8.
  3. Voyez n° 5784.
  4. Voyez aussi lettre 5789.