Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 7.djvu/309

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[porche]
— 306 —

dionale de la cathédrale d’Alby[1]. Ce porche est un véritable dais porté sur des piliers en avant de l’entrée de l’église. Il s’élève au sommet d’un grand emmarchement autrefois défendu, à sa partie inférieure, par un ouvrage fortifié dont on voit des restes assez importants. Nous donnons (fig. 34) le plan du porche de la cathédrale d’Alby avec l’emmarchement qui le précède et la défense antérieure. Les arcades A et B s’ouvraient sur une vaste plate-forme entourée de murs crénelés. La figure 35 présente une vue perspective de ce porche prise du côté de l’emmarchement.

Le porche de la cathédrale d’Alby est une des compositions des dernières écoles du moyen âge, et produit un merveilleux effet : bâti de pierre blanche, il se détache sur le ton de brique de l’église et sur le ciel de la manière la plus pittoresque ; sa position, si bien choisie au sommet d’un long degré, en fait l’entrée la plus imposante qu’on puisse imaginer. Autrefois une longue et haute claire-voie vitrée s’ouvrait au-dessus de la porte, sous la voûte du porche, et donnait une grande lumière dans l’église, d’ailleurs très-sombre[2].

Nous n’avons pu, dans cet article, donner tous les exemples de porches d’églises qui méritent d’être mentionnés ; nous nous sommes bornés à reproduire ceux qui présentent un caractère bien franc, qui accusent clairement leur destination, et dont la composition offre cette originalité due à des artistes de talent. Les églises de France sont certainement celles qui présentent les exemples les plus variés, les mieux entendus et les plus grandioses de porches du moyen âge. En Allemagne, ils sont rares ; en Angleterre, habituellement bas et petits. Mais certainement, nulle part en Europe, ni en Italie, ni en Espagne, ni en Allemagne, ni en Angleterre, on ne voit des porches qui puissent être comparés, même de loin, à ceux de Chartres, de Saint-Urbain, de Saint-Maclou, de la cathédrale d’Alby, de Saint-Ouen de Rouen, et de Saint-Germain l’Auxerrois.

Porches annexes à des constructions civiles. — Les articles Escalier, Perron, donnent quelques exemples de porches combinés avec les degrés principaux des palais et châteaux. Sur la voie publique, il n’était pas possible d’établir des porches en avant des maisons. Celles-ci possédaient parfois des portiques continus ou des saillies en encorbellement formant abri, ou encore de véritables auvents à demeure (voy. Auvent, Maison). Les porches proprement dits eussent gêné la circulation, surtout dans les villes du moyen âge, dont les rues sont généralement étroites. Quelquefois, dans les cours, un pavillon portant son angle saillant sur un seul pilier formait un petit porche devant une entrée ou à l’issue d’une allée, ainsi que le fait voir la figure 36[3]. À

  1. Voyez Cathédrale, fig. 50.
  2. M. Daly, architecte diocésain d’Alby, a été depuis peu chargé de restaurer ce porche, et s’est acquitté de cette tâche difficile avec un talent remarquable.
  3. Voyez, à l’article Maison, le plan et l’élévation de l’hôtel de la Trémoille (fig. 36 et 37), la tourelle formant porche à rez-de-chaussée, à l’entrée de l’allée conduisant au jardin. Voyez aussi l’article Tourelle.