Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Escalier
ESCALIER, s. m. Degré. Nous distinguerons les escaliers extérieurs (qu’il ne faut pas confondre avec les perrons) des escaliers intérieurs, les escaliers à rampes droites des escaliers à girons et à vis, les escaliers de pierre des escaliers de bois. Dans les édifices romains, les théâtres et amphithéâtres exceptés, les escaliers sont assez étroits et peu nombreux. D’ailleurs les Romains employaient les escaliers à rampes droites et à vis ; mais ils ne paraissent pas (du moins dans les intérieurs) avoir jamais considéré l’escalier comme un motif de décoration monumentale, ainsi qu’on l’a fait dans les temps modernes. Les escaliers des édifices antiques sont un besoin satisfait de la manière la plus simple, un moyen pour communiquer d’un étage à l’autre, rien de plus. Nous ne déciderons pas si, en cela, les anciens avaient tort ou raison ; nous constatons seulement le fait, afin qu’on ne puisse accuser les architectes des premiers temps du moyen âge d’être restés en cela fort au-dessous de leurs maîtres.
D’ailleurs les architectes du moyen âge, comme les architectes romains, n’eussent jamais établi, dans un bâtiment, un escalier dont les rampes auraient bouché une ordonnance de baies, ainsi que cela se fait volontiers de notre temps, même dans de grands édifices. Les Romains gardaient les dispositions monumentales des escaliers pour les degrés extérieurs à ciel ouvert. À l’intérieur, ils plaçaient toujours les rampes perpendiculairement aux murs de face, afin que les hauteurs des paliers pussent concorder avec les hauteurs des planchers et par conséquent avec l’ordonnance des baies ; mais nous reviendrons sur cette question importante.
Pour peu qu’on se soit occupé de distributions intérieures, on sait combien il est difficile de disposer convenablement les escaliers, soit pour satisfaire aux programmes, soit pour ne pas gêner des dispositions architectoniques extérieures ou intérieures. Les anciens ne soulevaient pas la difficulté ; c’était un moyen de ne pas avoir besoin de la résoudre.

Escaliers extérieurs. — Bien qu’on ne fasse plus guère aujourd’hui de ces sortes d’escaliers, il faut reconnaître qu’ils étaient fort commodes, en ce qu’ils ne gênaient en rien les dispositions intérieures et ne coupaient pas les bâtiments du haut en bas, en interceptant ainsi les communications principales. L’un des plus anciens et des plus beaux escaliers ainsi disposés se voit encore dans l’enceinte des bâtiments de la cathédrale de Canterbury. Cet escalier, bâti au XIIe siècle, est situé près de l’entrée principale et conduisait à la salle de réception (salle de l’étranger) ; il se compose d’une large rampe perpendiculaire à l’entrée de la salle, avec palier supérieur ; il est couvert, et le comble, dont les sablières sont horizontales, est supporté par une double arcature à jour fort riche, dont les colonnes diminuent suivant l’élévation des degrés[1].
La plupart des grand’salles des châteaux étaient situées au premier étage, et on y montait soit par de larges perrons, soit par des rampes droites couvertes, accolées ou perpendiculaires à ces salles.
La grand’salle du château de Montargis, qui datait de la seconde moitié du XIIIe siècle, possédait un escalier à trois rampes avec galerie de communication portée sur des arcs (voy. Château, fig. 15).

« El palès vint, l’épuiement
De sanc le truva tut sanglant. »

« Regia Francorum probitas Ludovicus, honesti
Cultor, et æthereæ religionis apex. »
Le tout sur un semis de fleurs de lis et de dauphins couronnés. Le semis de fleurs de lis était sculpté aussi sur les tympans des arcs et sur les pilastres. La balustrade pleine présentait, en bas-relief, des L passant à travers des couronnes, puis des dauphins[4].
Pour monter sur les chemins de ronde des fortifications, on établissait, dès le XIIe siècle, de longues rampes droites le long des courtilles, avec parapet au sommet. Les marches reposaient alors sur des arcs et se profilaient toujours à l’extérieur, ce qui permettait de donner plus de largeur à l’emmarchement et produisait un fort bon effet, en indiquant bien clairement la destination de ces rampes, fort longues, si les chemins de ronde dominaient de beaucoup le sol intérieur de la ville.
À Aigues-Mortes, à Avignon, à Villeneuve-lès-Avignon, à Jérusalem, à Beaucaire, à Carcassonne, on voit encore quantité de ces escaliers extérieurs découverts qui ont un aspect très-monumental (4)[5].


de manière à ce que deux marches eussent ensemble 0,30 c. de hauteur et chacune 0,30 c. d’emmarchement par un bout, ce qui permettait d’inscrire la rampe dans un angle de 45 degrés. Seulement il fallait toujours poser le pied gauche sur la marche A, le pied droit sur la marche B en descendant, ou le contraire en montant. Le tracé perspectif C fait comprendre le système de ces degrés[6]. On le reconnaîtra, ce n’est jamais la subtilité qui fait défaut à nos architectes du moyen âge. Mais ces derniers exemples ne fournissent que des escaliers de service.
Escaliers intérieurs. — C’est-à-dire, desservant plusieurs étages d’un bâtiment, posés dans des cages comprises dans les constructions ou accolées à ces constructions. Les escaliers à vis, comme nous l’avons dit précédemment, furent employés par les Romains ; les architectes du moyen âge adoptèrent ce système de préférence à tout autre, variant les dimensions des escaliers à noyau en raison des services auxquels ils devaient satisfaire. Ces sortes d’escaliers présentaient plusieurs avantages qu’il est important de signaler : 1o ils pouvaient être englobés dans les constructions ou n’y tenir que par un faible segment ; 2o ils prenaient peu de place ; 3o ils permettaient d’ouvrir des portes sur tous les points de leur circonférence et à toutes hauteurs ; 4o ils s’éclairaient aisément ; 5o ils étaient d’une construction simple et facile à exécuter ; 6o ils devenaient doux ou rapides à volonté ; 7o pour les châteaux, les tours, ils étaient barricadés en un moment ; 8o ils montaient de fond jusqu’à des hauteurs considérables sans nuire à la solidité des constructions voisines ; 9o ils étaient facilement réparables.
Les plus anciens escaliers à vis du moyen âge se composent d’un noyau en pierre de taille, d’une construction en tour ronde, d’un berceau en spirale bâti en moellon, reposant sur le noyau et sur le parement circulaire intérieur. Cette voûte porte des marches en pierre dont les arêtes sont posées suivant les rayons d’un cercle.


Ces escaliers, mettant en communication deux pièces superposées, n’étaient pas pris toujours aux dépens de l’épaisseur des murs ; ils étaient visibles en partie, posés dans un angle ou le long des parois de la chambre inférieure, et ajourés sur cette pièce. À ce propos, il est important de se pénétrer des principes qui ont dirigé les architectes du moyen âge dans la construction des escaliers. Ces architectes n’ont jamais vu dans un escalier autre chose qu’un appendice indispensable à tout édifice composé de plusieurs étages, appendice devant être placé de la manière la plus commode pour les services, comme on place une échelle le long d’un bâtiment en construction, là où le besoin s’en fait sentir. L’idée de faire d’un escalier une façon de décoration théâtrale dans l’intérieur d’un palais, de placer cette décoration d’une manière symétrique pour n’arriver souvent qu’à des services secondaires, de prendre une place énorme pour développer des rampes doubles, cette idée n’était jamais entrée dans l’esprit d’un architecte de l’antiquité ou du moyen âge. Un escalier n’était qu’un moyen d’arriver aux étages supérieurs d’une habitation. D’ailleurs les grandes salles des châteaux étaient toujours disposées presque à rez-de-chaussée, c’est-à-dire au-dessus d’un étage bas, le plus souvent voûté, sorte de cave ou de cellier servant de magasins. On arrivait au sol des grandes salles par de larges perrons, comme à celles des palais de Paris et de Poitiers, ou par des rampes extérieures comme à celle du château de Montargis (voy. fig. 2). Les escaliers proprement dits n’étaient donc destinés généralement qu’à desservir les appartements privés. Toute grande réunion, fête, cérémonie ou banquet, se tenait dans la grande salle ; il n’y avait pas utilité à établir pour les étages fréquentés par les familiers de larges degrés ; l’important était de disposer ces degrés à proximité des pièces auxquelles ils devaient donner accès. C’est ce qui explique la multiplicité et l’exiguïté des escaliers de châteaux jusqu’au XVe siècle. Cependant nous venons de dire qu’au Louvre, Charles V avait déjà fait construire un grand escalier à vis pour monter aux étages supérieurs du palais ; mais c’était là une exception ; aussi cet escalier passait-il pour une œuvre à nulle autre pareille. Sauval[10] nous a laissé une description assez étendue de cet escalier, elle mérite que nous la donnions en entier.
« Le grand escalier, ou plutôt la grande vis du Louvre (puisqu’en ce (temps-là le nom d’escalier n’était pas connu), cette grande vis, dis-je, fut faite du règne de Charles V, et conduite par Raimond du Temple, maçon ordinaire du roi[11]. Or, il faut savoir que les architectes des siècles passés ne faisoient point leurs escaliers ni droits, ni quarrés, ni à deux, ni à trois, ni à quatre banchées, comme n’ayant point encore été inventés[12], mais les tournoient toujours en rond, et proportionnoient du mieux qu’il leur étoit possible leur grandeur et leur petitesse à la petitesse et à la grandeur des maisons[13]. La grande vis de ce palais étoit toute de pierre de taille ainsi que le reste du bâtiment, et de même que les autres de ce temps-là : elle étoit terminée d’une autre (vis) fort petite, toute de pierre encore et de pareille figure, qui conduisoit à une terrasse, dont on l’avoit couronnée (dont on avait couronné la grande vis) ; chaque marche de la petite (vis) portoit trois pieds de long et un et demi de large ; et pour celles de la grande, elles avoient sept pieds de longueur sur un demi d’épaisseur, avec deux et demi de giron près de la coquille qui l’environnoit. »
« On voit, dans les registres de la Chambre des comptes, qu’elles portoient ensemble dix toises un demi-pied de hauteur[14], que la grande (vis) consistoit en quatre-vingt-trois marches[15], et la petite en quarante et une[16] ; elles furent faites à l’ordinaire de la pierre qu’on tira des carrières d’autour de Paris. Et comme si pour les faire, ces carrières eussent été épuisées, pour l’achever on fut obligé d’avoir recours au cimetière Saint-Innocent, et troubler le repos des morts : de sorte qu’en 1365, Raimond du Temple, conducteur de l’ouvrage, enleva vingt tombes le 27 septembre, qu’il acheta quatorze sols parisis la pièce de Thibault de la Nasse, marguillier de l’église, et enfin les fit tailler par Pierre Anguerrand et Jean Colombel pour servir de pallier. »
« Nous l’avons vu ruiner (cet escalier), en 1600, quand Louis XIII fit reprendre l’édifice du Louvre, sous la conduite d’Antoine Lemercier. Pour le rendre plus visible et plus aisé à trouver, maître Raimond le jeta entièrement hors-d’œuvre en dedans la cour[17], contre le corps de logis qui regardoit sur le jardin[18] ; et pour le rendre plus superbe (l’escalier), il l’enrichit par dehors de basses-tailles, et de dix grandes figures de pierre couvertes chacune d’un dais, posées dans une niche, portées sur un piédestal : au premier étage, de côté et d’autre de la porte, étoient deux statues de deux sergens-d’armes, que fit Jean de Saint-Romain[19], et autour de la cage furent répandues par dehors, sans ordre ni symétrie, de haut en bas de la coquille, les figures du roi, de la reine et de leurs enfans mâles[20] ; Jean du Liége travailla à celles du roi et de la reine ; Jean de Launay et Jean de Saint-Romain partagèrent entre eux les statues du duc d’Orléans et du duc d’Anjou ; Jacques de Chartres et Gui de Dampmartin, celles des ducs de Berri et de Bourgogne ; et ces sculpteurs, pour chaque figure, eurent vingt francs d’or, ou seize livres parisis. Enfin, cette vis étoit terminée des figures de la Vierge et de saint Jean de la façon de Jean de Saint-Romain ; et le fronton de la dernière croisée[21] étoit lambrequiné des armes de France, de fleurs de lis sans nombre[22], qui avoient pour support deux anges, et pour cimier un heaume couronné, soutenu aussi par deux anges, et couvert d’un timbre chargé de fleurs de lis par dedans. Un sergent-d’armes haut de trois pieds, et sculpté par Saint-Romain, gardoit chaque porte des appartemens du roi et de la reine qui tenoient à cet escalier ; la voûte qui le terminoit étoit garnie de douze branches d’orgues (nervures), et armée dans le chef (à la clef) des armes de Leurs Majestés, et dans les panneaux (remplissages entre les nervures) de celles de leurs enfans[23] et fut travaillée (la sculpture de cette voûte), tant par le même Saint-Romain que par Dampmartin, à raison de trente-deux livres parisis, ou quarante francs d’or. »
Il faut ajouter à cette description que cet escalier communiquait avec la grosse tour du Louvre au moyen d’une galerie qui devait avoir été bâtie de même sous Charles V, car du temps de Philippe-Auguste, le donjon était entièrement isolé. Essayons donc de reconstituer cette partie si intéressante du vieux Louvre, à l’aide de ces renseignements précis et des monuments analogues qui nous restent encore dans des châteaux des XVe et XVIe siècles. La grande vis du Louvre était entièrement détachée du corps de logis du nord, et ne s’y reliait que par une sorte de palier ; cela ressort du texte de Sauval ; de l’autre côté l’escalier était en communication avec le donjon par une galerie. Cette galerie devait nécessairement former portique à jour, à rez-de-chaussée, pour ne pas intercepter la communication d’un côté de la cour à l’autre. Ménageant donc les espaces nécessaires à l’amorce du portique et de l’entrée dans le corps de logis du nord, tenant compte de la longueur des marches et de leur giron, observant qu’à l’extérieur l’architecte avait pu placer dix grandes statues à rez-de-chaussée dans des niches surmontées de dais, que, par conséquent, ces figures ne pouvaient être posées que sur des faces de contre-forts, tenant compte des douze branches d’arcs de voûtes mentionnées par Sauval, de la longueur et du giron des marches de la petite vis, nous sommes amené à tracer le plan du rez-de-chaussée, fig. 10.


ainsi que l’indique la vue perspective (12) prise au-dessous du palier supérieur.
Les architectes, devenus très-habiles traceurs-géomètres dès la fin du XIIIe siècle, trouvaient dans la composition des escaliers un sujet propre à développer leur savoir, à exciter leur imagination. Leur système de construction, leur style d’architecture se prêtait merveilleusement à l’emploi de combinaisons compliquées, savantes, et empreintes d’une grande liberté ; aussi (bien que les monuments existants soient malheureusement fort rares) les descriptions de châteaux et de monastères font-elles mention d’escaliers remarquables.
Souvent, par exemple, ces grandes vis de palais étaient à double révolution, de sorte que l’on pouvait descendre par l’une et remonter par l’autre sans se rencontrer et même sans se voir. D’autres fois, deux vis s’élevaient l’une dans l’autre ; l’une dans une cage intérieure, l’autre dans une cage extérieure ; combinaison dont on peut se faire une idée, en supposant que la petite vis figurée dans la coupe, figure 11, descend jusqu’au rez-de-chaussée. La vis intérieure devenait escalier de service, et le degré circonvolutant, escalier d’honneur. Indépendamment des avantages que l’on pouvait tirer de ces combinaisons, il est certain que les architectes, aussi bien que leurs clients, se plaisaient à ces raffinements de bâtisses ; dans ces châteaux où les journées paraissaient fort longues, ces bizarreries, ces surprises, étaient autant de distractions à la vie monotone des châtelains et de leurs hôtes.
On voyait aux Bernardins de Paris, dit Sauval[24], « une vis tournante à double colonne (noyau) où l’on entre par deux portes, et où l’on monte par deux endroits, sans que de l’un on puisse être vu dans l’autre ; cette vis a dix pieds de profondeur (3m, 25), et chaque marche porte de hauteur huit à neuf pouces (0m, 23). Les marches sont délardées, et ne sont point revêtues d’autres pierres. C’est le degré de la manière la plus simple, et la plus rare de Paris ; toutes les marches sont par dessous délardées. Sa beauté et sa simplicité consistent dans les girons de l’un et de l’autre, portant un pied ou environ, qui sont entrelassés, enclavés, emboîtés, enchaînés, enchâssés, entretaillés l’un dans l’autre, et s’entremordant d’une façon aussi ferme que gentille. Les marches de l’autre bout sont appuyées sur la muraille de la tour qui l’environne ; ces deux escaliers sont égaux l’un à l’autre en toutes leurs parties ; la façon du noyau est semblable de haut en bas, et les marches pareilles en longueur, en largeur et en hauteur. L’église et le degré furent commencés par le pape Benoît XII du nom, de l’ordre de saint Bernard, continué par un cardinal du même ordre nommé Guillaume. Ces degrés n’ont que deux croisées, l’une qui les éclaire tous deux par en haut, l’autre par en bas[25]. » En cherchant à expliquer par une figure la description de Sauval, on trouverait le plan (13).
« L’autre vis à pans est tantôt pentagone et tantôt hexagone. Son noyau est des plus grêles et ses arêtes des plus pointues, et est de haut en bas conduit avec la même délicatesse et la même excellence de l’autre. La merveille de ces deux vis consiste en leur petitesse et en la tendresse des murailles qui les soutiennent, ne portant pas neuf pouces d’épaisseur (0m,23). »
Nous n’en finirions pas si nous voulions citer tous les textes qui s’occupent des escaliers du moyen âge et particulièrement de ceux du commencement de la Renaissance, car à cette époque c’était à qui, dans les résidences seigneuriales, les hôtels et les couvents mêmes, élèverait les plus belles vis et les plus surprenantes. Dans la description de l’abbaye de Thélème, Rabelais ne pouvait manquer d’indiquer une vis magistrale « cent fois plus magnifique » que n’est celle de Chambord. « Au milieu (des bâtiments, dit-il)[27] estoit une merveilleuse viz, de laquelle l’entrée estoit par les dehors du logis en un arceau large de six toises. Icelle estoit faite en telle symétrie et capacité, que six hommes d’armes, la lance sur la cuisse, pouvoient de front monter jusques au-dessus de tous le bastiment[28]. »
Nous avons vu comment Raymond du Temple avait disposé le grand escalier du Louvre en dehors des bâtiments afin de n’être point gêné dans la disposition des entrées, des passages de rampes et des paliers. Cette méthode, excellente d’ailleurs, persiste longtemps dans la construction des habitations seigneuriales ; nous la voyons adoptée dans le château de Gaillon (14).

Ici l’escalier principal était posé à l’angle rentrant formé par deux portiques E F. On pouvait prendre la vis en entrant par deux arcs extérieurs A A et par deux arcs B B donnant sous le portique, la première marche étant en D. Cette disposition permettait, aux étages supérieurs, d’entrer dans les galeries par une ouverture percée dans l’angle en G[29]. Un pareil escalier ne pouvait en rien gêner les distributions intérieures. À Blois nous retrouvons un escalier indépendant des corps de logis et placé au milieu d’une des ailes au lieu d’être élevé dans un angle. Dans la construction du palais des Tuileries, Philibert Delorme avait encore conservé cette tradition de la grande vis du moyen âge, et son escalier placé dans le pavillon dit de l’Horloge aujourd’hui passait, comme celui de Chambord, pour une merveille d’architecture. D’ailleurs, les vis de Gaillon, de Blois, de Chambord et des Tuileries étaient terminées par des lanternes qui, comme celle du grand escalier du Louvre, couronnaient le faîte et donnaient entrée sur une terrasse[30]. Quelquefois aussi ces vis étaient intercalées dans les constructions, mais de telle façon qu’elles conservaient leurs montées indépendantes. On retrouve cette disposition adoptée dans des châteaux du XVe siècle et du commencement du XVIe. Alors la vis, au lieu d’être en dehors du portique comme à Gaillon, laissait le portique passer devant elle.

La figure 15 présente en plan un escalier établi d’après cette donnée. Un portique A B est planté à rez-de-chaussée devant les pièces d’habitation. La cage d’escalier est en retraite et carrée, son entrée est en E, la première marche en C. Dans les angles du carré des trompes arrivent à une corniche spirale et soutiennent les marches d’angles, qui sont plus longues que les autres. De cette manière les gens qui montent ou descendent profitent entièrement de la cage carrée, et, cependant, les marches délardées par dessous sont toutes de la même longueur, comme si elles gironnaient dans un cylindre.

La coupe de cet escalier, faite sur la ligne A B, figure 16, indique clairement la disposition des rampes, de leurs balustrades, des arrivées sur le sol du portique à l’entresol en G, et au premier en H. Il existe une disposition d’escalier absolument semblable à celle-ci dans le château de Châteaudun[31]. Mais dans la vis de Châteaudun les trompes d’angle arrivent du carré à l’octogone, et des culs-de-lampes posés aux angles de l’octogone portent la corniche spirale, dont la projection horizontale étant un cercle parfait soutient les bouts des marches.


Les trompes de la vis de Châteaudun sont appareillées ; ce sont des plates-bandes légèrement inclinées vers l’angle ; cet escalier était d’un assez grand diamètre pour exiger cet appareil. Dans des vis d’un moins grand développement, les angles, qui du carré arrivent à un octogone, n’ont pas autant d’importance ; ces angles forment seulement un pan abattu de façon à donner en projection horizontale un octogone à quatre grands côtés et à quatre plus petits. Alors ces trompes, ou ces goussets plutôt, sont appareillés d’une seule pierre. L’escalier de l’hôtel de la Trémoille à Paris[32] donnait en plan un carré avec un grand pan abattu ; les trois angles droits restant à l’intérieur étaient, sous les marches, garnis de trompillons pris dans une seule pierre sculptée.

Nous donnons, figure 19, l’un de ces trompillons. C’était dans ces angles que l’on plaçait les flambeaux destinés à éclairer les degrés. Ces flambeaux étaient, soit portés sur de petits culs-de-lampes, quelquefois dans de petites niches, soit scellés dans la muraille en manière de bras.
Les textes que nous avons cités précédemment indiquent assez combien, dans les habitations seigneuriales, on tenait à donner (au moins à dater du XIVe siècle) une apparence de luxe aux grands escaliers. Les architectes déployaient les ressources de leur imagination dans les voûtes qui les terminaient et dans la composition des noyaux. Il existe encore à Paris, dans la rue du Petit-Lion-Saint-Sauveur, une grosse tour qui dépendait autrefois de l’hôtel que les ducs de Bourgogne possédaient rue Pavée-Saint-Sauveur. Cette tour, bâtie sur plan quadrangulaire, couronnée de mâchicoulis, contient une belle vis fermée à son sommet par une voûte retombant sur le noyau ; les nervures de cette voûte en arcs d’ogive figurent des troncs de chêne d’où partent des branches feuillues se répandant sous les voussures[33]. Les noyaux des escaliers à vis primitifs, ou portaient une voûte spirale (figure 7), ou faisaient partie des marches elles-mêmes (figure 9). Lorsque l’on donna un grand diamètre à ces escaliers, il ne fut plus possible de prendre le noyau dans la marche ; on élargit ces noyaux pour éviter l’aiguïté des marches se rapprochant du centre, et celles-ci furent encastrées dans ce noyau bâti par assises, ou bien encore on composa les noyaux de grandes pierres en délit comme on le fait pour les poteaux des vis en charpente. Ce fut alors que l’on enrichit ces noyaux de sculptures délicates, qu’on les mit à jour quelquefois, et que les appareilleurs eurent l’occasion de faire preuve de science. Ces noyaux portèrent des mains-courantes prises dans la masse et des saillies en forme de bandeau spirale, pour recevoir les petits bouts des marches.
Le noyau de l’escalier de Châteaudun, donné fig. 17, est couvert d’ornements très-délicats ; il est monté en assises hautes ; nous en donnons, fig. 20, un morceau.
Parfois, dès le XIVe siècle, lorsqu’on n’avait qu’un très-petit espace pour développer les escaliers à vis intérieurs, on supprimait entièrement le noyau afin de laisser du dégagement pour ceux qui montaient ou descendaient. Les marches étaient alors simplement superposées en spirale, et portaient chacune un boudin à leur extrémité, près du centre, pour offrir une main-courante ; à la place du noyau était un vide.

Voici (21), en A la moitié du plan d’une vis de ce genre, en B sa coupe sur la ligne CD, et en G une de ses marches en perspective, avec l’indication au pointillé des surfaces non vues et du lit inférieur. Il arrivait aussi que dans les intérieurs des appartements, et pour communiquer d’un étage à l’autre, on élevait des escaliers prenant jour sur les salles, des vis enfermées dans des cages en partie ou totalement à claire-voie. Il existe deux charmants escaliers de ce genre, qui datent du commencement du XIIIe siècle, dans les deux salles de premier étage des tours de Notre-Dame de Paris. Nous ne croyons pas nécessaire de les donner ici, car ils ont été gravés plusieurs fois déjà, et sont parfaitement connus. On voit une de ces vis, enclose entre des colonnes, dans la cathédrale de Mayence, et qui date du milieu du XIIIe siècle ; nous donnons (22) la moitié de son plan et une révolution entière[35].

À partir du mur circulaire qui ne monte que jusqu’au niveau A, la construction consiste seulement en des marches portant noyau, et en des colonnettes, toutes d’égale hauteur, soutenant chacune l’extrémité extérieure d’une marche. Rien n’est plus simple et plus élégant que cette petite construction. On voit aussi des escaliers de ce genre à la partie supérieure des tours des cathédrales de Laon et de Reims. Ces vis s’élèvent au milieu des grands pinacles qui, du dernier étage de la façade, forment aux quatre angles des tours une décoration ajourée dans toute leur hauteur. Les vis des tours de Reims ont cela de particulier, que trois marches sont prises dans une seule assise (les matériaux avec lesquels ce monument fut élevé sont énormes), et que les bouts extérieurs de ces marches sont soulagés par des morceaux de pierres en délit. Chaque bloc est donc taillé conformément au tracé perspectif, fig. 23.

Des chandelles de pierre B viennent soulager les portées A, puis se poser au-dessus des extrémités des marches en C. Par le fait, c’est le noyau D qui porte toute la charge, et les pierres B ne sont qu’une suite d’étançons formant clôture à jour. Il arrive aussi que ces vis sont mi-partie engagées dans la muraille, mi-partie ajourées ; c’était ainsi qu’étaient disposés la plupart des escaliers intérieurs qui mettaient en communication deux pièces superposées. L’escalier de la tribune de l’église Saint-Maclou de Rouen (XVIe siècle), celui du chœur de la cathédrale de Moulins (XVe siècle), fournissent de très-jolis exemples de ces sortes de vis prenant jour sur les intérieurs.
Nous avons vu comment les marches des vis forment naturellement plafond rampant par-dessous les degrés ; comment ces marches sont délardées ou simplement chanfreinées, ou même laissées à angles vifs, donnant ainsi comme plafond la contre-partie du degré. Mais il arrivait que l’on était parfois obligé d’établir des rampes droites ou circulaires à travers des constructions massives, dans les châteaux, dans les tours. Les couvertures de ces rampes avaient alors un poids considérable à porter.

Si ces rampes étaient larges (comme le sont en général les descentes de caves dans les châteaux), les architectes n’osaient pas fermer ces escaliers par des plafonds rampants, composés d’une suite de linteaux, dans la crainte des ruptures. Alors, que faisaient-ils ? Ils bandaient une suite d’arcs brisés A ou plein ceintres A′ juxtaposés (24), mais suivant la déclivité des degrés, ainsi que l’indique la coupe B. Ces arcs avaient tous leur naissance sur le même nu ; ils étaient tous taillés sur la même courbe. Si l’intrados de leurs sommiers venait mourir au nu du mur, l’extrados arrivait en C. Ces sommiers étaient donc également assis, et les appareilleurs ou poseurs évitaient les difficultés de coupe et de pose des voûtes rampantes, dont les sommiers sont longs à tracer, occasionnent des déchets de pierre considérables et nécessitent des soins particuliers à la pose. Si ces degrés, à travers des constructions, étaient étroits, si les architectes possédaient des pierres fortes, ils se contentaient de juxtaposer, suivant la déclivité des rampes, une série de linteaux soulagés par des corbeaux au droit des portées (voy., fig. 24, le tracé D et la coupe E). Ces constructions, fort simples, produisent un bon effet, ont un aspect solide et résistant ; elles indiquent parfaitement leur destination et peuvent impunément être pratiquées sous des charges considérables. Les voûtes bandées par ressauts n’ont pas, sous des gros murs ou des massifs, l’inconvénient de faire glisser les constructions supérieures, comme cela peut arriver lorsque l’on établit sous ces charges des berceaux rampants. Quelquefois dans les rampes couvertes par des linteaux, au lieu de simples corbeaux posés sous chacun de ces linteaux, c’est un large profil continu qui ressaute d’équerre au droit des pierres formant couverture, ainsi que l’indique la fig. 25.

D’une nécessité de construction ces architectes ont fait ici, comme partout, un motif de décoration.
XVIe siècle, il ne nous reste que très-peu de fragments. Les plus anciens sont peut-être les deux vis du sacraire de la Sainte-Chapelle de Paris[36] ; il est vrai que ce sont des chefs-d’œuvre de menuiserie du XIIIe siècle. Cependant les architectes du moyen âge avaient poussé très-loin l’art de disposer les escaliers de bois dans des logis, et en ceci leur subtilité avait dû leur venir en aide, car de toutes les parties de la construction des édifices ou maisons particulières, l’escalier est celle qui demande le plus d’adresse et d’étude, surtout lorsque, comme il arrivait souvent dans les villes et même les habitations seigneuriales du moyen âge, on manquait de place. Ainsi qu’on peut le reconnaître en examinant les intérieurs des châteaux et des maisons, les architectes faisaient des escaliers de bois à un ou deux ou quatre noyaux, à double rampe ; ils allaient jusqu’à faire des escaliers à vis en bois tournant sur un pivot, de manière à masquer d’un coup toutes les portes des appartements des étages supérieurs. Dans son Théâtre de l’art du Charpentier, Mathurin Jousse (1627) nous a conservé quelques-unes de ces méthodes encore usitées de son temps[37]. « Personne n’ignore, dit cet auteur[38], qu’entre toutes les pièces de la charpente d’un logis, la montée ne cède en commodité et utilité à aucune autre ; estant le passage, est comme l’instrument commun de l’usage et service que rendent les chambres, estages et tout l’édifice : et si elle est utile, elle n’est pas moins gentille, mais aussi difficile, tant pour le tracement, joinctures et assemblages, que pour la diversité qui se retrouve en icelles : car outre les ordinaires, qui se font communes à toutes les chambres d’un logis, il y en a qui (bien qu’elles soient communes) ont néantmoins telle propriété, que deux personnes de deux divers logis ou chambres peuvent monter par icelles sans s’entre-pouvoir voir : et par ainsi une seule fera fonction de deux, et sera commune sans l’estre. Il s’en fait encores d’autres façons, non moins gentilles que les précédentes : car estans basties sur un pivot, elles se tournent aisément, de sorte qu’en un demy-tour elles peuvent fermer toutes les chambres d’une maison, et forclorre le passage aux endroicts où auparavant elle le donnoit… »
. — Des escaliers de bois antérieurs auAvant de présenter quelques exemples d’escaliers en charpente ou menuiserie, il est nécessaire d’indiquer d’abord quels sont les éléments dont se composent ces montées. Il y a les escaliers à limons droits avec poteaux, les escaliers à noyaux et les escaliers à vis sans noyaux et à limons spirales. Les marches, dans les escaliers en bois du moyen âge, sont toujours pleines, assemblées dans le limon à tenons et mortaises.

Soit (26) un limon droit présenté en face intérieure en A et en coupe en B ; chaque marche portera un tenon C avec un épaulement D, et sera légèrement embrévée dans le limon en E. Ces marches seront délardées par-dessous et formeront plafond rampant. Le limon portera aussi les poteaux de balustrades G qui viendront s’assembler dans des mortaises pratiquées dans les renforts H. Les bouts des marches avec leur tenon sont figurés en K. Ces marches étant pleines sont prises, habituellement, dans des billes de bois ainsi que l’indique le tracé L. Trois sciages I divisent la bille en chêne de 0,50 c. de diamètre, ou environ en six triangles dans chacun desquels on trouve une marche, de façon à ce que le devant de chaque marche soit placé du côté du cœur du bois, le devant des marches étant la partie qui fatigue le plus. S’il reste quelques parties d’aubier ou des flaches, elles se trouvent ainsi dans la queue de la marche qui ne subit pas le frottement des pieds. Cette façon de prendre les marches en plein bois, le devant vers le cœur, a en outre l’avantage d’empêcher les bois de se gercer ou de se gauchir, les sciages étant précisément faits dans le sens des gerces. Ce débillardement des marches ne perd aucune des parties solides et résistantes du bois, les marches se trouvent toutes dans les mêmes conditions de dureté, et il reste en M de belles dosses que l’on peut utiliser ailleurs. On reconnaît que les constructeurs ont, soit pour les limons, soit pour les marches, choisi leurs bois avec grand soin afin d’éviter ces dislocations et ces gerces si funestes dans des ouvrages de ce genre. Quelquefois, mais rarement, les marches sont en noyer ou en châtaignier[39].
Ces premiers principes de construction posés, examinons d’abord un escalier à deux rampes et à paliers avec marches palières, limons droits et poteaux d’angle ; c’est l’escalier de charpente le plus simple, celui qui se construit par les moyens les plus naturels.


On faisait en bois des escaliers à vis aussi bien qu’en pierre. Les plus anciens étaient construits de la même manière, c’est-à-dire que les marches étaient pleines, superposées, et portaient noyau. On en façonnait à doubles limons qui pouvaient posséder deux rampes, ainsi que nous l’avons dit plus haut, c’est-à-dire (29) qu’en entrant indifféremment par l’une des deux portes CC′, on prenait l’une ou l’autre rampe dont la première marche est en A. C’était un moyen de donner entrée dans les pièces des étages supérieurs par des portes percées au-dessus de celles CC′. La personne qui sortait par la porte C ne pouvait rejoindre celle sortant par la porte C′, les deux rampes gironnant l’une au-dessus de l’autre. Les deux noyaux étaient réunis par deux limons B se croisant. Ces escaliers, fort communs pendant le moyen âge et jusqu’au XVIIe siècle, étaient commodes, et on ne s’explique pas pourquoi on a cessé de les mettre en œuvre. D’un bout les marches débillardées, pleines, s’assemblaient à tenon et mortaise dans les deux noyaux et dans les limons ; de l’autre, elles étaient engagées dans la maçonnerie ou portaient sur un filet en charpente cloué le long d’un pan de bois.
Mais souvent les escaliers à vis en bois étaient complètement isolés, formaient une œuvre indépendante de la bâtisse. Ces escaliers mettaient en communication deux étages, et on les plaçait dans l’angle d’une pièce pour communiquer seulement à celle au-dessus. C’était là plutôt une œuvre de menuiserie que de charpenterie, traitée avec soin et souvent avec une grande richesse de moulures et de sculpture. Toutefois, les marches de ces escaliers de menuiserie restèrent pleines jusque pendant le XVe siècle, portaient noyaux, et étaient réunies au centre au moyen d’une tige de fer rond, d’un boulon, qui les empêchait de dévier.


- ↑ Voy. Some account of Domest. Archit. in England, from the conquest to the end of the thirteenth century, by T. Hudson Turner. J. Parker, Oxford, 1851.
- ↑ Voy. Du Cerceau, Des plus excellens bastimens de Frane.
- ↑ Lai d’Ywenec ; poésies de Marie de France, XIIIe siècle.
- ↑ Voy. Topog. de la France ; Bib. imp.
- ↑ Des remparts de Carcassonne, fin du XIIIe siècle.
- ↑ On voit encore un escalier de ce genre sur les parties supérieures de l’église de Saint-Nazaire de Carcassonne, et à Notre-Dame de Paris dans les galeries du transsept.
- ↑ La coupe est faite suivant a b, en pourtournant le noyau pour faire voir le recouvrement des marches.
- ↑ Sauval.
- ↑ Mémoires du sire de Joinville, pub. par Fr. Michel, p. 190. Paris, 1858.
- ↑ Hist. et Antiq. de la ville de Paris, t. II, p. 23.
- ↑ Raymond du Temple était sergent d’armes et en même temps maître des œuvres du roi Charles V.
- ↑ Sauval est ici dans l’erreur, ces sortes d’escaliers étaient inventés dès l’époque romaine ; mais, à vrai dire, les architectes du moyen âge préféraient toujours l’escalier à vis, par les motifs déduits plus haut.
- ↑ Sauval rend en cela justice à nos vieux maîtres des œuvres qui faisaient les escaliers proportionnés aux services auxquels ils devaient satisfaire.
- ↑ C’est-à-dire que la dernière marche de l’escalier était à 10 toises ½ pied du sol de la cour, soit à 20 mètres, et devait ainsi desservir deux étages au-dessus du rez-de-chaussée, plus la terrasse.
- ↑ À ½ pied chacune, cela fait 41 pieds ½ ou 13m,30 environ.
- ↑ À ½ pied chacune, cela fait 20 pieds ½, soit 6m,60 environ. Ces mesures de détail sont d’accord avec la mesure générale et produisent environ 20 mètres.
- ↑ C’était bien là en effet le but que se proposaient les architectes du moyen âge. De plus, en plaçant ainsi les grands escaliers hors-œuvre, ils ne dérangeaient pas les distributions intérieures, prenaient autant de jours qu’ils voulaient et disposaient leurs paliers sans embarras.
- ↑ C’est-à-dire en dedans du corps de logis du nord. (Voy. Château, fig. 20, 21 et 22.)
- ↑ On voit que Raymond avait signé son œuvre en plaçant ainsi deux sergents d’armes des deux côtés de la porte principale donnant au premier étage sur l’escalier.
- ↑ Sauval entend indiquer évidemment ici que ces dernières statues étaient posées suivant le giron de l’escalier. En effet, dans ces escaliers à vis, l’architecture suivait le mouvement des marches et les statues devaient ressauter à chaque pilier, pour cadrer avec l’architecture.
- ↑ Le gâble de la dernière croisée.
- ↑ Ce fut Charles V qui le premier ne chargea plus l’écu de France que de trois fleurs de lis ; ce changement aux armes de France n’eut donc lieu que postérieurement à 1365.
- ↑ Il ne peut être ici question que de la voûte élevée au sommet de la petite vis.
- ↑ Hist. et Antiq. de la ville de Paris, l. IV, t. I, p. 435.
- ↑ Ce fut en 1336 que le pape Benoît XII commença l’église des Bernardins de Paris.
- ↑ Hist. et Antiq. de la ville de Paris, l. IV, t. I. p. 438.
- ↑ L, I, ch. LIII.
- ↑ Évidemment Rabelais avait, en écrivant ceci, le souvenir du grand escalier de Chambord dans l’esprit ; toutefois il est surprenant qu’il n’ait pas fait mention de la double rampe.
- ↑ Voy. Les plus excellens bastimens de France. Du Cerceau.
- ↑ Au palais des Tuileries, la lanterne couronnait une coupole flanquée de quatre lanternons en forme d’échauguettes.
- ↑ Ce château, qui ne fut jamais terminé, appartient à M. le duc de Luynes ; la partie à laquelle appartient l’escalier date des premières années du XVIe siècle.
- ↑ Démoli en 1840 ; quelques fragments de cet hôtel sont déposés à l’école des Beaux-Arts.
- ↑ Voy. dans l’Itinéraire archéologique de Paris, par M. de Guilhermy, 1855, p. 299, une description de cette tour et une vue de l’escalier.
- ↑ Il existe des fragments importants de ce noyau à l’École des Beaux-Arts.
- ↑ Cet escalier montait autrefois au-dessus de la clôture du chœur.
- ↑ Un seul de ces escaliers est ancien, le second a été refait exactement sur le modèle de celui qui existait encore au moment où les travaux de restauration ont été entrepris.
- ↑ Nous l’avons dit déjà bien des fois, la Renaissance en France ne fut guère qu’une parure nouvelle dont on revêtissait l’architecture ; le constructeur, jusqu’au milieu du XVIIe siècle, restait français, conservait et reproduisait ses vieilles méthodes beaucoup meilleures que celles admises depuis cette époque jusqu’à la fin du dernier siècle.
- ↑ cxviiie figure, page 155.
- ↑ Particulièrement dans le centre de la France.