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court, on le jetait dans une oubliette ou on le tuait purement et simplement, en ayant le soin de l’enterrer dans quelque coin écarté ; mais on ne s’amusait guère à ces raffinements étrangement barbares. Tous les châteaux contenaient des caves profondes ouvertes seulement par un trou percé dans la voûte, caves qui étaient de véritables silos propres à renfermer des grains, des racines, des provisions, mais dans lesquelles on ne mettait personne. Quelquefois ces silos sont bâtis en cône renversé : ce sont alors des glacières. On a voulu voir aussi dans un grand nombre de fosses d’aisances des culs-de-basse-fosse, et il n’est pas un château dans lequel le cicerone de l’endroit ne vous montre des latrines élevées au rang d’oubliettes. Les prisons, les cachots existent dans presque tous les couvents, dans les châteaux, dans les officialités ; mais ces prisons sont parfaitement disposées pour l’usage auquel on les destinait : elles sont peu plaisantes, mais ce ne sont que des salles plus ou moins vastes, plus ou moins éclairées ou tout à fait obscures : ce ne sont pas des culs-de-basse-fosse. Ceux qui les ont construites ont paru vouloir les rendre sûres, mais saines, autant que peuvent l’être des cachots (voy. l’article Prison).

CUL-DE-FOUR, s. m. Coquille. Voûte en quart de sphère ressemblant, en effet, au fond d’un four à pain. L’hémicycle contenant le tribunal de la basilique romaine était voûté en cul-de-four ; cette disposition fut imitée pendant les premiers temps du christianisme et persista en Occident jusque vers le milieu du XIIe siècle (voy. Architecture Religieuse, Cathédrale, Construction, Église). Dans les premières églises romanes, le clergé était rangé autour de l’hémicycle, et l’autel se trouvait entre le chœur et les fidèles. Des fenêtres, percées dans le mur semi-circulaire de l’abside, éclairaient l’assemblée du clergé ; au-dessus de ces fenêtres était bâtie la voûte en cul-de-four, habituellement décorée de peintures ou de mosaïques (voy. Mosaïque, Peinture ). On voit encore en France beaucoup d’absides voûtées en cul-de-four dans le Poitou, la Normandie, l’Auvergne, le Lyonnais et la Bourgogne. Il arrive même parfois que les voûtes des nefs et transsepts sont déjà gothiques, comme système de construction, et que les absides conservent le cul-de-four roman. On peut, entre autres exemples remarquables de ce fait, citer la cathédrale de Langres. La forme en quart de sphère avait été si bien adoptée pour les absides, dans les premiers temps du moyen âge, qu’elle paraissait consacrée ; le clergé n’y renonça qu’avec peine et lorsque l’art gothique, admis entièrement dans les constructions religieuses, ne permettait plus le mélange des méthodes de bâtir antérieures.

CUL-DE-LAMPE, s. m. Nous avons pris le parti d’adopter, dans ce Dictionnaire, les mots consacrés par l’usage, sans discuter leur étymologie ou leur valeur ; mais il faut avouer que le mot cul-de-lampe, tel qu’on l’applique depuis deux ou trois cents ans, n’est justifié par nulle bonne