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fortune qu’il n’avoit pas faicte au siége de Monpellier24, fut porté d’une mesme volonté et traicté en la sorte que le premier, fors qu’au lieu de s’aller baigner on luy commanda que, pour prouver son invisibilité, il se mist de la bande des assassins du faux-bourg Sainct Germain25, où le lendemain il fut miserablement assassiné au mois d’aoust dernier.

Le bailly de Chaulne, en Picardie, ayant oüy parler de ces invisibles, sa pensée fut tellement ancrée à sa volonté que l’un des six se transporta invisiblement à Peronne, dans le cabinet du bailly, qui feuilletoit les papiers de son procès, et l’invisible parut visible et dit à l’autre l’effet de sa pensée, s’enroolle en la societé, et, deux jours après, le pauvre miserable bailly se donna de luy-mesme un coup de pistolet dans la teste et se tua.

Un Anglois francisé ayant receu la mesme in-


24. V., sur ce siége, Caquets de l’Accouchée, p. 158, 164, 169.

25. Il est souvent parlé de ces bandits dans les écrits du temps, ainsi que de la peur qu’en avoient les gens de Paris. (V. t. I, p. 198, V, 194, et surtout les Caquets de l’Accouchée, p. 60–61, 71, 257). Le Pré-aux-Clercs, où l’on ne faisoit que commencer à bâtir, et qui étoit encore fort désert, servoit de quartier-général à ces voleurs du faubourg Saint-Germain. J’ai même dit que le quai Malaquest, où ils trouvoient de faciles cachettes derrière les piles de bois, leur devoit sans doute son nom (t. III, p. 179). Les deux vauriens qui tuèrent le père de Jean Rou, en 1647, avoient dressé leurs premières embûches et faillirent même faire leur coup dans le Pré-aux-Clercs, où, un jour qu’il s’y promenoit, il les vit cachés « dans un endroit fort solitaire ». (Mémoires inédits de J. Rou, 1857, in-8, t. I, p. 6–7.)