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son humecté avec de l’eau saturée de nitre, & aiguisée de sel marin ; on tiendra la nuit les bestiaux malades dans des écuries où l’air se renouvelle souvent ; on évitera de les faire travailler, de leur donner des remèdes & des alimens échauffans, de les faire marcher au soleil, & de leur donner d’autre nourriture que la paille & le son humecté. Lorsque la chaleur est excessive, que les vaisseaux offrent beaucoup de distension, malgré les boissons tempérantes ; les bains, les lavemens, & les alimens rafraîchissans que nous venons de prescrire, une évacuation de sang par la veine la plus propre à chaque animal, (voyez Saignée des Animaux) à la dose de quatre livres pour le bœuf, de deux livres pour le cheval, de six onces pour le mouton, &c. soulagera le malade ; on doit bien comprendre que si ces animaux étoient accablés de fatigue, la saignée, surtout à cette dose, ne serviroit qu’à les affoiblir, sans condenser le sang. Dans cette maladie, entretenir les forces vitales & musculaires, condenser le sang sans le coaguler, telles sont les seules indications à saisir & à remplir.

Deuxième espèce. Pléthore vraie.

Dans cette espèce de pléthore, la chaleur de la peau est tempérée, la respiration grande & fréquente ; lorsque l’animal marche avec ardeur, les vaisseaux de la tête, de l’œil, du ventre, & de la face interne des cuisses, sont dilatés ; le pouls qu’on sent aux artères maxillaires, est plein, & un peu moins fréquent que dans l’état naturel ; l’assoupissement & la diminution des forces musculaires, ordinairement sensibles ; les forces musculaires presque toujours proportionnées aux forces vitales ; l’urine, comme dans l’état de parfaite santé ; les matières fécales un peu humectées, la langue fraîche & vermeille ; le désir de la boisson peu considérable.

Causes. Elles se réduisent, au défaut d’exercice, à la diminution de la transpiration insensible, à la qualité & à la quantité des alimens ; ou ils sont trop nourrissans ; ou les animaux en prennent une grande quantité ; excès ordinaire au cheval & au porc ; aussi les voit-on plus souvent attaqués de cette maladie que le bœuf & le mouton. La tête & la poitrine sont les parties du corps les plus exposées dans cette affection. L’inflammation du cerveau, l’inflammation des poumons, n’en sont que trop fréquemment les funestes suites. (Voyeez Apoplexie, Péripneumonie, Vertige)

Traitement. Pour remédier à la pléthore vraie, il faut s’attacher à diminuer promptement la quantité du sang ; la diète, l’exercice modéré, & la saignée, remplissent cette indication ; pour cet effet, promenez le cheval au pas, deux heures le matin, autant le soir, bouchonnez-le avec soin lorsqu’il sera de retour à l’écurie. (Voyez Bouchonner, Tome II, page 398) Faites labourer le bœuf trois heures par jour ; que la brebis parque jour & nuit ; que le cochon aille loin de son écurie exciter son appétit vorace dans des terrains arides ; ne donnez au cheval & au bœuf pour nourriture que de la paille & un peu de son humecté ; que l’entrée des pâturages fertiles en plantes nutritives leur soit interdite ; qu’ils parcourent des terrains stériles, plus