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tout le bord des marais, des fossés, où l’eau croupit ? c’est que la loi de sa végétation le soumet au besoin d’absorber une certaine quantité d’air inflammable : (consultez ce mot) or, les marais, les eaux stagnantes, en fournissent beaucoup, & l’on observe que pour la fabrique de la poudre à canon, le charbon fait avec ces arbres, est préférable à tous les autres, parce qu’il contient une plus grande quantité, d’air inflammable. Ce n’est pas par sympathie que le guy croît plutôt sur l’amandier, sur le prunier, que sur le chêne, ou sur tel autre arbre, mais parce qu’il y est moins ombragé que sur l’ormeau. Il en est ainsi de la cuscute sur le lin ; qu’elle trouve un autre support, elle s’y attachera également. Le seigle, dit-on, est l’ennemi des autres plantes ; oui, il l’est, mais c’est par son fanage épais, & par sa prompte croissance, qui s’opposent à la végétation des graines dont le germe ne se développe pas aussi promptement que le sien. Il en est ainsi des vastes forêts de pins & de sapins ; leur sommet forme une voûte impénétrable aux rayons du soleil, & à l’exception d’un très-petit nombre de plantes, toutes les autres périssent sous leur ombrage ; mais si les pins & les sapins renfermoient en eux une vertu antipathique, on ne verroit pas sur les lisières de ces forêts un grand nombre de plantes végéter chacune à leur manière, & avoir chacune leur constitution particulière.

Les plantes, ainsi que l’homme, sont pourvues de pores absorbans, & de pores exhalans ; en un mot, elles transpirent, & elles aspirent, (consultez les mots arbres, feuilles, fleur) ; personne ne peut plus révoquer en doute cette vérité ; il est donc vrai que ces émanations doivent être différentes en raison & de la configuration de la plante, & du levain séveux que l’humide de la terre rencontre à l’orifice des racines lorsqu’il s’y introduit. (Consultez les mots Agriculture, Amendement, chapitre dernier.)

L’émanation de certaines plantes est douce, agréable, souvent dangereuse, & même mortelle si la plante ou des masses de fleurs sont renfermées dans un appartement ; l’effet que ces émanations produisent sur l’homme, doit être le même sur un grand nombre de plantes, & leur odeur doit les affecter d’une manière particulière ; tel se pâme en sentant une rose, une violette, tandis que tel autre se plaît à les flairer avec sensualité.

Il est certain que dans le voisinage des ifs, placés autrefois dans les jardins, les fleurs réussissoient très-mal, & même, plusieurs années après avoir fait arracher ces arbres, on a beaucoup de peine à leur substituer des arbres fruitiers, à moins qu’on n’ait enlevé toute la vieille terre qui couvroit leurs racines. Les plantes à odeur & à transpiration assoupissantes, ont toutes une physionomie sombre ; la couleur brune ou jaune, mais indécise de leurs fleurs, avertit de se tenir en garde contre elles.

Du sommeil & de la sensibilité des plantes.

Dans la comparaison du mécanisme de l’homme & du végétal, cette propriété, ou plutôt ce besoin a déjà été annoncé. À l’article fleur,