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sur coignassier que sur franc ; mais laissez a ce dernier la liberté d’étendre ses branches, ne le tyrannisez pas sans cesse avec la serpette, alors ses branches contribueront plus à sa nourriture que ses racines, & vous ne direz plus que de tels terrains ne demandent que des arbres sur coignassier.

Je le répète, le seul avantage de ce poirier est de produire plus promptement du fruit, quelques espèces le donnent meilleur ; mais ces petits avantages peuvent-ils compenser & prévaloir sur ceux de la longue durée d’un arbre, de sa force & de sa belle forme. Enfin pour condescendre au goût de chacun, conservez sur coignassier les espèces de poires qui y réussissent le mieux ; mais au moins plantez ces arbres dans un quartier à part & isolé ; & qu’ils ne soient pas tristement confondus avec les poiriers sur franc.

CHAPITRE V.

De la Taille du Poirier.

Cet arbre est susceptible de prendre toutes les formes qu’on veut lui donner. Les deux plus communes sont en buisson, en éventail & en espalier, consultez ces mots & la Planche XIX, 495 du Tome second ; la figure 5 de la Planche XVI, page 460 du même volume. Par la taille en éventail, j’entends celle de l’arbre qui n’est pas placé contre le mur. Lorsqu’il est contre un mur, c’est un arbre en espalier. Cette distinction devient inutile si on taille l’arbre ainsi qu’il est représenté dans la planche XIX, mais le mot éventail désigne plus particulièrement l’arbre dont les branches sont disposée, comme le sont les rayons ou les supports d’un éventail dont se servent les dames. Cette taille est abusive dans tous ses points, puisqu’elle laisse perpétuellement des canaux directs de la sève, qui la forcent à se porter avec impétuosité au sommet de l’arbre, & à y former de vigoureux bourgeons qui attirent à eux toute la sève des parties inférieures, & finissent par élever l’arbre beaucoup plus haut qu’il ne convient, & enfin par le faire périr. En suivant cette forme, de quelle utilité sont donc les bourgeons si gros, si beaux, si multiplies, puisque chaque année il faut les rabattre ? Vous avez donc épuisé l’arbre en pure perte, & il s’épuisera toujours tant qu’il conservera cette forme.

Pour la taille en espalier & en éventail, si on fait une différence de l’une ou de l’autre, consultez l’article pêcher. Ce que je dirois ici seroit une répétition inutile.

Le pêcher n’a pas l’avantage inappréciable de pousser du bois nouveau sur le vieux bois ; le poirier plus heureux, répare de lui même la balourdise du tailleur d’arbres, s’il fait profiter du bienfait qu’il lui présente. Ce bois nouveau, ce hardi bourgeon sert à regarnir les places vides, à remplacer des branches trop vieilles ou mutilées, enfin à rajeunir l’arbre quand le besoin l’exige.

Le grand point dans la conduite de la taille du poirier, est, après avoir formé les deux mères branches, (voyez figure 1, Pl. XVI, p. 460 du T. II) de tirer toutes les branches presque horizontalement, (voy. fig. 3 de la même Planche) ainsi que dans le milieu de l’Y, en prenant garde de