Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/732

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nourrissent beaucoup plus des sucs répandus dans l’atmosphère, que de ceux de l’arbre.

Lorsque la mousse gagne une prairie, elle la détruit bientôt ; la bonne herbe périt & meurt étouffée ; il lui succède des plantes dont la végétation est analogue avec celle des mousses, ou du moins qui ne la détruisent pas. L’expérience a prouvé que toute espèce de cendre, (Voyez ce mot) répandue sur ce terrein, fait disparoître les mousses, & que la bonne herbe reprend leur place. La chaux éteinte à l’air & réduite en poussière, produit un effet encore plus prompt & plus sûr. Il vaudroit beaucoup mieux pour le propriétaire, conserver ces cendres, & s’en servir à la fabrication du salpêtre. (Voyez ce mot)


MOÛT, ou MOUST. Liqueur exprimée du raisin, de la poire, enfin de tous les fruits, & qui n’a pas encore subi le commencement de la fermentation, (Voyez ce mot), & qui par conséquent n’est pas, dans cet état, dans le cas de donner du spiritueux par la distillation ; ce n’est même pas un vin, mais seulement une substance capable de le devenir. Le moût se digère très-difficilement, il fermente dans l’estomac, & occasionne des coliques, &c. par la quantité d’air qui s’en dégage dans ce viscère.


MOUTARDE, ou SÉNEVÉ, ou SINAPI, ou MOUTARDE NOIRE. (Voyez Planche XXIII, page 672.) Tournefort la place dans la quatrième section de la cinquième classe, comme les choux, (Voyez ce mot) & il l’appelle sinapi rapi folio. Von Linné la classe dans la tétradymie siliqueuse, & il la nomme sinapi nigra.

Fleur. Composée de quatre pétales B, disposées en croix, & attachées au calice par des onglets. Le calice G est formé de quatre feuilles longues & étroites, qui tombent avant la maturité du fruit ; les étamines D au nombre de six, dont quatre plus longues & deux plus courtes.

Fruit. Silique E, qui renferme les graines F noires & sphériques, ce qui fait appeler cette plante moutarde noire.

Feuilles. À-peu-près semblables à celles de la rave, plus petites, plus rudes au toucher, adhérentes aux tiges.

Racine A. En forme de navet, ligneuse, fibreuse.

Port. Tige haute de deux à trois pieds, moëlleuse, velue, rameuse ; les fleurs portées par des pédoncules au sommet ; les feuilles placées alternativement.

Lieux. Les bords de la mer, les terreins pierreux ; cultivée dans nos jardins ; la plante est annuelle, fleurit en juin & juillet.

Propriétés. Odeur aromatique, piquante, d’une saveur âcre & brûlante. On ne se sert ordinairement que des semences ; elles sont réputées sternutatoires, diurétiques, vésicatoires, puissamment détersives, antiscorbutiques.

L’usage des semences réveille les forces vitales, elles échauffent & fortifient l’estomac affoibli par abondance d’humeurs séreuses & pituiteuses ; elles sont indiquées dans la paralysie par humeurs séreuses ; dans la paralysie par apoplexie pituiteuse ; l’asthme pituiteux ; le rhumatisme séreux ; com-