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l’ordonnent-ils que pour des ptisannes, des gargarismes & des lavemens. La chirurgie en fait avec succès, des lotions pour laver de déterger les ulcères. Le miel est le plus sûr & le plus efficace de tous les remèdes contre la piquure des abeilles. M. D. L.


MIELLAT. On désigne par ce nom une matière sucrée, légèrement mucilagineuse, qui est tantôt rapprochée, par sa nature, des gommes & tantôt des résines. On la trouve sous la forme de gouttes le soir & le matin en été, sur les feuilles ou les tiges de plusieurs plantes. Ce fluide est une sécrétion des plantes, & il y a apparence qu’il existe dans toutes ; mais il paroît dans des parties différentes ; on le trouve sur les fleurs, sur les fruits, sur les feuilles & sur les tiges, &c. ; il couvre quelquefois les bourgeons & les tiges des plantes. Cette matière n’est pas produite, comme plusieurs auteurs ont cru, par les nuages ou par l’air, non plus que par les exhalaisons de la terre ; mais par la plante elle-même, dans les vaisseaux de laquelle elle a été élaborée d’une maniere particuliere. C’est ce même suc qui, dans quelques plantes, est dans l’intérieur de la tige, de la racine, &c. ; & dans quelques arbres, dans le bois même. On retire ce suc des cannes à sucre, des racines de carottes, des différentes espèces d’érables, &c.

Ce suc est rendu visible sur les feuilles & sur les branches comme on peut l’observer sur les chênes et les frênes, le tilleul, &c. Il se présente d’abord sous la forme d’une humidité gluante, il devient ensuite semblable au miel, & il acquiert enfin la confiance de la manne. (Voyez Miel, Manne.)

L’abbé de Sauvages a observé deux sortes de miellats ou sucs miellés, qui paroissent d’ailleurs de même nature, & qui servent également aux mouches à miel : l’une est celle qu’on trouve naturellement sur les différentes parties des végétaux ; l’autre est le suc qui a passé à travers les organes de la digestion ces pucerons.

Quelquefois le suc miellé n’est point l’effet d’une maladie ; mais il est seulement produit par une trop grande abondance de sucs dans les végétaux. Quand la quantité ce suc est trop considérable, & qu’il se présente dans des circonstances défavorables, il fait beaucoup de tort aux plantes & aux arbres : on observe cependant qu’ils souffrent moins de cette maladie que les plantes. L’ardeur du soleil, lorsqu’elle dure long-temps, détermine le suc miellé à paraître au dehors. Les végétaux les plus vigoureux en fournissent plus abondamment que les autres. Les plantes qui croissent dans les terres qui ont reçus de fréquens labours & plusieurs engrais, sont très-robustes : aussi a-t-on observé que les récoltes dans ces sortes de terreins sont très-sujettes au miellat, ce qui a été attribué, par quelques cultivateurs, aux exhalaisons du fumier. On ne doit cependant pas pour cela se dispenser de fumer les terres, parce qu’on garantit par ce moyen les plantes de plusieurs autres maladies plus dangereuses que le suc miellé.

Dans la chaleur du jour, le fluide miellé qui sort des végétaux n’a point encore acquis une certaine consistance ; il reste dans cet état tant que le soleil est sur l’horison ; mais aussitôt