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l’autre ensemble : si le seigle manque, le froment réussira, & ainsi tour à tour. Ce raisonnement, tout spécieux qu’il est, n’en est pas moins absurde. Tout considéré, ne vaut-il pas mieux, sur le même champ semer le froment & le seigle séparément ; on les récolte à leur point, & leur mélange est ensuite plus commodément & plus exactement fait dans le grenier. L’on seme, pour l’ordinaire, le méteil que l’on a recueilli ; mais comme il est rare de voir en même temps réussir le seigle & le froment, il en résulte qu’à la longue il ne se trouve plus aucune proportion entre ces deux grains, & l’on finit par avoir presque tout seigle ou tout froment. Ainsi, sous quelque point de vue que l’on considère les semailles du méteil, elles sont contraires à la saine raison, à l’intérêt du particulier, & l’expérience le prouve chaque année à l’homme dont les yeux ne sont pas fascinés par la coutume moutonnière du canton.


MÉTÉORES. (Phis.) On donne ce nom à tous les phénomènes qui se passent au-dessus de la terre, dans la région de l’air. Mussenbroeck a porté plus loin cette définition, puisqu’il entend par le mot météores, tous les corps suspendus entre le ciel & la terre, qui nagent dans notre atmosphère, qui y sont emportés, & qui s’y meuvent ; les corps que leur légèreté spécifique soutient dans les airs, qui s’y combinent de mille & mille manières, & qui par ces combinaisons donnent naissance à des phénomènes particuliers, doivent être regardés dans ce sens comme des météores ; ainsi, les vapeurs que la terre exhale continuellement, que l’air dissout, qui s’élèvent dans les hautes régions de l’atmosphère, pour y rester suspendues sous forme de nuages, qui ensuite, par la raréfaction, se rassemblent en gouttes, & tombent sous forme de pluie, de neige, de grêle, &c. ces vapeurs, dis-je, présentent autant de météores qu’elles réunissent d’apparences différentes.

On distingue communément trois espèces de météores ; les uns aériens, ou dépendans de l’air ; les seconds aqueux, qui doivent leur origine à l’eau, & les troisièmes ignés, qui sont formés par le feu ou par la lumière.

Les météores aériens renferment tous ceux que l’air peut produire. Les principaux sont les vents, qui ne sont autre chose que l’air agité, & porté, par une cause particulière, dans une direction déterminée, & plus ou moins rapidement ; les brouillards secs, de la nature de celui qui a couvert une partie de l’Europe au mois de juin 1783 ; les exhalaisons qui émanent de tous les corps qui couvrent la surface de la terre, & qui restent flottantes au-dessus, &c.

Les météores aqueux sont tous ceux qui sont produits par les vapeurs qui s’élèvent dans l’air, & s’y dissolvent, tels sont les nuages, les brouillards humides, la bruine, la pluie, la rosée, la gelée blanche, les frimats, la grêle, &c. Tous ces météores ne sont que la même substance à laquelle des circonstances particulières donnent des apparences différentes. Il sera facile de s’en assurer en consultant chacun des mots ci-dessus…

Les météores ignés sont de deux espèces : les uns ne sont que des apparences lumineuses, & les autres