Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/540

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un simple apperçu que nous allons donner, & rien de plus, puisque toutes dispositions de bâtimens tiennent au local, à la situation, à la commodité des eaux, &c.

Dans les provinces du nord, la meilleure exposition, sur-tout pour le bâtiment du maître, est celle du levant au midi. Dans les cantons voisins de la mer, il est important d’être à l’abri des vents qui en viennent, parce qu’ils traînent après eux une humidité extrême qui pénètre les murs, s’insinue jusques dans les appartemens les mieux fermés, & pourrit les boiseries, les tapisseries appliquées de ce côté-là. Dans les provinces du midi, le levant est le plus sain, le nord l’est également, il rend les chaleurs plus supportables ; l’exposition du couchant y est détestable, elle renouvelle la chaleur dans le temps que l’air, la terre & les bâtimens sont déjà les plus échauffés ; d’ailleurs, on peut dire en général que les vents qui soufflent du couchant y sont les plus incommodes & les moins sains. Il est facile d’imaginer que ces assertions ne peuvent pas être rigoureusement exactes pour tous les cantons, puisque les climats, (Voyez ce mot) changent en raison des abris ; cependant malgré leur généralité elles sont variées. Actuellement examinons en détail les différentes parties qui entrent dans l’établissement d’une forte métairie ; telle que nous l’avons conçue, & représentée dans la Planche XIV, en la supposant, comme nous l’avons dit, au milieu d’une colline à pente très-douce.

1. Creux à fumier placés au-dehors des bâtimens & de la cour, & qui reçoivent les eaux pluviales & les eaux des fontaines par un aqueduc qui passe sous les écuries des bœufs & des chevaux, nos 5 & 26 : ces creux doivent être fermés de murs de trois côtés, & un seul ouvert, afin d’en pouvoir faire sortir le fumier. Ces murs ne sont pas absolument nécessaires, mais ils dérobent à la vue un coup d’œil peu agréable ; on pourroit les couvrir avec de la charmille, des ormeaux, des noisettiers, &c.

2. Ouverture des aqueducs dans la cour. Il est bon & même très-sain d’avoir la facilité de conduire l’eau des fontaines dans ces deux écuries, afin d’en laver le sol de temps à autre, pendant que les bêtes sont au travail, ou lorsque l’on en a sorti le fumier. De l’extrême propreté dépend presque toujours la salubrité de l’air, & on a vu dans l’article Air combien l’eau absorbe d’air fixe, & par conséquent purifie d’autant celui des écuries.

3. Porte d’entrée, seule & unique, dont chaque soir on remet la clef au propriétaire ; si en l’accompagne d’une grille aussi étendue que la façade de la maison, la vue en sera plus agréable, & cet espace augmentera le courant d’air.

4. Loges des chiens ; ces animaux doivent être attachés pendant le joue & lâchés pendant la nuit ; un seul suffit dans la basse-cour, & l’autre doit être placé dans le Jardin. Un seul homme, & toujours le même, les attachera à l’entrée du jour, & les détachera à l’approche de la nuit.

5. Écurie des bœufs. (Voyez les mots Écurie, Étable) Ce bâtiment est composé d’un-rez-de-chaussée, qui forme l’écurie, & d’un premier étage, destiné à renfermer les pailles