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Mais les bains simples, ou d’eaux minérales sulphureuses de Barège, de Banières, de Coterets, de Bourbonne, sur-tout ceux de la Malou & d’Avesne, si connus en Languedoc, sont les remèdes les plus appropriés, soit pour opérer la guérison, soit pour la rendre parfaite, en rendant à la peau sa couleur & sa souplesse naturelle. Ces mêmes eaux, prises intérieurement, ne peuvent aussi qu’être très-avantageuses. Mais tous ces différens remèdes ne produiront de bons effets, qu’autant que les malades s’abstiendront des alimens grossiers, échauffans & de difficile digestion.

Quant au second degré de la lèpre, nous avons déjà dit qu’elle résistoit opiniâtrement à toutes sortes de remèdes ; il est inutile de s’y arrêter. M. AMI.


LESSIVE DU LINGE. Eau rendue détersive des graisses, des huiles, par l’addition d’un sel alkali. Cette opération, si universelle & si nécessaire, exige que j’entre dans quelques détails.

La transpiration est une humeur grasse & huileuse, qui s’attache à nos linges, & elle est peu miscible à l’eau seule ; mais si on ajoute un sel alkali, (Voyez ce mot) la matière huileuse ou graisseuse s’unit alors à l’eau par l’intermède du sel, & de cette union il résulte un vrai savon, miscible à l’eau, & qui la rend par conséquent miscible aux graisses, beurre, huile, &c, & permet que ces substances soient séparées du linge des vètemens, &c. & entraînées par le courant de l’eau. Voilà la base & la manière d’agir de routes les lessives.

Personne n’ignore que l’on met le dans un cuvier, qu’il est recouvert d’un grand drap, & chargé de quelques pouces de cendres ordinaires, ou d’un peu de potassé ou de cendres clavellées, (Voyez ce mot) & souvent le tout ensemble ou séparément, aiguisé avec de la chaux : on prend ensuite de l’eau bouillante que l’on verse par-dessus. Comme le fond du cuvier est percé d’un petit trou garni de paille, cette eau, après avoir traversé toutes les couches de linge comme à travers un filtre, s’écoule peu-à-peu dans un baquet placé sous le cuvier, & cette même eau, remise dans la chaudière, & versée perpétuellement sur le cuvier pendant toute la journée, s’imprègne de la partie graisseuse & huileuse du linge. En effet, lorsque l’on trempe ses doigts dans cette lessive, on la trouve onctueuse & savonneuse. L’addition de la potasse, de la chaux, de la cendre gravelée, augmentent l’activité de la lessive, mais ces matières altèrent beaucoup le linge si leur sel ne trouve pas assez de matière huileuse ou graisseuse à détruire, parce qu’elle agit alors directement sur lui. Il faut donc être très-circonspect dans leur emploi. Le linge, ainsi préparé & sorti du cuvier, est porté à la fontaine, à la rivière, pour être lavé & savonné à grande eau. L’effet du savon est de s’approprier le surplus de la matière graisseuse, ensorte que le linge est dans le cas d’en être entièrement dépouillé. Telle est à-peu-près la manière générale d’opérer ; mais est-elle la meilleure, la plus économique quant à la dépense & quant à la durée, à la beauté & à la blancheur du linge ? Je ne le crois pas.

On dira peut-être que ces détails ne doivent pas occuper un homme,