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leur produit dans l’acte de la végétation ? Ici l’analogie va être encore notre guide, & suppléera, du moins en partie, aux expériences complètes que nous avons commencées, & qu’il nous a été impossible de déterminer.

On a vu que, dans le règne animal, l’air & la chaleur sont deux stimulans très-actifs de l’irritabilité : ils le sont aussi dans le règne végétal. L’air agit sur la fibre irritable, & comme air atmosphérique, & comme acide aérien : dans la plante, on peut soupçonner le même mécanisme, lorsqu’elle aspire l’air extérieur, pour l’élaborer, & s’en approprier la partie nourrissante. (Voy. le mot Air). Cet élément circule dans son intérieur, enfile ses différens canaux, & sur-tout les trachées, & s’y décompose comme air atmosphérique, & comme air fixe ou acide aérien. Il agit directement sur les fibres des trachées ; L’irritation qu’il y produit, les fait entrer en contraction & dilatation successives ; mouvement si facilement entretenu par la forme même spirale que ces vaisseaux ont toujours. Il est probable que ce mouvement se fait dans tous les sens, non-seulement dans l’allongement & le rétrécissement de la hauteur de la spirale, mais encore du diamètre intérieur de ce vaisseau. Cette fluctuation, si l’on peut s’exprimer ainsi, perpétuelle, & durant autant que la plante, est entretenue par la circulation de l’air introduit comme nourriture, ou chassé comme excrément. Elle est même plus, vive dans ce dernier cas, parce qu’alors l’acide aérien, dégagé de L’air atmosphérique par l’acte même de la végétation, a une énergie infiniment plus puissante. Nous verrons au mot Sève, l’effet de cette action vitale : & qui oseroit assurer qu’elle n’est pas le principe du mouvement, & par conséquent de la vie de la plante ?

La lumière a une influence directe sur les plantes & elle les force, pour ainsi dire, à un mouvement duquel elles semblent ne pouvoir s’abstenir. (Voyez le mot Lumière Mais comment expliquer cet effet ? Est-ce le résultat de la chaleur que la lumière peut produire ? Est-ce un acte simple & immédiat de ce fluide considéré en lui-même ? Oui, & nous pouvons l’assurer que l’influence de la lumière sur la plante a pour effet une irritation actuelle, & l’augmentation de l’irritabilité. Il est vrai que nous n’avons pas encore assez d’expérience pour le démontrer positivement ; le mouvement vital de toute la plante étant le résultat des mouvemens partiaux de chaque portion, dès qu’un sera affoibli ou cessera, il doit s’ensuivre non-seulement un changement, mais encore une maladie, & à la longue la destruction. L’étiolement, ce phénomène végétal, si singulier, est du à l’absence de la lumière. (Voyez Étiolement & Lumière). Qu’est-ce autre chose qu’une altération dans le mouvement qui produit la transpiration, comme nous l’avons insinué au mot Étiolement, & comme nous le démontrerons pleinement au mot Transpiration ? Ce mouvement se ralentit, parce que la lumière n’irrite point les organes propres à la transpiration ; ces fibres alors tombent nécessairement dans l’état d’inaction & de foiblesse. La lumière agit encore sur les plantes comme acide, &