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graine de fraise, soit que le fruit ait été fécondé naturellement ou par le secours de l’art.

II. Du temps de semer. Aussitôt que la graine est mûre, on peut semer, & c’est le mieux ; ou bien attendre le retour du premier printemps, chacun suivant le climat qu’il habite, après l’avoir conservée dans un lieu sec. On peut semer jusqu’en août dans les provinces du nord, & jusqu’en septembre dans celles du midi. La graine de plusieurs espèces ne lève qu’après l’hiver.

III. De la manière de semer. M. Duchesne en indique plusieurs.

1°. Unir la graine avec de la terre sèche, & la répandre sur des gâteaux de mousse, pris dans les bois & plaqués sur la terre d’un pot, afin d’imiter l’opération de la nature.

2°. Jeter la graine sur une terre fine, sans la recouvrir, & quand elle s’est pelotée naturellement, y répandre un peu de mousse hachée pour empêcher le hâle.

3°. Répandre la graine sur la terre préparée, & la recouvrir d’une à deux lignes avec la même terre. Si les arrosemens sont forts, ils font périr la plantule. Pour prévenir cet inconvénient, on peut recouvrir tout le pot avec de la mousse bien divisée, & placée légèrement, en la choisissant d’une grande espèce, telle que la mousse, hypnum triquetrum, Linn. & mettre en même-temps le pot dans une terrine à demi pleine d’eau. On ne laisse la mousse que jusqu’à ce que les deux ou trois premières feuilles soient développées, & quelque temps après on retire le pot de la terrine. M. Duchesne regarde cette méthode comme la meilleure.

4°. On jette les graines sur une éponge dont le bas trempe dans l’eau, & on entretient cette eau continuellement chaude, au moyen d’une de ces lampes de nuit qu’on nomme veilleuses. Il faut seulement avoir soin de remplir le vase avec de l’eau fraîche, à mesure que la chaleur la fait diminuer, & de retirer la lampe de temps en temps, afin d’empêcher l’eau de s’échauffer jusqu’à bouillir. Des graines ainsi semées, ont levé en quatre jours, au lieu que celles qui étoient sur une éponge froide ont attendu quinze jours.


Section II.

Des Œilletons.


Du collet de la racine sortent plusieurs yeux, & ces yeux, à leur tour, poussent des racines, de manière que le même pied, divisé en autant d’œilletons qu’il peut en fournir, donne autant de nouvelles plantes. Dans cette opération, ne mutilez aucunement les racines en séparant les pieds, & sur-tout ne les abimez pas sous le vain prétexte de rafraîchir les bouts. On doit rafraîchir ceux qui ont été cassés, brisés, & rien de plus. (Voyez au mot Racine, son utilité).


Section III.

Des Coulons ou Filets.


Les feuilles des fraisiers ressemblent à des gaines par leur base, & ces gaines enveloppent le sommet du tronc, ou mère-racine. La fonction assignée par la nature aux feuilles, est de nourrir & défendre le jeune bouton ou bourgeon, (voyez