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de la plante, de la formation du bourrelet, de la fécondation ; celle que nous donnerons de la germination, de la formation des hybrides, des monstres, enfin de la végétation, sont fondées sur ce système : il ne sera donc pas inutile d’entrer ici dans quelque détail.

Nous avons ici trois choses principales à considérer : i°. le germe en lui même ; 2°. l’emboîtement des différens germes les uns dans les autres ; 3°. leur évolution successive. Ces trois considérations nous mèneront à examiner la situation & l’état du germe avant sa fécondation, pendant & après la fécondation.

§. I. Du Germe proprement dit. Nous regardons le germe comme un être propre qui contient exactement toutes les parties essentielles à la plante ou à l’animal. (Ne faisons attention ici qu’à la plante, afin que la multiplicité des objets n’entraîne pas de l’obscurité.) Dans cet état, le germe ne diffère de l’embryon développé, ou de la graine, ou même de la plante, que parce qu’il n’est composé que des seules parties élémentaires, tellement resserrées les unes contre les autres, qu’elles n’occupent que le moindre espace possible, & que les autres sont bien composées des mêmes parties élémentaires, mais écartées & unies à plus ou moins d’autres particules que l’acte de la nutrition a déposées entre elles. L’exemple des mailles d’un filet dont nous nous sommes servi au mot accroissement, pour nous faire entendre, va rendre ceci très-clair : que l’on prenne un morceau de filet & qu’on le tire par les deux bouts, de façon que toutes les mailles soient exactement resserrées & appliquées les unes contre les autres, elles occuperont un petit espace ; voilà le germe. Développez le morceau de filet de manière que toutes les mailles soient écartées & ouvertes, remplissez même chacune de quelque substance, le morceau de filet occupera un espace beaucoup plus considérable ; voilà la graine, voilà la plante. Le germe ne croît donc que par développement produit par l’addition des parties nouvelles ; il est en petit tout ce qu’il doit être un jour, il contient tout, moins le principe vital qui consiste dans le mouvement, & qu’il doit recevoir par le stimulus de la fécondation, soit qu’elle soit produite par la poussière séminale, soit que s’opérant dans le mystère, elle agisse par un principe qui nous est encore inconnu, comme dans les plantes que M. l’abbé Spallanzani a vu produire des graines absolument sans influence des parties mâles, (Voyez le mot Fécondation). D’après ces idées si simples, on est en droit de conclure que la génération n’est qu’un développement de ce qui existoit en miniature, en infiniment petit.

Il se présente une question très naturelle, mais qui paroît en même temps très-embarrassante, c’est de savoir où réside le germe. Le germe existe-t-il dans la plante avant la fécondation, & la poussière des étamines est-elle un des principes de son développement ? ou bien la poussière fécondante, ainsi que la liqueur séminale chez les animaux, contient-elle le germe & ne fait-elle que le déposer dans la partie femelle de la plante ? Le système le plus commun attribuoit autrefois