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engrais, les arrosemens, agissent principalement sur les racines, & ont un rapport immédiat avec cette partie des végétaux.

L’auteur anglois distingue deux sortes de racines dans toutes les plantes en général, relativement à la direction qu’elles prennent dans la terre. Il nomme les unes pivotantes, & les autres rampantes. (Voyez le mot Racine)

Une racine qui s’étend, multiplie, suivant M. Tull, les bouches qui fournissent à la nourriture de la plante. Pour avoir la facilité de s’étendre, il faut qu’elle se trouve dans une terre dont les molécules aient entr’elles peu d’adhérence. L’extension des racines est donc, selon notre auteur, absolument nécessaire à la végétation & à l’accroissement de la plante : si elle n’avoit pas lieu, la terre qui les entoure étant bientôt épuisée, seroit incapable de leur fournir les sucs qu’elles pompent continuellement.

L’auteur anglois n’a pas assez connu l’office des racines. (Voyez ce mot) Sur cette marche des racines, M. Tull établit la nécessité des labours, afin de prévenir, par une culture fréquente, la cohérence des molécules de la terre, qui seroit un obstacle à leur extension. Les labours ont encore un autre avantage relatif aux progrès de la végétation : les instrumens de culture rompent souvent les racines primitives ; elles ne s’alongent plus, il est vrai, mais elles en produisent quantité d’autres qui s’étendent dans la terre nouvellement remuée, comme autant de nouvelles bouches ou suçoirs, qui portent dans le corps de la plante une abondance de sève dont elle étoit privée auparavant, parce qu’il n’y avoit pas assez de canaux pour lui donner issue.

Les feuilles sont sans doute très-utiles aux plantes : M. Tull, convaincu de cette vérité, n’hésite point à ses considérer comme des organes, sans lesquels la plupart ne pourroient subsister. En conséquence de ce principe, il condamne l’usage des cultivateurs qui font paître par les moutons, les blés, sous prétexte qu’ils sont trop forts en herbe : mais, comme la culture n’a pas un rapport immédiat avec cette partie des végétaux, il laisse aux physiciens à discuter si les feuilles ne sont que les organes par lesquels la plante se décharge de la Surabondance de la sève ; ou si elles ne contribuent pas aussi à la végétation en recevant, à l’orifice des canaux qui sont à leur surface, l’humidité de l’atmosphère (Voyez l’idée qu’on doit en avoir, au mot Feuille)

II. De la nourriture des plantes. M. Tull considère la terre, réduite en parcelles très-fines, comme la principale partie de la nourriture des plantes, puisqu’elles se réduisent en terre par la putréfaction. Les autres principes, c’est-à-dire, les sels, l’air, le feu, l’eau, ne servent, selon lui, qu’à donner à la terre une préparation qui la rend propre à servir d’aliment aux plantes. (Voyez le mot Amendement) Les sels, par exemple, en atténuant les molécules de la terre, afin qu’ils soient ensuite aisément pompés par les canaux des racines des plantes ; l’eau, en étendant, divisant, combinant ses parties par voie de fermentation ; l’air & le feu, en donnant le degré d’activité convenable, qui combine les parties pour les faire entrer en fermentation.