Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/524

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ce mot) & on le dira encore mieux en parlant du pêcher & de sa taille, (voyez ces mots) qu’il faut supprimer le canal direct de la sève, afin que les branches ne s’emportent pas par la formation des gourmands. Comment donc faire dans la taille du buisson, puisque nécessairement il y a des tiges perpendiculaires au tronc, & par conséquent un canal direct de la sève ? C’est ce qu’il faut examiner.

Pour former un buisson, il faut que l’arbre, dans la partie qui reste au-dessus de la greffe, pousse plusieurs bourgeons ; s’il n’en a poussé qu’un seul on doit le rabaisser, lors de la taille, à deux yeux au-dessus de l’endroit d’où il part, afin que ces deux boutons donnent l’année suivante deux bons bourgeons, (voyez ces mots) qui, dans la suite, fourniront les mères-branches ; que si ce seul jet s’élance d’un point trop élevé sur le tronc, il vaut mieux l’année suivante le couper entièrement, couvrir la plaie avec l’onguent de Saint-Fiacre ; (voyez ce mot) & pourvu qu’il reste quinze à dix-huit lignes de hauteur au-dessus de la greffe, l’arbre poussera de bons bourgeons ; que si le jet unique tient de trop près à la greffe, & qu’on ne puisse le retrancher sans endommager la greffe, c’est le cas de greffer l’arbre en couronne sur la place, (voyez ce mot) ou de lui en substituer un autre. On perd une année en employant ce dernier procédé. On peut cependant, un peu avant la sève du mois d’Août, ravaler cette branche, afin de la forcer à pousser des bourgeons près de sa base, mais ils seront maigres, & on peut malgré cela, si on sait les conduire, en tirer un parti avantageux pour l’année suivante, en en conservant quelques-uns, les rabaissant à un œil ou deux ; enfin, en supprimant tous les autres. On peut encore pincer cette branche unique, ce qui revient au même que de la ravaler.

Le grand point, dans la formation du buisson, est d’obtenir, s’il est possible, quatre branches-mères qui formeront la base de tout l’édifice. Avec trois & même deux on y parviendra ; mais non pas aussi aisément.

À la fin de la première année ou au commencement de la seconde, on fera prendre à ces branches une direction régulière, en observant autant que faire se pourra, de conserver entr’elles le même espace & la même symétrie. On parviendra à les fixer ainsi, à l’aide d’un cerceau placé dans l’intérieur de ces branches, & sur lequel on les fixera, non avec des cordes, ni avec du fil-de-fer, parce qu’ils s’enfonceroient nécessairement dans la substance même de la branche, lorsqu’elle grossira dans le courant de l’année. Alors il se forme un bourrelet, (Voyez ce mot) dans la partie supérieure liée par le cerceau, & la séve est gênée dans son cours. Cette partie supérieure prend souvent un accroissement monstrueux, & l’inférieure maigrit & reste presque dans le même état. La séve monte toujours pendant le jour ; mais elle se trouve arrêtée lorsqu’elle redescend pendant la nuit des feuilles aux racines. Ce vice de configuration est on ne peut pas plus préjudiciable