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D’après cette distintlion exacte, nous renvoyons au mot Bouton tous les détails qui le concernent ; nous nous contenterons d’exposer, d’après Grew, comment les bourgeons se forment & croissent. (Voyez Accroissement) Grew attribue l’accroissement de la tige aux parties du suc les plus grossières, poussées du centre à la circonférence par un mouvement latéral, en même-tems qu’elles s’élèvent jusqu’en haut par un mouvement perpendiculaire. Les parties les plus légères & les plus volatiles servent à produire les bourgeons. La force du mouvement qui les porte du centre à la circonférence, se communique aussi aux fibres du corps ligneux qui sont mêlées avec la moelle : ces fibres sont ainsi emportées avec elle ; & comme le corps ligneux n’est pas également serré par-tout, elles passent à travers les endroits les moins serrés ; non-seulement elles forment alors dans la circonférence du corps ligneux ces cercles nouveaux qui le font grossir, mais s’avançant quelquefois encore au-de-là, elles poussent le parenchyme de l’écorce, lui font prendre le même mouvement & obligent la peau de le suivre aussi ; & c’est de cette manière que les bourgeons se forment. C’est par un mécanisme semblable qu’ils croissent & acquièrent de la grandeur.

Cette explication peut bien suffire pour la formation & l’accroissement de la partie ligneuse du bourgeon ; mais pour celles des feuilles & des fleurs qu’il renferme, c’est un secret de la nature que l’on a tenté plusieurs fois de découvrir ; mais les solutions que l’on a données sont peut-être bien éloignées de la vérité. Nous renvoyons au mot Germe le détail de nos connoissances sur cet objet. M. M.

Il faut distinguer un second ordre de bourgeons, & appeler faux-bourgeon celui qui ne sort pas directement du bouton, mais qui perce de l’écorce ; il est toujours maigre, poreux, & n’est point assez élaboré pour donner un bon bourgeon. On doit les supprimer à la taille, à moins que la nécessité n’oblige de les conserver pour garnir des vides.

Pour mieux s’entendre & avoir des idées claires, le mot bourgeon est ordinairement accompagné d’une épithète qui désigne la manière dont il est placé sur la branche. Ainsi, on l’appelle bourgeon vertical, ou bourgeon direct, lorsqu’il est perpendiculaire à la branche ; & cette espèce de bourgeon fait ce qu’on nomme gourmand, bois gourmand, qui emporte l’arbre, absorbe une si grande quantité de séve qu’il appauvrit & extenue les autres branches. Il est absolument nécessaire de ne pas les conserver, les cas d’exception sont infiniment rares. Les bourgeons latéraux sont ceux qui croissent de droite & de gauche, & qui demandent à être conservés. Il y a encore les bourgeons antérieurs & postérieurs aux branches. Les uns & les autres doivent être abattus.

Dès que le bourgeon commence à prendre une certaine consistance, il demande à être palissé. Le grand point est de lui conserver sa direction naturelle, de ne la point forcer, de ne la point couder, ou courber, & de disposer ses bourgeons sur les places vides, en conservant entr’eux un espace proportionné. Au mot Palissage, on