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mois ou six semaines. L’âge de sevrer les chevreaux est à un mois & demi, ou à deux mois pour ceux de la plus petite espèce ; & à un mois ou cinq semaines pour ceux de la grosse ; mais on ne doit leur ôter le lait qu’à mesure qu’ils commencent à se faire une autre nourriture, telle que des jeunes bourgeons, de la bonne herbe & du foin choisi ; & ce n’est que lorsqu’ils y sont habitués, qu’on peut les priver tout-à-fait du lait.

II. Parvenus à l’âge de six à sept mois, les chevreaux entrent quelquefois en rut ; c’est pourquoi l’on doit les châtrer à cet âge, s’ils ne sont pas destinés à féconder un troupeau. Quant à la manière de faire la castration, voyez ce mot.

§. IV. Des alimens de la Chèvre.

En été, on fait sortir de grand matin les chèvres pour les mener aux champs, en observant de les ramener à l’étable pendant les heures de la plus forte chaleur. L’herbe chargée de rosée, qui ne vaut rien pour les moutons, fait un grand bien aux chèvres. Les pays marécageux ne leur sont point convenables ; elles se plaisent au contraire, sur les montagnes, & à grimper ; elles trouvent autant de nourriture qu’il leur en faut, dans les bruyères, dans les friches & dans les terres stériles. Les ronces, les épines & les buissons, sont de très-bons alimens pour elles. On doit sur-tout les éloigner des endroits cultivés, les empêcher d’entrer dans les blés, dans les vignes & dans les bois, parce qu’il est prouvé que les taillis, les arbres dont elles broutent avec avidité les jeunes pousses, périssent presque tous par les dents de ces animaux. En hiver, au contraire, les branches de vigne, d’orme, de frêne, les raves, les navets, & en général tous les alimens que l’on donne aux brebis, conviennent aux chèvres. On les fait sortir depuis neuf heures du matin jusqu’à cinq heures du soir. Dans la plupart des climats bien chauds, où l’on nourrit beaucoup de chèvres, on ne leur donne point d’étable ; mais l’expérience prouve qu’en France elles périroient, si elles n’étoient pas à l’abri pendant l’hiver. Dans certaines provinces du royaume, il est défendu & avec raison, de mener les chèvres paître ailleurs que sur son propre territoire, & même il est permis au propriétaire qui les trouve dans son fonds, de les tuer.

C’est très-mal entendre ses intérêts, que de laisser courir les chèvres. L’expérience a démontré que celles nourries dans l’écurie, & qui n’en sortent jamais, donnent plus de lait que celles qui courent. D’ailleurs, il y a une perte réelle du fumier. (Voyez le mot Bétail)

II. Du nombre des plantes qu’elles mangent, & de celles qui leur sont nuisibles. Parmi les bestiaux, les chèvres sont l’espèce qui mange le plus de diverses plantes ; ensuite les brebis ; après lesquelles viennent les bêtes à cornes ; enfin, les veaux & les poulains sont ceux qui mangent le moins d’espèces. Nous évaluons le nombre de celles que les chèvres consomment, à environ cinq cens ; celui de la brebis, à quatre cens ;