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en recherchant exactement les causes, qu’il ne pouvoit végéter d’une manière différente. Si on connoît quelques indications plus certaines, plus conformes à la nature, j’invite & je supplie de me les communiquer.


CHAPITRE IV.

De l’Arbre en général, considéré relativement au jardinage.


C’est ici que la main de l’homme triomphe, qu’il force la nature à se prêter à ses volontés, à ses caprices, qu’il règne en despote sur des sujets réduits à l’esclavage, & qui n’oseront pas pousser, pour ainsi dire, une branche ou une feuille sans la permission des jardiniers. L’arbre de nos forêts est semblable à l’homme de la nature ; celui des jardins peut être comparé à l’homme de la société ; l’un & l’autre sont sujets, en quelque sorte, aux défauts qui accompagnent toute mauvaise éducation.

Il a fallu adopter des mots pour communiquer ses idées : aussi le jardinage a-t-il sa nomenclature particulière. Il distingue deux sortes d’arbres ; ceux à plein vent, ou à haute tige, & ceux à basse tige ou nains. Ils sont du troisième ordre. Les uns poussent & végètent à leur fantaisie dans les vergers, & on leur enlève tout au plus quelques branches chiffonnes ; mais en les plantant, on a eu soin d’arrêter leurs tiges à une hauteur quelconque ; par exemple, à la hauteur de cinq, de sept, & de huit pieds : aux autres, on n’a point coupé la tige, & ils sont relégués dans des coins, attendu que leur élévation seroit disproportionnée dans une allée avec celle des arbres voisins. L’espalier à haute tige diffère du premier par la disposition de ses branches, aplaties & maintenues contre des murs ; au lieu que celles du premier s’étendent tout autour de sa tige.

Les arbres de demi-vent ou demi-tige, sont ceux dont la tige est bornée à la hauteur de trois ou quatre pieds.

S’il faut garnir une terrasse dont le mur soit fort exhaussé, on plante en espalier des arbres à hautes tiges, des demi-tiges, & des arbres nains. Cette bigarrure de plantation est défectueuse ; des nains & des hautes tiges suffisent, & même des nains suffiront si on sait les conduire. Si la hauteur de la terrasse excède la force des arbres, il vaut mieux les couronner par un cordon de vigne dont on dispose les sarmens au haut du cep, sur une ligne horizontale, & le cep s’élève à la hauteur qu’on desire, en détruisant les bourgeons qui naissent dans le bas. On voyoit, en 1720, contre la maison du sieur Billot, menuisier à Besançon, un cep de vigne qui couvroit non-seulement toute la façade de la maison, mais encore un pavillon pratiqué sur le toit. (Consultez les mots Buisson, Cep, Espalier, Éventail.)

L’arbre à basse tige ou nain, est celui dont la greffe est prise du pied, & dont la tige est rabaissée à six, douze, quinze ou vingt pouces, lorsqu’on le plante. La disposition des branches du nain lui assigne encore deux dénominations. S’il est placé contre un mur, c’est un espalier ; si on lui laisse pousser des branches latérales lorsqu’il n’est pas