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gogne, surtout près de St. Seine ; à Lugny dans le Mâconois, où il croît au milieu des buis élevés en forêt. On le trouve encore assez communément en Franche-Comté, dans tout le Mont-Jura, & même dans les Alpes des environs, où il est mêlé presque à partie égale avec le chêne, ce qui produit un agréable coup d’œil par les deux verdures des feuilles qui forment un contraste singulier, ainsi que dans les Alpes du Dauphiné. Celui que les bourguignons appellent alouche, est l’alizier commun, & celui qu’ils nomment aubrier est un autre alizier. L’alizier de Fontainebleau est encore une autre espèce, ou une autre variété. À la Ferrière, en Suisse, on voit l’alizier multiplié dans les différens terrains ; & ses individus présentent tant de variétés, qu’il est impossible de les décrire toutes ; cependant, aucune de ces variétés ne ressemble à celle de l’alizier de Fontainebleau, ni à celle nommée aubrier, en Bourgogne. Est-ce le mêlange des poussières fécondantes, qui a produit toutes ces variétés ? Cette question sera examinée plus attentivement au mot Espèce, & au mot Hibride. Il est étonnant que le chevalier Von Linné n’ait pas parlé de l’alizier de Fontainebleau, puisqu’il a herborisé dans cette forêt, & qu’il le confonde avec l’aria, en citant la phrase de Gaspard Bauhin : Cratœgus alni effigie folio laniato major. Cette comparaison dans le port & dans la feuille de l’arbre de l’alizier commun avec l’aune, est peu exacte, tandis que l’alizier de Fontainebleau a, comme l’aune, la feuille ronde, ainsi que la tête, & qu’il porte un ombrage assez large ; au lieu que le vrai aria s’élève presque comme un cyprès. Passons aux observations de M. de Tschoudi sur les espèces énoncées plus haut.

Les aliziers n°. 1 & 2 peuvent être greffés sur l’épine & sur le poirier. Le fruit du premier est d’un rouge éclatant ; celui du second, d’un brun obscur quand il mollit : alors il est bon à manger, & on le vend par bouquets sur les marchés d’Allemagne. Le bois du premier est fort dur ; on en fait des alluchons, des fuseaux dans les rouages des moulins ; il est recherché par les tourneurs & par les menuisiers pour la monture de leurs outils. Dans la forêt de Lugny en Mâconois, on en fait des peignes aussi bons, & qui se vendent autant que les peignes de buis ; ses jeunes branches servent à faire des flûtes & des fifres.

Lorsque le vent agite les rameaux de l’alizier n°. 1, il découvre le dessous des feuilles, & l’arbre paroît tout blanc. Cet effet forme dans les plantations d’agrément, une variété très-pittoresque.

Il vient fort bien de graines préparées & semées selon la méthode détaillée au mot Alaterne. On les sème en Novembre & en Décembre, & elles lèvent à la fin d’Avril. Si les petits aliziers sont bien gouvernés, au bout de sept ans ils formeront des arbres propres à être plantés à demeure.

Le n°. 2 se multiplie de même ; mais sa graine ne lève pas aussi aisément, ni aussi abondamment, & les jeunes arbres sont bien plus long-tems avant de figurer. Il vaut mieux prendre les jeunes plantes dans les bois, hautes de trois ou quatre