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NOTICE

thème de la compétence dans les arts qui consiste à savoir reconnaître en chacun d’eux « le meilleur » selon toutes les conditions de personnes, de temps, de lieu[1]. Pour tous les arts, on peut s’adresser à des maîtres, apprendre d’eux ce βέλτιον qui se résume dans la pleine et entière conformité à toutes les règles de l’art[2]. Enfin le second Alcibiade insiste sur une doctrine socratique que le premier Alcibiade n’avait certes pas négligée : la pire des ignorances est celle qui s’ignore elle-même. On croit savoir et on néglige de chercher. Cette ignorance est la cause de toute action mauvaise ou répréhensible[3]. Le dialogue de la prière aime à amplifier cette thèse et expose longuement qu’il vaut mieux ne rien savoir que de s’illusionner sur ses propres connaissances.

Nous pouvons donc conclure à la dépendance d’Alcibiade II vis-à-vis d’Alcibiade I.

III

L’AUTEUR ET SON ÉPOQUE

Bien que le second Alcibiade soit mentionné dans la quatrième tétralogie de Thrasylle et que Diogène Laërce le range parmi les cinquante-six écrits reconnus authentiques (III, 57), il n’est pas possible cependant de l’attribuer à Platon. La langue seule, comme nous l’avons remarqué plus haut, dénote une origine plus tardive. L’antiquité, du reste, ne devait pas être tellement fixée sur l’auteur, puisque Athénée, rapportant le témoignage de Nikias de Nikaie, prétend que plusieurs regardaient ce dialogue comme une œuvre de Xénophon[4].

S’il n’y a pas moyen de restituer l’ouvrage à son véritable auteur, pourrions-nous déterminer du moins à quel milieu et à quelle époque il se rattache ?

  1. Comparer Alcibiade I, 107 d, 108 e et Alcibiade II, 145 b-e.
  2. Comparer Alcibiade I, 108 b et Alcibiade II, 145 d.
  3. Alcibiade I, 118 a.
  4. Athénée XI, 506 c : ὁ γὰρ δεύτερος ὑπό τινων Ξενοφῶντος εἶναι λέγεται.